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L’action principale se déroule 25 ans après la guerre, alors qu’une plaque est dévoilée en l’honneur du soldat « Milhões », son village natale du nord du Portugal ayant été renommé « Valongo de Milhais » en son honneur. Notre héros, très humble et peu convaincu des réelles motivations d’une telle cérémonie arrive en retard et sans aucune de ses médailles. Le film prend ainsi le parti de nous présenter le soldat Anibal Milhais comme il l’était, c’est à dire un homme simple qui ne fit que ce qu’il fit pendant la guerre que dans le but de survivre, sans rechercher dès lors la moindre récompense pour ses actes. Comme le montrent les nombreux flashback qui entrecoupent le film, ce n’est que guidé par son instinct et sa volonté de survivre pour revenir en vie à sa bien aimé que le soldat « Milhões » a combattu comme un héros.
Si l’action principale se focalise sur le Soldat et une chasse au loup qu’il entreprend avec sa jeune fille, les flashback replongent le spectateur dans la violence de la guerre. Les effets spéciaux permettent de se faire une idée du quotidien des soldats du CEP dans les tranchées : bombardements constants, manque de ravitaillement, mutinerie, suicides, morts… Les soldats portugais ont réellement vécu un véritable enfer. Cette violence fut telle que les membres du CEP donnent une autre traduction à ce sigle. Pour ces derniers CEP voulait en fait dire « carne de exportação portuguesa » soit « viande d’exportation portugaise » en français. Le film en faisant un parallèle entre la chasse du soldat dans le présent et son quotidien dans la guerre met l’accent sur l’omniprésence de certains éléments dans la vie du soldat dont notamment la religion qui lui a permis de traverser cette épreuve, mais aussi sa famille. En effet ce dernier garde précisément pendant la guerre un mouchoir brodé par sa petite amie, mouchoir qui lui redonnera plus d’une fois l’espoir et le courage de lutter aux côtés de ses compagnons.
Miguel Borges interprète le soldat Milhões en proie à ses vieux démons, bien des années après la fin de la première guerre, tandis que c’est au jeune acteur João Arrais à qui il est revenu la lourde tache d’interpréter le soldat Milhões dans sa jeunesse, dans les années 1917-1918. Les deux acteurs ne pouvaient pas être mieux choisis, et interprètent chacun à leur manière le soldat à deux moments bien différents de sa vie. Leur performance est aussi bien émouvante qu’époustouflante. Gonçalo Galvão Teles et Jorge Paixão da Costa mettent en scène de manière juste et touchante la tragédie qui frappe les membres du CEP.
Bien que le soldat « Milhões » soit le personnage autour duquel est centré l’intrigue, nous découvrons aussi grâce à ce film le point de vue de différents personnages et leur façon d’appréhender cette guerre. Si certains cherchent un peu refuge dans l’humour et gardent la joie de vivre, on se rend toutefois compte que beaucoup sont affaiblis aussi bien physiquement que moralement par la guerre. Ainsi, beaucoup cherchent à se rendre aux troupes ennemies ou à mettre fin à leurs jours, afin d’être enfin soulagés et d’échapper une bonne fois pour toutes à leur vie dans les tranchées.
Que l’on connaisse ou non ce soldat, ce film est absolument à voir, ne serait ce que pour en apprendre un peu plus sur la participation portugaise à la première guerre mondiale. Mais ce film va bien au delà du simple récit narratif et présente l’homme qui se cache derrière le nom « Milhões », l’homme simple et modeste, le Milhais et non le Milhões.
Pour en savoir plus sur la bataille de la Lys : capmagellan.com/centenaire-de-la-bataille-de-la-lys
Pour en savoir plus sur le soldat « Milhões » :
Lurdes Abreu
Publié le 02/05/2018
Un film de Gonçalo Galvão Teles & Jorge Paixão da Costa, Ukbar Filmes.
Avec Miguel Borges, João Arrais, Carminho Coelho, Lúcia Moniz, Graciano Dias, Isac Graça.
Synopsis : Aníbal Augusto Milhais est un des nombreux soldats portugais envoyés dans les Flandres lors de la Première Guerre Mondiale. Au cours de la Bataille de la Lys, le 9 avril 1918, ce soldat membre du CEP décide de rester en retrait pour permettre à ses compagnons de se retirer des tranchées et de réorganiser la résistance face aux troupes allemandes. Le soldat Milhais combat alors seul, armé de sa fidèle mitraillette « Luísa », mais aussi d’un bien très précieux à ses yeux qui l’aide à surmonter les horreurs de la guerre : un mouchoir brodé, offert par sa bien-aimé.
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