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19 février 2024Le 2 juin 2023, le premier ouvrage de la chanteuse Wendy Nazaré, Les flamboyants bleus, a été publié par les éditions Chronica. Ce récit, que nous pouvons qualifier de chronique familiale, offre la possibilité aux lecteurs de découvrir également son dernier album, Jacarandá. Lors de sa venue à Paris, Cap Magellan a pu la rencontrer et elle nous a offert une interview exclusive.
Cap Magellan : Coucou Wendy, j’espère que tu vas bien ! Tu es actuellement à Paris pour la promotion de ton livre Les flamboyants bleus et de ton dernier album Jacarandá. Pourtant, cela fait plusieurs années maintenant que tu vis à Lisbonne. Comment tu t’es décidée à aller y vivre ?
Wendy Nazaré :C’est suite au succès du titre Lisboa. J’étais de plus en plus amenée à être au Portugal et, comme toute personne avec des origines portugaises, j’ai toujours rêvé de retourner y vivre. Mon grand-père venait de la Serra da Estrela, mais il vivait à Oeiras, près de Lisbonne. Je connaissais donc mieux la région du grand Lisbonne. Mon mari aussi adore le Portugal ! Nous avons longuement hésité, durant de nombreuses années. Lorsque ma fille aînée, qui est d’ailleurs née au Portugal sans que nous y soyons fixés, a atteint l’âge de la maternelle, nous nous sommes décidés à tenter l’aventure portugaise. Depuis ma fille se sent portugaise !
Cap Magellan : Tu as toujours voulu transmettre ta part portugaise à tes enfants ?
Wendy Nazaré : Je n’y ai jamais pensé. J’ai toujours voulu transmettre ça autour de moi, même à mes amis, etc. Pour moi les vacances c’est toujours au Portugal. J’adore voyager et découvrir de nouveaux pays, mais le Portugal est l’endroit où je me sens à la maison. C’est difficile à décrire parce que je n’ai pas été éduqué par des parents portugais, mon père lui-même a retrouvé son père portugais à 28 ans, donc nous n’avons pas été baigné dans cette culture. En revanche, petite je rencontre José, un homme que j’adore et qui m’adore, à qui je m’attache beaucoup, qui m’emmène au Portugal tous les ans, etc. A 11 ans, je découvre qu’il s’agit de mon grand-père et que j’ai des origines portugaises. Il veut corriger le passé avec moi donc il me transmet un fort inconscient portugais !
Cap Magellan : Tu racontes d’ailleurs toute cette histoire dans ton livre Les flamboyants bleus. D’ailleurs, si je ne me trompe pas, il a d’abord été publié au Portugal.
Wendy Nazaré : Il a été publié en même temps au Portugal et en Belgique. Je l’ai écrit en français. Je pensais être auto-éditée, mais j’avais à coeur de le partager en portugais. J’ai demandé à une traductrice de le traduire en portugais. Lorsque j’ai eu tout ce matériel, j’ai eu le bonheur d’avoir des propositions d’éditeurs ! Un éditeur belge, Chronica, qui distribue également l’ouvrage en France, et Âncora au Portugal. C’est une chance incroyable !
Cap Magellan : C’était important pour toi que cette histoire soit accessible aux Portugais et à la communauté lusophone ?
Wendy Nazaré : Quand j’ai décidé de le traduire en portugais m’est venue l’idée de ce double album. Plusieurs nouvelles musiques étaient liées au livre, mais j’ai voulu adapter la majorité des chansons françaises en portugais, ainsi que certaines chansons des premiers albums, qui sont liées au livre, et qui se retrouvent sur cet album. C’est très émouvant pour moi d’adapter ces singles en portugais et de les redécouvrir. C’était un défi pour moi, parce que ce n’est pas ma langue maternelle, mais c’était très chouette !
Cap Magellan : Tu le sais, mais j’ai adoré le livre et je l’ai trouvé très bien écrit. Comment gères-tu le syndrome de l’imposteur ?
Wendy Nazaré : Je suis psychologue de formation et le syndrôme de l’imposteur est un vrai syndrôme : on ne se sent jamais légitime et à sa place. Déjà psychologue je l’avais. De même lorsque j’ai commencé à chanter. Alors quand j’ai écrit le livre, sans formation littéraire, encore plus. Je me sens plus réalisatrice d’histoires qui m’ont été racontées. Je pensais que ce serait un roman, donc j’ai essayé d’en prendre quelques codes, mais ce n’est pas un roman. C’est plutôt une enquête. J’ai voulu donner vie au personnage de Xavier, qui est un nom d’emprunt pour mon père. Chaque information que je donne est là pour comprendre le caractère du personnage, mais sans le dire. Lorsque j’écrivais j’étais dans mon film ! J’ai adoré le faire ! Lorsque j’ai fini, j’avais peur. J’ai contacté une correctrice, en me demandant si j’allais vraiment le publier, si j’allais utiliser le nom Wendy Nazaré, qui est déjà relié à ma carrière dans la musique, etc. J’étais pleine de doutes. Elle m’a aidé avecquelques corrections grammaticales ainsi qu’à mettre des mots sur le fond de l’histoire, que je pensais être le secret. Je me suis rendue compte que c’est bien une biographie familiale, subjectivement recomposée.
Ce n’était pas simple de révéler tout cela parce que je parle d’adultère, de violences domestiques, etc. Plusieurs personnes de ma famille m’ont demandé si c’était vraiment nécessaire, mais je trouve que c’était tout de même important, notamment pour honorer ma grand-mère. Elle avait une force incroyable de vie ! Pour honorer également celui qui a élevé mon père, parce que du plus sombre peut naître beaucoup de lumière.
Cap Magellan : Quand tu as terminé ce livre, est-ce que cela n’a pas été compliqué de te dire que tu allais l’offrir aux lecteurs ? C’est tout de même un livre très intimiste.
Wendy Nazaré : Quand je l’ai écrit je n’y ai pas pensé. J’ai tout de même changé les prénoms et en les changeant ils sont devenus des personnages pour moi, sauf mes propres histoires. Mon père a coécrit ce livre ! Nous nous échangions des e-mails, il me parlait de ses grands-parents, il décrivait des images, des impressions, etc. Il a relu les passages que j’ai recréés. J’ai essayé de l’imaginer petit et de coller toujours au plus près de la réalité, d’être authentique et de respecter toutes ces personnes. Évidemment, avant que le livre ne sorte, je l’ai donné aux personnes les plus proches pour avoir leurs avis. En revanche, je révèle qu’il y a toujours un secret pour une personne dans le livre et effectivement, cette personne est plus âgée mais c’est encore un secret pour elle.
Cap Magellan : Un autre aspect que j’ai trouvé intéressant, c’est que nous pouvons en apprendre plus sur la guerre du Congo, qui est encore peu connue. C’était une volonté de ta part ?
Wendy Nazaré : C’est ce que m’a transmis mon père. Il a été très impacté par ces événements et je ne pouvais pas ne pas raconter quelque chose qui l’a autant impacté et qui a fait qu’il est devenu l’homme qu’il est aujourd’hui. Je ne raconte qu’une partie de l’histoire du Congo. Tout est très subjectif, c’est ce qui m’a été raconté, donc ce n’est pas la grande Histoire. Mais je ne pouvais pas évoquer ces histoires sans raconter l’indépendance du Congo. Je devais être au plus près de la réalité et de ce qui m’a été dit, tout en objectivant certaines choses et en essayant de raconter une histoire que je ne peux pas nier. C’était un travail d’équilibriste !
Cap Magellan : Tu as souhaité retourner au Congo ?
Wendy Nazaré : Je rêve d’y aller un jour ! J’ai des amis qui y sont, qui n’ont rien à voir avec ma famille d’ailleurs. Quand mes filles seront un peu plus grandes j’irai sûrement oui.
Cap Magellan : Ton père a tout de même eu une enfance très forte.
Wendy Nazaré : Ce qui est beau c’est de voir les choix qu’il a fait. Il aurait pu en faire autre chose ! Dans son inconscient, avec son histoire, il a aidé beaucoup de monde. C’est le message que j’aimerais partager au monde entier, pour que chacun puisse partir à la recherche de sa propre histoire. Mon père est un exemple de résilience. Nous pouvons tous choisir de devenir qui nous souhaitons être et d’impacter les autres autour de nous d’une façon ou d’une autre. Cet homme est devenu quelqu’un d’important pour beaucoup de gens et je trouve que c’est beau puisqu’ils ne connaissaient pas toute cette histoire derrière.
Cap Magellan : Est-ce qu’avec ce livre tu incites les gens à aller à la recherche de leurs origines et de leurs secrets de famille ?
Wendy Nazaré : Sans doute, puisque c’était ma mission dans ma famille. Je me suis toujours dit qu’il fallait parler ! D’autant plus que, par hasard, j’ai fait de la psychologie donc je révélais les secrets avec la parole. Je suis issue d’une famille ordinaire, qui a un chemin extraordinaire, comme toutes les familles ! Nous devons tous écouter nos grands-parents et essayer de lire entre les lignes. Il faut construire des relations d’amitié avec nos grands-parents, cela permet des confidences plus profondes.
Cap Magellan : J’ai beaucoup aimé dans le livre pouvoir écouter les musiques au fur et à mesure grâce aux QR codes. Comment as-tu eu cette idée ?
Wendy Nazaré : Quand j’ai eu cette idée, cela n’existait quasiment pas, mais depuis il y en a plusieurs ! Pour moi, tout est venu en même temps. Je voulais aller au bout de ce projet d’écriture, mais d’un autre côté j’avais avorté un premier album en français, puis un autre en anglais à cause de la pandémie. J’ai fini par me rendre compte que je pouvais lier l’écriture et la musique. Chaque projet représente des périodes de ma vie en réalité ! Pour le projet des Flamboyants bleus, c’est encore plus que cela : la boucle est bouclée, depuis que j’ai commencé à écrire ma première chanson à 11 ans, six mois après avoir appris qui était mon grand-père paternel, jusqu’à maintenant. Je pense que tout a toujours été lié ! Tout a eu du sens au fur et à mesure, notamment avec l’album Jacarandá. Tout s’est assemblé comme un puzzle.
Cap Magellan : La musique éponyme de l’album est la seule à avoir les trois langues : l’anglais, le français et le portugais.
Wendy Nazaré : J’ai commencé à composer en anglais parce que j’écoutais beaucoup de musiques anglophones, quasiment pas de francophones à l’époque. C’est pour l’anniversaire de mon père que j’ai écrit en français, pour raconter son histoire. J’ai beaucoup aimé jouer avec la langue française. Je ne pensais jamais chanter en portugais à ce point ! En traduisant le livre en portugais, c’était impensable de laisser des chansons en français au lecteur portugais qui ne parle quasiment pas français. Je voulais qu’il puisse comprendre un minimum le texte, donc je me suis lancée le défi de chanter en portugais !
Cap Magellan : Quels sont tes prochains projets ?
Wendy Nazaré : J’ai adoré écrire ! Mais je ne me vois pas le faire sans mon père. Je pense à en faire un film et un spectacle. Je vais retrouver la scène, que j’adore également, en racontant des parties de ses histoires. Pour le reste, je me laisse porter ! Rien n’est planifié dans ma vie du côté artistique.
Cap Magellan : Ma dernière question est celle que je pose à la fin de chaque interview, en lien direct avec Cap Magellan : aurais-tu un message pour les jeunes lusodescendants ?
Wendy Nazaré : De toujours croire en ses rêves. Ce que mon grand-père au Portugal me disait c’est qu’avec de la volonté on peut tout faire. C’est également le message du livre. En tant qu’être humain, nous avons tous potentiellement des capacités de résilience. Nous pouvons être aidés aussi, il n’y a pas de honte à l’être. Mais du Noir peut sortir le plus beau. Il ne faut pas rester seul dans ce noir, ou perdre espoir. Tout est possible, peu importe ce que l’on nous annonce. Tout n’est pas fixé, donc il faut toujours croire en des choses impossibles. Ne cessons jamais d’imaginer un futur, de nous projeter.
Cap Magellan : Quel beau message Wendy merci ! J’ai hâte de relire ton livre.
Nous vous invitons à vous procurer ce superbe ouvrage dans toutes les bonnes librairies, ainsi que de suivre l’actualité de Wendy Nazaré : Instagram, Facebook, Youtube, Spotify, Linktree.
Interview réalisée par Julie Carvalho,
de Os Cadernos da Julie.