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12 septembre 2025Ces derniers jours, une vague d’indignation a traversé les réseaux sociaux : « Incendies : les émigrés exclus des aides à la reconstruction de leurs maisons », peut-on lire dans de nombreuses publications. Un message en particulier, largement partagé sur Facebook, dénonce : « Ne payons-nous pas les impôts sur nos maisons ? Bien sûr, les émigrés sont exclus, et l’argent servira aux “filleuls” pour reconstruire, comme en 2017. » Le ton se durcit : « La différence entre notre pays et un cirque, c’est que dans un cirque, on rit du clown. Dans ce cas, c’est le clown qui rit de nous ! »
Le 21 août dernier, le Conseil des ministres portugais a approuvé un nouveau cadre d’intervention en cas d’incendies de grande ampleur, notamment pour répondre aux dégâts sur les biens et les économies des familles et des entreprises touchées. Le Premier ministre Luís Montenegro, en conférence de presse, a déclaré que ce dispositif vise à permettre au gouvernement de « mettre rapidement en place des mesures de soutien dans les régions et pour les personnes affectées ».
Parmi les 45 mesures présentées, figure une aide à la reconstruction des habitations principales : une prise en charge totale jusqu’à 250 000 euros, puis 85 % au-delà de ce montant. Le texte évoque explicitement les « habitations de résidence propre », mais sans préciser s’il s’agit de résidences principales ou secondaires. Le décret-loi encadrant ces aides n’a, à ce jour, pas encore été publié dans le Diário da República.
Cependant, lors d’une interview donnée à SIC Notícias le 22 août, Manuel Castro Almeida, ministre de l’Économie et de la Cohésion territoriale, a clarifié la position du gouvernement. Selon lui, ces aides ne visent pas à compenser les pertes de patrimoine, mais à garantir que les personnes touchées aient un toit pour dormir.
« Ce qui est prévu, c’est que la personne ait un endroit où vivre. Mon patrimoine a diminué ? Alors j’aurais dû avoir une assurance. Il ne s’agit pas de remplacer le patrimoine des gens, mais de s’assurer qu’ils puissent dormir quelque part », a-t-il déclaré.
Ainsi, les résidences secondaires, souvent détenues par des Portugais résidant à l’étranger, ne sont pas couvertes par ce dispositif. Les émigrés, bien qu’ils paient des impôts sur leurs biens au Portugal, ne sont donc pas éligibles à ces aides, sauf si leur maison sinistrée constitue leur résidence principale habituelle sur le territoire national.
Cela relance un débat récurrent : celui du statut des émigrés portugais, souvent sollicités pour leurs envois de fonds ou leur participation patriotique, mais rarement pris en compte dans les politiques publiques. Beaucoup y voient une injustice, voire une discrimination, envers une communauté pourtant essentielle à l’économie et à l’identité nationale.
Malgré les critiques et l’émoi sur les réseaux sociaux, la position du gouvernement est claire : les aides à la reconstruction ne concernent que les résidences principales. Les maisons des émigrés, considérées comme secondaires, restent en dehors du périmètre d’intervention, sauf évolution ou clarification dans le futur décret-loi.
Ana Monteiro
Photo: Tony Webster/Wkimedia




