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4 décembre 2025Le gouvernement minoritaire de centre-droit, dirigé par Luís Montenegro, a lancé un vaste chantier de réforme du marché du travail, qui suscite une opposition inédite des syndicats et de la rue.
À l’origine du bras-de-fer : un projet de modification d’environ cent articles du code du travail, jugé particulièrement ambitieux et contesté par les défenseurs des droits des salariés.
Le texte prévoit plusieurs changements majeurs : facilitation des licenciements, recours accru aux contrats à durée déterminée, élargissement du « service minimum » en cas de grève, assouplissement des horaires et des mécanismes de sous-traitance. Face à ces mesures, les deux grandes confédérations syndicales portugaises, la CGTP‑IN et la UGT, ont fait cause commune : elles ont appelé à une grève générale et défilé ensemble lors d’une manifestation samedi 8 novembre à Lisbonne.
Lors de cette marche, des milliers de manifestants ont répondu à l’appel. Le motif de leur rassemblement : refuser « le démantèlement des mécanismes de défense des travailleurs », comme le soulignait le journaliste portugais Daniel Oliveira, ancien dirigeant du parti Bloco de Esquerda, dans le journal Expresso. « Il ne s’agit pas seulement d’une modification de la loi du travail, mais de la dernière avant que disparaissent tous les instruments permettant de mettre un frein aux ambitions de libéralisation. »
Le pouvoir, lui, campe sur ses positions. Selon le Premier ministre, les revenus du Portugal ont progressé davantage que dans certains pays de l’OCDE, ce qui, pour lui, rend incompréhensible la mobilisation. Pourtant, cette hausse ne suffirait pas à compenser la spirale inflationniste et l’endettement privé, pointe une observatrice politique de l’Expresso.
Le contexte est d’autant plus tendu que le chef du gouvernement dispose d’une majorité relative : le texte devrait être voté grâce aux soutiens de l’Aliança Democrática (centre-droite) et du parti d’extrême droite Chega. Une dynamique qui amplifie la défiance des syndicats, qui y voient une menace pour le dialogue social.
Pour les confédérations, l’appel à la grève générale lancé pour le 11 décembre marque le caractère exceptionnel de la situation. Selon le Jornal de Notícias, « il est inhabituel que les deux centrales syndicales accordent leurs violons de la sorte et mènent une lutte commune. Cela témoigne du caractère exceptionnel et de la gravité de la situation. »
Derrière les chiffres, les enjeux sont multiples. Pour le gouvernement, il s’agit de relancer la productivité, d’attirer des investissements et de rendre l’économie portugaise plus compétitive. Pour les syndicats et leurs soutiens, c’est un retour en arrière sur les droits acquis après les années d’austérité.
Le pays se trouve ainsi à la croisée des chemins. Si la grève du 11 décembre aboutit à un large blocage, le gouvernement pourrait être contraint de revoir son texte ou d’entamer des discussions approfondies. La question de savoir si l’assemblée portugaise saura faire passer un texte aussi sensible sans concessions reste entière. Une adoption du texte pourrait ouvrir une nouvelle ère pour le monde du travail au Portugal.
Marie Sobral
Sources : Courrier International, Expresso, The Portugal News




