“Freiner les loyers, stopper les expulsions”, “Assez de logements touristiques”, clamaient les pancartes et les banderoles brandies par les manifestants rassemblés dans le centre de la capitale du Portugal. Une manifestation similaire s’est tenue à Porto, la grande ville du nord du pays, mais elle ne rassemblait que quelques dizaines de personnes, selon l’agence Lusa.
“Les gens prennent de plus en plus conscience de la gravité du problème, mais il faut des mesures politiques pour changer la donne”, a déclaré Ana Gago, géographe et militante du collectif “Stop despejos” (“Stop expulsions”), à Lisbonne. “La spéculation immobilière chasse les gens du centre ville.” Le logement ne devrait pas être un business, car c’est un bien essentiel”, regrette Joana Dias, une manifestante de 39 ans. Les protestataires réclament notamment une limitation des logements qui quittent le marché de location de la longue durée pour répondre à un marché touristique plus rentable.
D’après des chiffres cités par les organisateurs de la manifestation, Lisbonne compterait quelque 15 000 logements placés sur les plates-formes de location de courte durée comme AirBnB, dont 77 % servent uniquement à cette fin. Selon des statistiques compilées par le quotidien Jornal de Negocios, environ un tiers des logements des quartiers historiques du centre ville sont consacrés à l’activité touristique.
Les militants pour le droit au logement sont également très critiques des mesures mises en place par le précédent gouvernement de droite pendant la grave crise financière qui a frappé le pays en 2011, afin d’attirer des investisseurs étrangers vers le secteur immobilier portugais.
L’actuel exécutif socialiste a toutefois indiqué récemment qu’il n’avait pas l’intention de supprimer ces dispositifs, qu’il s’agisse des exemptions fiscales pour retraités étrangers ou de l’attribution des “visas dorés”, ces permis de séjour accordés à des investisseurs non-européens qui gagnent ainsi accès à l’espace Schengen. Le prix de l’immobilier au Portugal avait chuté de 1,4 % en moyenne sur la période 2009-2014, mais a ensuite rebondi de 5,6 % en 2015-2016 puis de 9,2 % en 2017, selon des chiffres publiés en septembre dans une note d’analyse de la banque espagnole CaixaBank.
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