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3 avril 2024Le 25 mars dernier, l’artiste de graffitis Glaçon annonçait sur ses réseaux sociaux son projet de calendrier de l’avant 25 avril ! Son idée ? Être enfin acteur des célébrations de l’anniversaire de la révolution des œillets, dont nous célébrons cette année les 50 ans. Cap Magellan a souhaité en savoir plus et Bryan Diegues, alias Glaçon, nous a offert une interview exclusive.
Cap Magellan : Salut Bryan ! J’espère que tu vas bien. Tu t’appelles by_glacon sur les réseaux sociaux et tu fais des graffitis. Premièrement, pourquoi Glaçon ?
Bryan Diegues : Souvent, on ne choisit pas les pseudos, ce sont eux qui viennent à nous. J’ai fait une école d’animation, pour être animateur jeunesse. Lors de cette formation, nous avions des travaux pratiques (TP) qui pouvaient consister à organiser une soirée. Lors de l’un de ces exercices, le thème imposé était « incroyable talent ». Il fallait que chaque élève ait un « talent » et se trouve un pseudo. Tout le monde savait que je faisais du graffiti, donc j’ai voulu trouver autre chose pour surprendre les gens. J’ai pensé au rap. J’ai pris un texte du rappeur américain Ice Cube et j’ai voulu montrer que je pouvais rapper plus vite que lui. Je me suis appelé Glaçon, parce que c’est ice cube en français. Je pensais que cela ne resterait pas, mais tout le monde a continué à m’appeler comme ça ! Jusqu’au jour où j’ai dû signer une œuvre et que j’ai signé Glaçon. À la base c’était juste censé être un rappeur nul ! Mais c’est devenu mon nom d’artiste.
Cap Magellan : Quand as-tu commencé réellement le graffiti ?
Bryan Diegues : A l’époque, ce que je faisais n’était pas réellement du graffiti sur les murs. C’étaient plutôt des petites toiles, des petits pochoirs, des petits formats. J’avais déjà fait une ou deux peintures sur des murs, mais c’était très exceptionnel et je ne signais pas. C’était simplement pour le plaisir, de temps à autre. C’est devenu sérieux plus tard, lorsque j’ai déménagé aux îles Canaries. J’étais sur l’île de Fuerteventura sur laquelle il n’y avait rien, seulement des ruines et des chèvres. J’avais des bombes et ces ruines avaient l’air d’attendre d’être repeintes. Je me suis fait la main sur ces grandes ruines, en signant Glaçon pour rire au début. Finalement, j’ai apprécié sortir, peindre, et je me suis professionnalisé avec le temps, grâce à ma signature. Cela permet aux gens de me retrouver sur instagram et de me contacter pour des commandes.
Cap Magellan : Au début c’était donc illégal ?
Bryan Diegues: C’est toujours illégal et cela le restera. C’est le seul métier au monde où tu es obligé d’être dans l’illégalité pour pouvoir travailler. Si tu veux faire du graffiti, t’es obligé de peindre dans la rue sans autorisation. Si je n’ai rien peint, que tu ne connais pas mon art, tu ne voudras pas me passer de commande. Il est important toutefois d’être respectueux : ne pas peindre de monument, choisir des murs déjà abîmés, salis par le temps ou par des tags, etc. Finalement, tu remets de la couleur sur quelque chose de moche.
Cap Magellan : Quelle technique utilises-tu pour tes œuvres ?
Bryan Diegues : J’utilise la technique du pochoir. Cela me permet d’aller plus vite. Je le répète, mais c’est une activité illégale. Cela signifie que plus je reste longtemps, plus je suis vulnérable, plus je suis vulnérable, plus il y a de risques que quelqu’un appelle la police, etc. Avec un pochoir, je vais plus vite, je peins plus vite et je m’en vais plus vite. Le pochoir a également l’avantage que s’il est bien conservé il peut être réutilisé. Il ne faut pas oublier qu’une œuvre de graffiti est éphémère et peut parfois partir très vite. Je me dis que le pochoir peut permettre à l’œuvre de survivre le temps.
Cap Magellan : Comment réalises-tu les pochoirs ?
Bryan Diegues: Je réalise tout moi-même. Je précise que je n’utilise aucune IA, je ne copie pas, rien. Je me sers de l’ordinateur simplement pour les dimensions. Le pochoir est la partie immergée de l’iceberg. Tu peux passer une à deux journées de préparation. Il faut penser et concevoir le dessin, le mettre aux dimensions, découper le pochoir, etc. Pour le calendrier par exemple, il faut que je prépare 24 peintures à l’avance, donc 24 pochoirs. C’est très long, cela prend du temps et je découpe tout au scalpel, sans machine.
Cap Magellan : Tu fais surtout des portraits d’après ce que j’ai vu.
Bryan Diegues: Chaque artiste a sa vision. Je ne recherche pas forcément le beau, je recherche l’émotion, l’hommage. Mon but est que l’œuvre rende hommage à une personne et qu’elle touche les gens. J’ai plusieurs retours de gens contents de voir des personnages historiques dans les rues. C’est ce que je recherche : susciter une émotion.
Cap Magellan : Pour revenir sur ton calendrier, nous aurons 24 graffitis pour les 24 jours qui précèdent le 25 avril. Où seront situées tes œuvres ?
Bryan Diegues: Tout sera en région parisienne, principalement dans Paris. Idéalement, tout sera dans Paris à des endroits différents ; je souhaite que ce soit dans un maximum d’arrondissements possibles. J’ai repéré plusieurs lieux dans Paris, mais je n’ai aucune certitude de la faisabilité. Je rappelle que le graffiti se fait dans la rue et que donc la météo joue énormément. Les lieux seront annoncés, parce que je souhaite offrir des toiles le plus possible. Dans la mesure du possible, je les offrirai à ceux et celles qui souhaitent se déplacer pour voir les œuvres. Les petites toiles seront déposées dans des endroits particuliers, souvent des commerçants du coin, si possible en lien avec l’œuvre et/ou le Portugal. Mais tout est encore possible ! Je peux encore changer l’ordre, changer des choses, etc.
Cap Magellan : Les toiles sont également faites au pochoir et à la bombe ?
Bryan Diegues: Oui. Certaines parties sont au pochoir, d’autres à la main ou encore à main levée. Chaque toile aura des petites spécificités, puisque je ne peux pas les reproduire à l’identique. Au dos de chaque toile on retrouve le nom de la personne représentée ainsi que ma signature. Certaines toiles vont être offertes à des personnes précises, selon la signification. Pour l’ambassade du Portugal, je pense faire une toile finale, plus grande.
Cap Magellan : Est-ce qu’on peut avoir quelques noms ?
Bryan Diegues: Très sincèrement, la liste des 24 n’est pas encore établie. Il y a des noms qui peuvent partir, rester, être ajoutés, etc. J’essaye d’être le plus divers possible. Je ne veux pas représenter que des capitaines d’avril. J’ai envie d’intéresser d’autres personnes. Je ne fais pas cela uniquement pour la communauté portugaise. Evidemment, cette dernière va être très importante, mais je ne veux pas que ce soit quelque chose de fermé. Je souhaite que cela soit accessible à tout le monde. Je veux que cela tourne autour du Portugal et pas seulement du 25 avril 1974. C’est pour cela que j’ai dit en préambule que cela va de Magellan à Ronaldo. Cela signifie que cela va du XVIe siècle à aujourd’hui. Il va y avoir de tous les domaines en tout cas !
Cap Magellan : Pourquoi le 25 avril est si important pour toi, alors même que tu ne l’as pas vécu ?
Bryan Diegues: Le 25 avril est extrêmement important pour tous les Portugais. Quand j’étais adolescent, j’écoutais ceux qui l’ont vécu et j’étais passionné par leurs récits. Je n’arrivais pas à réaliser qu’ils avaient vraiment vécu ce moment-là, cela me paraissait vraiment lointain, mais c’était il y a seulement 50 ans ! Cela m’a donné envie de vivre de grands moments également. Pour ce cinquantenaire, j’ai envie d’être acteur au-delà du spectateur. Toute ma vie j’ai écouté des récits, j’ai assisté à des commémorations, j’ai visité des expositions, etc. A ma petite échelle, je veux participer à organiser un événement autour du 25 avril cette année. Je pense que n’importe quel Portugais devrait ressentir l’importance de cet événement-là.
Cap Magellan : Quels sont tes projets futurs ?
Bryan Diegues: Pas forcément en lien avec le Portugal. J’ai une exposition qui débute le 9 juin dans l’Essonne. Ce sera autour des papas. Je voudrais peindre des visages de plusieurs papas, pas forcément connus, afin de toucher leurs enfants.
Cap Magellan : Ma dernière question est ma question signature : est-ce que tu as un message global pour les jeunes lusodescendants ?
Bryan Diegues: Je considère que la lusophonie est quelque chose d’assez personnel. Chaque lusophone est différent, donc il ne devrait pas y avoir un seul son de cloche. Je pense que le premier message que j’ai envie de passer est celui de Socrate : « Connais-toi toi-même ». Il faut savoir qui l’on est et être d’accord avec ça. Une fois que nous le savons, il faut en être fier et ne pas s’en cacher. Moi, par exemple, le Portugal et le portugais sont toute ma vie. Assumez-vous. Vous n’êtes pas obligés de vous forcer à vous sentir portugais, mais si vous en avez envie, allez-y à fond ! Si vous ne vous sentez ne serait-ce qu’un peu portugais, apprenez, cultivez-vous, intéressez-vous. Il y a un milliard d’informations à aller chercher et nous pouvons être fier de beaucoup de choses !
Cap Magellan : Merci Bryan, alias Glaçon ! Nous avons hâte de découvrir ton calendrier.
Nous vous invitons à suivre Glaçon sur Instagram pour découvrir les 24 œuvres du calendrier de l’avant 25 avril, ainsi que son travail plus largement.
Interview réalisée par Julie Carvalho,
de Os Cadernos da Julie.