Une élection en plein confinement

Pour la dixième fois, depuis 1976, plus de 10 500 000 portugais, dont 1 500 000 à l’étranger, sont appelés à élire leur Président. Les élections présidentielles de janvier 2021 cristallisent toutes les attentions en termes de mesures sanitaires car le scrutin se déroule pendant un confinement qui a débuté le 15 janvier. De nombreuses mesures ont été prises afin d’assurer la poursuite de la démocratie.

La Commissão Nacional de Eleições a effectué une grande campagne « Votar é seguro » afin de rassurer les électeurs en souhaitant que la pandémie ne soit pas une excuse pour ne pas aller voter. Voter n’est pas plus dangereux que d’aller faire ses courses ou aller au café. C’est également dans cet objectif que le vote anticipé a été élargi et a été très demandé. Pour les élections législatives de 2019, près de 50 000 électeurs ont voté une semaine avant le jour des élections. Pour les présidentielles, plus de 250 000 électeurs se sont manifestés pour voter par anticipation selon les chiffres du Ministère de l’Administration Interne. Du fait du nouveau confinement qui a débuté le 15 janvier, les personnes à risques sont fortement invitées à voter par anticipation même si elles sont autorisées à sortir pour se rendre aux urnes le jour du scrutin.

Les bureaux de vote sont soumis à un protocole sanitaire très strict, l’incontournable masque y est obligatoire, des gels hydroalcooliques sont à disposition pour se désinfecter, des marquages au sol sont présents afin de permettre de fixer les distances sociales ainsi que le parcours à suivre au sein du bureau. Pour n’oublier personne même ceux placés en quarantaine, car contaminés ou suspectés d’être contaminé, pourront voter. Des équipes municipales sont chargés de recueillir les bulletins de vote des électeurs confinés. Ces agents sont munis d’équipements appropriés à la non-propagation du virus changés entre chaque domicile, et sont soumis à une quarantaine de 48 heures à la fin de leur mission.

Le confinement ne restreint pas les événements liés à la campagne présidentielle des sept candidats officiels et admis par le Tribunal Constitutionnel : Marisa Matias (soutenue par le Bloco de Esquerda), Marcelo Rebelo de Sousa (soutenu par le PSD et CDS/PP), Tiago Mayan Gonçalves (soutenu par Iniciativa Liberal), André Ventura (soutenu par Chega !), Vitorino Silva (soutenu par RIR), João Ferreira (soutenu par PCP et PEV) et Ana Gomes (soutenu par PAN et Livre). Ils ont eu l’autorisation de continuer leurs déplacements pour une poursuite du processus démocratique.

La question du report des élections a été soulevée mais n’a jamais été prise en compte car ce processus est inscrit dans la Constitution et rien ne peut la modifier, pas même l’état d’urgence dans lequel se trouve actuellement le Portugal. D’autant plus qu’il est difficile de prévoir quand la situation sanitaire permettra un scrutin sans l’ombre de la propagation du virus. Les dates du scrutin n’ont pas été modifiés et sont restés les mêmes qu’au départ, le 24 janvier pour le premier tout et début février dans le cas d’un éventuel second tour.

Pour les Portugais de l’étranger, près de 1,5 million, il a été nécessaire de se rendre au consulat pour voter contrairement aux élections législatives où le vote par correspondance était possible.

Cet article a été écrit avant la date du scrutin ; les résultats paraitront donc au prochain numéro.

Publié dans le CAPMag de février

Victor Soares
Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3