« PIX », la révolution brésilienne du paiement instantané

Lancé en novembre 2020 par la Banque centrale du Brésil, le système de paiement numérique « PIX » occupe désormais une place incontournable dans le quotidien de la plupart des Brésiliens. On estime que près de 3/4 en feraient usage. En supplantant les cartes bancaires et les paiements en espèces, il est devenu le moyen de règlement privilégié du pays.

Le système est destiné à faciliter les paiements en ligne et en magasin. Les particuliers n’ont ainsi qu’à indiquer la somme à transférer, à d’autres particuliers ou à des tiers extérieurs, entreprises ou administrations. Il peut ainsi faire l’objet d’une multitude d’usages, comme le paiement d’un repas ou l’achat d’une glace. Il n’implique que la possession d’un compte bancaire brésilien et d’un smartphone, depuis lequel effectuer des opérations.

Ce moyen numérique d’envoi et de réception d’argent a ainsi agi comme une révolution, alors qu’avant les virements bancaires pouvaient comporter des frais élevés, ou nécessiter plusieurs jours de transaction. Cette attractivité tient à ses caractéristiques, celles d’un mode de paiement gratuit pour les particuliers, disponible 24 h/24 et 7 jours sur 7, instantané, sans frais de transfert ou de montant maximal et ne nécessitant ni carte, ni solde minimum.

Lancé au moment de la pandémie de Covid, le système a été porté par les conditions ayant favorisé les paiements sans contact et à distance, et par l’obligation pour les banques de proposer « PIX » dans leurs applications imposées par la Banque centrale. Il bénéficia également de la recrudescence de l’ouverture d’un premier compte bancaire par de nombreux Brésiliens parmi les plus pauvres afin de pouvoir bénéficier des aides alors mises en place par l’État, le fait de posséder un compte dans une banque brésilienne étant l’une des seules conditions à son utilisation.

« PIX » apparaît toutefois comme un système au cœur des tensions et enjeux internationaux. Malgré ses succès, il suscite aussi des crispations internationales. Son modèle séduit d’autres pays d’Amérique latine, comme la Colombie, qui s’apprête à adopter un système similaire. En quelques années, le système a également détrôné dans le pays les cartes bancaires, dominées par les géants américains Visa et Mastercard, et mis à mal les ambitions de WhatsApp Pay, le projet de Meta auquel la firme a renoncé, après avoir été retardé par les autorités brésiliennes. Cette expansion de « PIX » a pu attiser la colère de Washington, Donald Trump ayant menacé le Brésil de lourds droits de douane et ouvert une enquête pour pratiques commerciales jugées déloyales, accusant le Brésil de favoriser son propre service de paiement électronique.

En outre, malgré ses succès, « PIX » ne permet pas encore les paiements en plusieurs fois, une modalité très populaire au Brésil via les cartes bancaires. La Banque centrale a cependant annoncé le lancement de « PIX parcelado », une fonctionnalité permettant de payer en plusieurs fois tout en garantissant au vendeur de recevoir immédiatement les fonds de la transaction.

Aussi, en quelques années, le système « PIX » a su s’imposer comme le premier système de paiement au Brésil, instantané, accessible et gratuit pour les consommateurs. Il est parvenu à supplanter les cartes bancaires et les espèces. Son succès inspire d’autres pays et inquiète, notamment les géants américains Visa ou encore Mastercard, en faisant un facteur de tensions géopolitiques.

Lucas Renouard-Vallet
France24.com, lemonde.fr, santander.com
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06/10/2025