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30 janvier 2021À LA UNE AUJOURD’HUI : PORTRAIT DE LEANDRO MENDES LEMOS 📸
1 février 2021Le texte approuvé vendredi par les députés clôt des mois de débats entre la droite et la gauche. Il rend l’euthanasie ou le suicide assisté possible en cas de « souffrance extrême » ou de « maladie incurable ».
Le Portugal est devenu, vendredi 29 janvier, le quatrième pays d’Europe à légaliser l’euthanasie, après les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique. Sans surprise, le texte de loi sur la « mort médicalement assistée », condensé de cinq propositions de loi d’euthanasie préalablement approuvées en février 2020, a été voté par une large majorité, 136 voix pour, 78 contre, et 4 abstentions. Le Parti socialiste (PS) et le Parti social-démocrate (PSD), le principal parti d’opposition, avaient laissé la liberté de vote à leurs députés, ce qui s’est traduit par le vote « contre » de neuf des 108 députés socialistes et « pour » de quatorze des 79 députés du PSD.
La nouvelle loi réserve l’euthanasie aux résidents du Portugal âgés de plus de 18 ans qui en font la demande, à condition qu’ils soient dépourvus de maladies mentales, et qu’ils se trouvent dans une « situation de souffrance extrême », avec des « lésions d’extrême gravité » ou une « maladie incurable ». La décision doit en outre être validée par un comité formé d’au moins deux médecins et d’un psychiatre, s’il existe « des doutes sur la capacité de la personne à demander l’anticipation de la mort concernant sa volonté sérieuse, libre et éclairée ». Elle doit enfin être approuvée une dernière fois par un médecin, en présence de témoins, au moment de l’acte. L’euthanasie et le suicide assisté pourront être pratiqués dans des hôpitaux publics mais aussi des cliniques privées.
Profond débat dans la société
Pour les associations militant pour une « mort digne », c’est un « jour historique ». La loi met fin aux peines allant d’un à huit ans de prison, jusque-là en vigueur, pour ceux qui aidaient une personne à mourir. Et vient clore un débat qui a agité le Portugal ces dernières années.
Dans un pays où près de 80 % de la population se définit comme catholique, la question de l’euthanasie a divisé la société depuis la présentation d’un premier texte, en 2018, rejeté par le Parlement avec seulement cinq voix d’écart. Selon le dernier grand sondage sur le sujet, daté de 2017, 43 % des Portugais soutenaient alors l’euthanasie, 28 % s’y opposaient et 22 % n’étaient pas sûrs de leur opinion.
En février 2020, les socialistes, à la tête du gouvernement, et quatre autres partis représentant la gauche radicale, les écologistes ou les libéraux, ont présenté de nouveaux textes en faveur du suicide assisté et de l’euthanasie qui ont été fusionnés afin d’aboutir au plus grand consensus possible. Le projet de loi n’en a pas moins suscité un profond débat dans la société et plusieurs manifestations.
« Ambiance de grande anxiété »
Début 2020, de nombreux responsables politiques et personnalités publiques ont pris position, y compris le sélectionneur national de l’équipe de football, Fernando Santos, qui avait mis en doute la légitimité des députés à prendre une telle décision. La Fédération portugaise pour la vie (FPV), association ultracatholique opposée au droit à l’euthanasie, ainsi que la Confédération épiscopale ont tenté de bloquer la loi en rassemblant près de 100 000 signatures en faveur de la tenue d’un référendum pour trancher la question. Mais en octobre, l’initiative populaire a été rejetée par le Parlement.
Jeudi 28 janvier, le principal parti d’opposition, le Parti social-démocrate (centre droit), par la voix de son porte-parole, Adao Silva, a encore demandé de repousser le vote « de quelques semaines », du fait de la pandémie « qui a créé une ambiance de grande anxiété » sur « les thèmes de vie et de mort ». Sans succès. De fait, la crise sanitaire a plutôt placé le débat à un second plan ces derniers mois.
Le président de la République, le catholique pratiquant Marcelo Rebelo de Sousa, qui jusque-là s’est fait discret sur la question, a huit jours pour décider s’il promulgue le texte, le porte devant la Cour constitutionnelle ou exerce son droit de veto, lequel obligerait le Parlement à examiner une nouvelle fois le texte. En Espagne, une loi similaire devrait être approuvée au printemps.
Source: Lemonde