Entretien avec Aïcha Benzerga
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25 novembre 2019Musicien pluriel, Yannick Lopes est titulaire de plusieurs premiers prix du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris (CNSM) ; Diplômé de Paris-Sorbonne et lauréat de plusieurs concours internationaux. Sa passion pour la musique classique l’a mené à se produire en tant que soliste et avec ses divers ensembles dans plusieurs continents. Nous avons eu l’occasion de discuter avec lui à propos de son nouveau disque « Tribute to Emilio Pujol 40th celebration ( 1980 – 2020 ) » qui célèbre le 40e anniversaire de la mort d’Emilio Pujol, compositeur, guitariste et musicologue catalan.
Cap Magellan : Parlez nous de votre parcours ainsi que votre relation avec la musique ?
Yannick Lopes : Ma vocation précoce pour la musique m’a fait dire à l’âge de 10 ans : « Je veux être guitariste concertiste ». La musique est l’expression profonde de ma personnalité liée à une double culture.
J’ai suivi les cours au conservatoire de Viroflay puis au conservatoire national de région de Versailles. A 17 ans, je sortais avec plusieurs premiers prix avec mention très bien à l’unanimité et félicitations du jury.
J’ai étudié l’accordéon parallèlement à la guitare. Mon professeur, Alain Ladrière, fut l’arrangeur d’Yvette Horner et m’a fait jouer à 9 ans dans pleins de festivals et plateaux de télévision en France et Belgique.
J’ai rencontré toutes les stars de l’accordéon et autres vedettes de la chanson et c’est ainsi que j’ai commencé à apprendre le métier et acquérir une expérience de la scène et de la vie. C’est à cette époque que j’ai décidé que je ferais de la musique mon métier. Je jouais 3h-3h30 de musique chaque jour avec bonheur !
A 11 ans, j’ai découvert a “concertina portuguesa” (accordéon diatonique portugais) et ai commencé à en jouer. Les filles aimaient plus la guitare que l’accordéon ces années là, même désaccordée! (rires). Loin de me douter que quelques années plus tard, j’allais devenir, grâce au Trio Lopes (groupe formé avec mon frère Yohann et notre père au “cavaquinho”) une référence et pionnier du renouveau de la concertina portuguesa en Europe et même aux Amériques !
A 18 ans, j’ai été reçu premier nommé au concours d’entrée au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris en guitare classique dans la classe de Roland Dyens où mon éclectisme pris toute sa dimension.
A 21 ans, j’ai reçu plusieurs premiers prix en guitare classique, improvisation générative et mon diplôme de formation supérieure avec mention très bien à l’unanimité et félicitations. Je fus le premier accordéoniste de l’histoire du CNSM à avoir été diplômé de la classe d’improvisation générative.
A 24 ans, j’ai obtenu un master en ethnomusicologie avec mention à l’université Paris-Sorbonne pour mes travaux sur les joutes poétiques au Portugal.
J’ai travaillé avec plusieurs ensembles de musique contemporaine pour le théâtre, la danse, le cinéma, tels que 2E2M, Ars Nova, Péniche Opéra entre autres et est j’ai été invité à plusieurs festivals renommés dont; festival Agora à l’IRCAM (Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique), festival international de danse Rosalia Chladek à Paris, festival Musique en Graves à Bordeaux (président d’honneur Mstislav Rostropovitch), festival d’Avignon (compagnie d’Art dramatique de Poitiers), Ivan Malanin festival à Novosibirsk, Sibérie, Russie et Safed klezmer festival en Israël.
J’ai crée les ensembles de musique portugaise Trio Lopes et Duo Paris-Lisboa, avec mon frère Yohann Lopes (musicien concertiniste: vainqueur du trophée mondial d’accordéon diatonique et docteur en ethnomusicologie: thèse consacrée à la concertina portuguesa) ; le Trio Klezele, musique klezmer des juifs d’Europe de l’est ; le projet Pirineu consacré à la chanson à tradition orale catalane en duo avec le chanteur et musicologue Artur Blasco; et le projet Y’Art, performance solo en improvisation libre.
Lauréat de plusieurs prix internationaux, je me suis produit en tant que soliste et avec ces divers ensembles au Moyen Orient, en Russie, Amérique du Nord, en Europe Centrale et Occidentale.
Cap Magellan : Avez-vous une préférence entre l’accordéon et la guitare?
Yannick Lopes : Aimez-vous plus votre mère ou votre père?! (sourires…) Il y a complémentarité.
Cap Magellan : Pensez-vous que la musique / culture lusophone est assez valorisée à l’étranger, comme ici en France ?
Yannick Lopes : Pas assez mais l’intérêt pour la langue portugaise est réel à l’étranger donc il y a maintenant un public qui est plus sensible à la culture lusophone et qui attends des propositions.
Cap Magellan : En 2015, vous avez sorti votre disque autour de la chanson traditionnelle catalane en collaboration avec Artur Blasco, comment est survenu ce projet et comment vous êtes-vous rencontrés ?
Yannick Lopes : « Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez vous » disait le poète français Paul Éluard. C’est l’accordéon qui m’a amené à rencontrer Artur. Il organisait un festival d’accordéon en catalogne très connu et a invité le Trio Lopes pour représenter le Portugal. Un soir de fête, j’ai pris ma guitare de concert et ai commencé par jouer des chansons populaires catalanes en lui demandant s’il les connaissait ? Il se mit à chanter et la magie opéra. Le lendemain matin, le projet du disque était lancé et le succès fut immédiat. Depuis, un autre disque consacré aux chansons andorranes a vu le jour.
Cap Magellan : Quel est votre lien avec la culture catalane ?
Yannick Lopes : Il me vient de la guitare. Beaucoup de grands maîtres de la guitare classique du 19e et 20e siècle sont catalans et j’ai découvert un peu cette culture à travers leurs œuvres.
Cap Magellan : Avez-vous un artiste en particulier avec qui vous aimeriez travailler ?
Yannick Lopes : Pas un artiste mais un orchestre. L’orchestre philharmonique de New York.
Cap Magellan : Qu’est-ce qui est le plus gratifiant dans votre pratique de la musique ?
Yannick Lopes : Le fait d’être soi même et d’apporter à celui qui m’écoute ce quelque chose qui ne se monnaie pas; qui a le pouvoir magique de suspendre le temps et d’apaiser l’âme.
Cap Magellan : Parlez nous de votre nouveau projet.
Yannick Lopes : En 2020, nous célébrerons le 40e anniversaire de la mort du compositeur et guitariste catalan Emilio Pujol (1886-1980).
Considéré comme le père de la guitare classique moderne, il a œuvré pour que la guitare classique soit reconnue comme un instrument soliste au même titre que le piano ou le violon.
Force est de constater que ces dernières décennies, sa musique a été quelque peu délaissée et j’ai voulu par ce travail discographique lui rendre hommage en faisant (re)découvrir sa musique et revendiquer son précieux héritage. Le mois dernier, j’ai eu le plaisir de présenter en avant-première le vidéo clip musical de mon projet au Gala Cap Magelan à la mairie de Paris. Le disque sortira dans quelques jours et une tournée européenne est en préparation. Je compte sur vous tous pour faire vivre ce projet en vous invitant à aimer et partager ma vidéo sur les réseaux sociaux. Bem hajam !
Cap Magellan : Comment définissez-vous la musique en général ?
Yannick Lopes : L’art de donner vie aux émotions.
Cap Magellan : Votre meilleur souvenir sur scène ?
Yannick Lopes : Mon prix de guitare au CNSM de Paris. C’est un moment très intense et spécial car tout le monde est là, la famille, les amis, les professeurs et autres mélomanes avertis. J’ai pris un plaisir incroyable à jouer et je me souviens que le public avait interdiction d’applaudir mais il l’a quand même fait… se faisant rappeler à l’ordre ! (rires). En sortant de scène, un des plus beaux compliment que j’ai eu, fut celui du père de mon professeur R.Dyens qui m’a dit: « Quand je vous écoutais jouer, j’avais l’impression de revoir mon fils au même âge. Le public ne se trompe pas vous savez, vous ferez carrière, c’était magnifique, bravo! ». J’ai fini brillamment avec un pincement au cœur… celui de savoir qu’une très belle page de ma vie se tournait sous mes yeux !
Contacts : Yannick Lopes Officiel – Facebook & Youtube
Lien vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=w1yfLtVfB4A
Inês Rodrigues
capmag@capmagellan.org