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”Je suis née à Chaves au Portugal mais mon père est originaire de Lamego et ma mère d’un petit village à côté de Bragança. J’ai passé ma petite enfance au Portugal, chez mes grand-parents maternels. Je suis arrivée en France, plus précisément à Lourdes, à l’âge de 5 ans.
À l’époque, je ne parlais pas un mot de français, seulement portugais.
Mon premier jour à l’école a été un peu complexe. J’étais une petite « bête de foire ». Mais rien de bien méchant : à cet âge là c’est le début de l’apprentissage de la langue un peu pour tout le monde, on s’intègre aussi plus vite.
Trois mois plus tard, je parlais couramment français et treize ans après j’obtenais mon bac en filière littéraire. Je me suis orientée en suivant vers une Licence en Lettres Modernes à l’Institut Catholique de Toulouse pendant laquelle j’ai eu la chance de partir un semestre en Erasmus à Lisbonne. Une expérience inoubliable qui a renforcé mon lien avec le Portugal, mais aussi avec mon pays de cœur, la France qui, je l’avoue, m’a manqué.
Mes parents ont toujours eu à cœur de nourrir chez moi la culture lusophone et je les en remercie. Grâce à ça, j’ai l’énorme chance d’être bilingue et d’avoir des « références doubles » qui ont construit la jeune femme que je suis : je chéris de la même façon Camoes et Ronsard, Baudelaire et Pessoa, Edith Piaf et Amalia Rodrigues… 🎼📚
Je suis maintenant dans le milieu du livre, en master édition à Bordeaux et en apprentissage aux Éditions Passiflore, à Dax. Une opportunité incroyable, puisqu’un des livres de la maison étant dans le quintet final du Goncourt des animaux de cette année (Beaux habitant de l’univers de Chantal Detcherry), je me sens au plus proche de cette si belle langue dont je suis tombée amoureuse. Le portugais restera pour toujours mon premier amour, un coup de foudre, mais la langue de Molière, elle, j’ai appris à l’aimer, je m’en suis éprise au fil des années.”
Elle nous a ensuite fait part de son projet et de son lien avec le Portugal:
“C’est dans une volonté de partager ma double culture luso-française que j’ai décidé de créer, le compte instagram La Quinzièmarde. Le but c’est non seulement de faire découvrir des curiosités lusophones, autour de moi, mais surtout de montrer à quel point les liens culturels (littéraires, cinématographiques, picturaux…) entre le Portugal et la France sont forts. Il y a, bien évidemment, une dimension subjective là-dedans, puisque je mentionne des artistes qui me touchent dans mon vécu, mes expériences. Il n’est pas question d’être uniquement dans l’actualité, dans ce qui se fait dans le présent. Ce compte c’est aussi un moyen de faire revivre des œuvres oubliées, passées inaperçues. Et puis, il y a le concept du lundi poésie que j’essaie de mettre en place. Un illustrateur, dessinateur, peintre amateur ou professionnel qui, chaque lundi, viendrait donner son interprétation visuelle d’un poème donné.
À part ça, le Portugal occupe une très grande place dans ma vie. Les gens qui me côtoient le savent (un peu trop parfois ahah). Je suis une éternelle nostalgique avec une constante saudade du pays. Peut-être aussi parce que une partie de ma famille y vit, notamment mes grand-parents, qui comptent énormément pour moi. Le même déchirement, très propre à tous les Portugais, à chaque fin de vacances, au moment de les quitter.
Mes grand-parents avaient un café/bistrot dans notre village à côté de Bragança, à Edrosa. Tout le monde me connaissait, partout dans le village je me sentais en famille. L’été de mes six ans, je me suis enfuie en moto (une mini motocross pour enfant) avec un voisin parisien. Bien évidemment, je n’avais prévenu personne et je flânais de maison en maison avec mon petit prince charmant. Mes grand-parents étaient fous d’inquiétude et ont appelé tous les alentours pour me retrouver. Une fois rentrée, j’ai été avertie et punie… Cela dit, c’est un super souvenir, que je prends plaisir à me remémorer, avec une forme de nostalgie, de saudade.”
Découvre chaque semaine un portrait d’un lusodescendant ! Si tu souhaites que ton portrait soit réaliser, n’hésite surtout pas à nous envoyer une photo de toi avec une petite bio qu’on puisse les reposter sur notre insta