Élections présidentielles 2022 : candidats et programmes
29 mars 202280% des associations portugaises inactives pendant la pandémie
2 avril 2022À l’occasion de l’élection présidentielle française, nous avons eu l’opportunité de nous entretenir avec quelques candidats, plus précisément, Nathalie Arthaud, Philippe Poutou et Nicolas Dupont-Aignan, sur des questions étroitement liées à la communauté portugaise en France.
Cap Magellan a contacté les douze candidats à l’élection présidentielle française dans le but de les interroger sur des sujets qui concernent directement la communauté lusophone vivant en France. Les treize questions portent sur le droit de vote et la participation citoyenne, les relations spécifiques France-Portugal, l’intégration des communautés lusophones, l’enseignement du portugais et l’avenir de l’Union européenne. Sur l’ensemble des prétendants à l’Élysée, trois nous ont déjà répondu, à savoir Nathalie Arthaud de Lutte ouvrière, Philippe Poutou du Nouveau Parti Anticapitaliste et Nicolas Dupont-Aignant pour Debout la France. Dans cet article nous synthétisons leurs réponses afin de présenter les différents points de vue de ces trois candidats sur la communauté franco-portugaise et plus généralement les lusophones vivant en France.
Droit de vote et participation citoyenne
Cap Magellan (CM) : Depuis 2001, le droit de vote aux élections municipales a été accordé aux ressortissants des pays de l’Union européenne. Quelle est votre position sur l’élargissement de ce droit aux élections présidentielles et législatives en France ?
Nathalie Arthaud (NA) : Je suis pour le droit de vote pour tous les étrangers qui vivent en France et pour toutes les élections.
Philippe Poutou (PP) : Le Nouveau Parti Anticapitaliste et son candidat Philippe Poutou se prononcent pour le droit de vote et d’éligibilité de l’ensemble des résident.es, quelle que soit leur nationalité, à l’ensemble des élections, locales comme nationales et européennes. C’est pour nous une part essentielle de l’égalité des droits.
Nicolas Dupont-Aignan (NDA) : Depuis le traité de Maastricht de 1992, les étrangers ressortissants des pays membres de l’Union européenne peuvent voter aux élections locales et européennes. Mais je ne suis pas favorable à l’extension de ce droit aux élections nationales (présidentielles législatives et sénatoriales) car toute instance dépositaire d’une part de souveraineté nationale doit à mon sens être désignée par des citoyens ; or, je ne dissocie pas citoyenneté et nationalité.
Cap Magellan : La participation des ressortissants européens, dont les Portugais, aux élections municipales et européennes reste encore assez modeste : que suggérez-vous pour toucher cette population et l’amener à participer davantage aux scrutins ?
Philippe Poutou : La faiblesse de la participation électorale, l’abstention croissante à l’ensemble des scrutins, est un fait dépassant la question de la participation des Européen.nes aux élections municipales et européennes. Nous défendons un tout autre modèle démocratique, seul à même de rapprocher la population des cadres décisionnels et de nourrir une réelle participation au pouvoir : refus de la professionnalisation de la politique, salaires des élu.es au niveau du salaire moyen, rotation et limitation des mandats, démocratie directe autant que possible etc.. C’est dans ces cadres que nous souhaitons accroitre la participation de tous et toutes à la vie politique.
Nicolas Dupont-Aignan : Le droit de vote des étrangers communautaires aux élections locales et européennes est insuffisamment exercé par défaut d’information qu’il appartient à la puissance publique et aux candidats eux-mêmes de corriger. Je n’ai aucune suggestion particulière à formuler à cet effet.
Cap Magellan : Dans une dynamique européenne, et afin de soutenir la citoyenneté européenne, pensez-vous envisageable que les ressortissants européens puissent voter aux élections de leurs pays au sein de leur Mairie locale, ce qui permettrait notamment d’éviter les difficultés liées aux déplacements dans les consulats respectifs, très souvent éloignés trop éloignés ?
Philippe Poutou : Oui, nous sommes pour faciliter la participation de chacun.e à la vie politique, cette mesure nous paraît donc intéressante.
Nicolas Dupont-Aignan : Il serait en effet plus simple, pour les électeurs concernés, de pouvoir voter aux élections nationales de leur pays dans la ville où ils sont résidents permanents plutôt que dans les consulats, souvent éloignés de leur domicile. Mais j’ai tendance à me méfier des manipulations de listes électorales même à l’ère du numérique.
Relations spécifiques France-Portugal
Cap Magellan : Les relations entre la France et le Portugal sont dites très étroites : comment voyez-vous ces relations et que proposez-vous pour renforcer le lien entre ces deux pays de manière durable et dans plusieurs domaines (économique, politique, européen), au moment où le nombre de Français vivant au Portugal augmente aussi ?
Philippe Poutou : Les relations entre la France et le Portugal sont historiquement marquées par la présence très importante d’une population immigrée ou issue de l’immigration portugaise, largement représentée dans les milieux populaires en France. La défense de cette mémoire ouvrière, de l’histoire des luttes collectives et de l’immigration doit être valorisée.
Nicolas Dupont-Aignan : L’immigration portugaise en France a commencé dans les années 1960 sous l’effet de la dictature de Salazar et pour des raisons économiques. Les Portugais, qui étaient des bâtisseurs, ont ainsi laissé leur empreinte dans les villes de France et l’alchimie culturelle a très bien fonctionné entre nos deux peuples.
Depuis l’entrée du Portugal dans l’Union européenne et les réformes mises en œuvre pour libérer l’économie, le pays a fait un bond considérable au point de devenir aujourd’hui un pays d’émigration, en particulier pour les Français qui y apprécient le climat et la qualité de vie. En dehors des retraités étrangers, qui bénéficient de conditions fiscales attractives, un grand nombre de jeunes vont y installer leur activité en raison d’une plus grande souplesse administrative qui facilite l’entreprenariat. Tenant compte de ces réalités, je considère que la France et le Portugal devraient poursuivre leurs bonnes relations tant sur le plan économique que politique.
Cap Magellan : Le Mozambique est en proie à des attaques djihadistes depuis 2017. La France a fait part, en 2021, de sa volonté de venir en aide à la population, en envoyant des troupes militaires mais aussi un soutien humanitaire. Pensez-vous, au vu de l’ampleur de la crise terroriste, que la France devrait déployer davantage de moyens ?
Nathalie Arthaud : Concernant le Mozambique, depuis 2010, la découverte de gigantesques champs gaziers en mer a attiré dans la région les principales compagnies pétrolières mondiales. Total, ExxonMobil, ENI se partagent l’essentiel du gâteau, financés par le gratin des banques mondiales. Les réserves sont estimées à 5 000 milliards de mètres cubes, du même niveau que celles du Nigeria, où se trouvaient jusqu’à maintenant les principaux gisements d’Afrique. Rien dans ce pactole ne profitera à la population du Mozambique. Le gaz extrait en mer, après avoir été liquéfié dans une usine sur la côte, sera exporté en Europe ou en Asie. Il en sera du Mozambique comme du Nigeria qui, bien qu’étant le premier producteur de pétrole d’Afrique, doit importer la quasi-totalité de celui qu’il consomme, faute de raffineries dignes de ce nom. Les revenus fiscaux générés par les sommes que les compagnies pétrolières voudront bien déclarer iront dans la poche des dirigeants du pays et ne serviront certainement pas, contrairement aux déclarations hypocrites du FMI, à « réduire drastiquement la pauvreté ». La population pour sa part a déjà pu mesurer les maux qu’allait lui apporter l’arrivée des compagnies pétrolières. De nombreux paysans et pêcheurs ont été expulsés de leurs villages pour faire place aux nouvelles installations. Des groupes djihadistes, alimentés en recrues par toutes ces frustrations, ont pris de plus en plus d’ampleur. Ils attaquent les installations et le personnel des compagnies pétrolières, et persécutent les villageois. Si celles-ci entretiennent pour se protéger de véritables petites armées : les villageois, eux, n’ont aucune protection. Le conflit a déjà fait 4 500 victimes, et 250 000 déplacés ont dû quitter leur foyer.
La stabilité et le développement de tous les pays de la planète ne peut dépendre des grands pays capitalistes, parce que ce sont précisément ces pays qui sont responsables de la situation actuelle, de la pauvreté, des guerres, du chaos. L’une des principales raisons de mon engagement dans cette élection c’est la défense des intérêts des travailleurs quelle que soit leur nationalité.
Philippe Poutou : Nous nous opposons à toute intervention militaire française, notamment en Afrique. L’impérialisme français ne défend jamais réellement les intérêts des populations locales, mais celles du capitalisme français et, bien souvent, de cliques autoritaires au pouvoir dans les pays concernés. Ses effets sont destructeurs pour les dynamiques démocratiques, féministes, anti-racistes des pays touchés. La lutte contre le djihadisme ne peut passer que par la solidarité entre peuples, le développement économique, le soutien aux forces démocratiques locales. Cela peut passer par un soutien humanitaire, mais qui doit être indépendant des États. De façon générale, nous soutenons et participons aux campagnes de solidarité liées à des forces issues de la société civile (associatives, syndicales), le plus proches du terrain possible et co-construites avec les populations soutenues.
Nicolas Dupont-Aignan : La France est le seul pays de l’Union Européenne à intervenir militairement en Afrique subsaharienne pour lutter contre le terrorisme islamique qui déstabilise les régimes et affame les peuples. Je ne pense pas que nous ayons les moyens financiers matériels et humains de se déployer seule vers d’autres OPEX. C’est pourquoi une telle opération ne pourrait s’envisager que dans le cadre d’une coopération resserrée entre les pays européens.
Coopération culturelle
Cap Magellan : La France et le Portugal ont décidé en 2018 d’engager des démarches en vue d’une adhésion croisée comme observateurs à la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), pour la France, et à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), pour le Portugal. Selon vous, qu’apportent ces statuts d’observateurs aux relations culturelles des deux pays ?
Philippe Poutou : Nous n’avons pas d’avis tranché, et sommes globalement méfiant envers les institutions internationales le plus souvent très éloignées des intérêts réels des populations.
Nicolas Dupont-Aignan : L’adhésion croisée de nos deux pays comme observateurs à la CPLP et à l’OIF devrait être bénéfique au rayonnement de nos langues respectives. Permettez-moi cependant d’être réservé face à ces grands organismes internationaux. Je ne connais pas la CPLP mais regrette que l’OIF, qui pourrait être un formidable levier pour la francophonie, manifeste si peu d’effroi en constatant que l’apprentissage et la pratique du français recule dans le monde francophone et reste un vecteur de communication des élites intellectuelles.
Cap Magellan : La Saison France Portugal, dont la tenue a été actée en 2018, se tiendra de février à octobre 2022. Placée sous le signe du renforcement des relations bilatérales et du projet européen, elle concernera les domaines de la culture, de l’éducation, de la jeunesse, de l’économie, du sport, et du tourisme. Qu’attendez-vous de cette Saison ? Croyez-vous qu’elle aura beaucoup de retombées et qu’elle pourra servir de tremplin dans le renforcement des liens bilatéraux ? Si oui, comment ?
Philippe Poutou : Nous n’avons pas d’illusion dans l’intérêt réel, pour les populations, de ce type de “saisons”, même si elles peuvent parfois servir de tremplin à des associations utiles.
Nicolas Dupont-Aignan : Je me réjouis de la tenue de la saison France-Portugal de février à octobre 2022 et espère que ce sera l’occasion d’un renforcement des liens économiques, culturels et sportifs entre nos deux pays par des opérations de sensibilisation grand public. C’est précisément à cette période que se déroulera à Yerres l’exposition « Modernités Portugaises » ci-dessus évoquée.
Intégration
Cap Magellan : La Saison sera aussi l’occasion de parler d’Europe et d’intégration, des valeurs d’inclusion, de parité et d’égalité. Par conséquent, pensez-vous que la communauté portugaise est bien intégrée en France ? Selon vous, pourquoi est-elle si discrète dans les médias, dans les études menées sur les populations immigrantes, alors qu’il s’agit de la première communauté européenne et de l’une des premières communautés étrangères de France ?
Philippe Poutou : La communauté portugaise est depuis longtemps une part conséquente et précieuse du prolétariat de notre pays. Sa discrétion, sans doute, est liée à la structure sociale de cette communauté, encore largement liée aux classes populaires. C’est en favorisant l’activité, l’expression et les luttes populaires que l’on pourra aider la communauté portugaise, tout comme d’autres communautés étrangères, à prendre la place qui lui est due en France.
Nicolas Dupont-Aignan : Je ne perçois aucun problème d’intégration de la communauté portugaise en France. Nous partageons en effet les mêmes valeurs civilisationnelles. L’attachement des Portugais aux valeurs du travail et de la vie harmonieuse en société permettent cette coexistence apaisée et enrichissante pour la communauté portugaise comme pour les Français.
Langue portugaise
Cap Magellan : Le portugais est actuellement la cinquième langue la plus parlée au monde, la troisième langue européenne parlée dans le monde (avant même le français), et est la langue officielle du Portugal, Brésil, Angola, Cap Vert, Guinée-Bissau, Mozambique, São Tomé e Principe et Timor-Leste. Comment expliquez-vous que son enseignement en France soit si faible en comparaison avec d’autres langues européennes (50 000 personnes étudient le portugais contre environ 300 000 pour l’italien, 800 000 pour l’allemand, et 2,5 millions pour l’espagnol) ? Que proposez-vous pour améliorer concrètement l’accès des différents publics (élèves de primaire, secondaire, université, enseignement pour adultes, entreprises) à l’apprentissage du portugais ?
Nathalie Arthaud : Étant communiste, internationaliste, je suis pour tous les échanges culturels, linguistiques, culinaires. C’est ce qui fait notre richesse commune. Dans ce sens, je pense comme vous que l’enseignement du portugais devrait être développé, au moins au même niveau que les autres langues que vous citez.
Philippe Poutou : Nous sommes pour l’élargissement du choix des langues vivantes dans le système scolaire, notamment des langues issues de l’histoire migratoire française (portugais, arabes, turc etc.) Cela passe par une augmentation conséquente des moyens donnés à l’éducation nationale (création de postes), à sa réforme générale (mise en avant plus importante des envies et initiatives issues des élèves et de leurs familles), ainsi que par le soutien aux associations investies dans ces questions.
Nicolas Dupont-Aignan : La langue portugaise est une langue magnifique. Nous avons assurément un retard coupable dans la timidité de l’enseignement de la langue portugaise en France. Il faut sortir cet enseignement des seules initiatives locales et l’introduire à part entière dans le panel des langues vivantes en milieu scolaire, universitaire et professionnel.
Vie associative
Cap Magellan : Il existe plus de 800 associations franco-portugaises en France. Comment expliquez-vous que la démarche pour obtenir des subventions publiques pour les associations franco-portugaises soit si compliquée, entre statut « immigrées » et « européennes » ? Que pensez-vous de la baisse de ces subventions alors que les besoins de cette population sont de plus en plus importants ?
Philippe Poutou : Voir réponse précédente : les choix politiques de rigueur budgétaire pour les services publics et le monde associatif sont une constante des dernières décennies. Il faut inverser cette tendance.
Nicolas Dupont-Aignan : Pour moi, il n’y a pas de distinction à établir entre association étrangère européenne ou extra-européenne, dès lors que les subventions sont alimentées par des fonds publics eux-mêmes abondées par des contribuables. Pour avoir été longtemps Maire d’une ville moyenne et être toujours élu local, je peux témoigner des efforts considérables des collectivités en matière de coopération culturelle visant à favoriser des associations culturelles ou d’entre-aide humanitaire. Les procédures pour obtenir une subvention, quel que soit la collectivités sollicitée (Etat, département, région, voire communauté européenne) est toujours un parcours du combattant.
Attrait pour le Portugal
Cap Magellan : Depuis plusieurs années, le Portugal apparait comme une évidence pour beaucoup de citoyens français, que ce soit les retraités qui souhaitent y passer leur réforme ou encore les jeunes bacheliers, de plus en plus nombreux, qui partent étudier au Portugal. Comment expliquez-vous ce phénomène ? L’image du Portugal a-t-elle évoluée en France ? Comment la France voit-elle ces Français qui décident de s’installer au Portugal ?
Philippe Poutou : Nous n’avons pas d’avis sur cette question précise. Nous sommes pour la liberté de circulation et d’installation, et pour favoriser les échanges internationaux.
Nicolas Dupont-Aignan : La réponse à cette question est contenue dans la réponse 4.
Union européenne/Crise
Cap Magellan : Le contexte actuel de cercle vicieux entre crise pandémique et économique préoccupe la population en général. Quelle réponse pensez-vous apporter à la crise actuelle qui touche tous les ménages de France ? Cap Magellan se voit historiquement confrontée quotidiennement à l’arrivée de jeunes, pour beaucoup diplômés, qui viennent du Portugal à la recherche de solutions d’avenir en France. A cette réalité s’en ajoute une nouvelle : la précarité des jeunes face à la crise pandémique mondiale. Quelles solutions avez-vous à offrir ?
Philippe Poutou : Nous vous renvoyons aux dimensions sociales et économiques de notre programme. La question de la répartition des richesses et du travail est celle de choix politiques essentiels. Augmenter massivement les salaires, supprimer les emplois précaires imposés, réduire massivement le temps de travail doit permettre de mettre fin au chômage et à la misère. Cela passe par un contrôle des richesses produites non pas par les capitalistes mais par les travailleurs et travailleuses, au sens large (salarié.es, indépendant.es, jeunesses, chômeurs et chômeuses, retraité.es…). Il faut pour ça une rupture anticapitaliste. Elle est urgente aussi pour lutter sérieusement contre la pandémie, avec des moyens conséquents pour le service public de santé, la levée des brevets sur les vaccins, la nationalisation des laboratoires pharmaceutiques.
Nicolas Dupont-Aignan : Force est de reconnaître que la pandémie qui sévit sur le globe a pénalisé les étudiants qui sont souvent en situation de précarité économique et qui ont de surcroît subi un isolement douloureux. Je pense notamment aux étudiants portugais qui n’ont pu s’en retourner dans leurs familles aux moments des congés. Il est permis de penser que nous sortons progressivement de cette crise. Si l’on en juge par la baisse tendancielle.
Question de fin
Cap Magellan : Quelle est, à vos yeux, la priorité du prochain quinquennat, en ce qui concerne les communautés étrangères, notamment la population lusophone, qu’elle soit issue du Portugal mais aussi de pays de langue officielle portugaise (Angola, Brésil, Cap-Vert, Guinée-Bissau, Guinée-Équatoriale, Mozambique, São Tomé et Principe) ?
Nathalie Arthaud : Je ne serai pas élue et je n’occupe aucun poste qui me permettrait de transmettre certaines de vos demandes. Si j’aspire comme vous à une entente fraternelle entre les populations qui sont majoritairement constituées de travailleurs, je ne me fais pas d’illusion car cela nécessiterait un changement social profond, mettre fin à la propriété privée des moyens de production, cela nécessiterait d’organiser de toute urgence l’économie d’une façon rationnelle pour répondre aux besoins du plus grand nombre.
Philippe Poutou : Nous ne nous faisons pas d’illusion dans la capacité d’un “quinquennat” classique pour changer fondamentalement en positif la situation des communautés étrangères, surtout lorsque celles-ci appartiennent largement au prolétariat. Nous militons pour que, comme le reste du prolétariat, ces communautés puissent se saisir elles-mêmes du pouvoir politique par le biais de luttes sociales décidées et radicales.
Nicolas Dupont-Aignan : Comme je l’ai précisé en introduction de mon propos, je milite avant tout pour l’unité républicaine, l’assimilation des cultures étrangères à notre langue et à nos mœurs. La France s’est construite par des phases sédimentaires successives d’immigration et a toujours prouvé sa capacité d’assurer la coexistence pacifique de tous les citoyens quelles que soient leur race, leur naissance ou leur religion. Mais chacun doit pouvoir conserver son attachement à ses racines culturelles et à son identité, tout en respectant les traditions et mœurs du pays qui l’accueille. Souhaitant avoir répondu à vos questions et en vous rappelant que mon sentiment gaulliste d’attachement à l’assimilation et à la défense de l’unité nationale me dissuade de toute mesure d’exception en faveur d’une communauté ou d’une autre, que je considérerai comme discriminatoire, je vous prie d’agréer, Chère Madame, l’assurance de mes respectueux hommages.
Le dimanche 10 avril, les électeurs sont appelés à voter pour le premier tour des élections présidentielles. Parmi les 12 candidats officiels, seulement deux accéderont au second tour qui se déroulera le 24 avril. Nous remercions les trois candidats qui ont pris le temps de répondre à nos interrogations vis-à-vis de la communauté lusophone en France.
Propos recueillis par Ana Texeira
Une partie de cette interview est à retrouver dans le CAPMag du mois d’avril.
Publié le 31/03/2022
Découvrez notre campagne de citoyenneté “Quem Vota, Conta!” : https://capmagellan.com/qvc/