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16 septembre 2024Après l’incontestable succès de Sur un air de fado, en cette rentrée 2024, Nicolas Barral nous emmène cette fois-ci quelques années encore en arrière, dans la ville de Lisbonne, à la découverte d’un monument de la littérature portugaise : L’intranquille monsieur Pessoa. Une bande dessinée au titre évocateur…
Novembre 1935. Pessoa est mourant et n’a plus pour interlocuteurs que sa voisine infirmière, Maria de Almeida, et Miguel, son petit garçon bègue. Simão Cerdeira, jeune pigiste au Díario de Lisboa, est chargé de rédiger la nécrologie de ce poète dont il ignore tout, si ce n’est que son dernier ouvrage, A Mensagem, a reçu le Prix de propagande. Désœuvré, il va prendre son travail très au sérieux et remonter la piste en interrogeant les gens qui l’ont connu (éditeurs, collègues, famille, etc.). Ces rencontres aideront le jeune journaliste à dessiner le portrait impressionniste d’un génie. En parallèle, Pessoa prépare sa sortie. Aura-t-il le temps d’achever ce livre de l’intranquillité, basé sur les confidences de son ami Bernardo Soares et qui lui tient tant à cœur ? À la manière de Citizen Kane, L’intranquille Monsieur Pessoa offre deux visions croisées et complémentaires de l’un des plus grands écrivains du XXe siècle, entre enquête journalistique et récit intimiste.
N’hésitez pas, avant de vous ruer en librairie pour vous procurer ce formidable ouvrage, à vous (re)plonger dans l’oeuvre la plus importante de Pessoa dont la BD tire ici son titre, Le livre de l’intranquillité, édité – et réédité encore cette fin d’année – par les éditions Christian Bourgois, dans sa version française. Il s’agit du journal que Pessoa a tenu pendant presque toute sa vie, en l’attribuant à un modeste employé de bureau de Lisbonne, Bernardo Soares. Sans ambition terrestre, mais affamé de grandeur spirituelle, réunissant esprit critique et imagination déréglée, attentif aux formes et aux couleurs du monde extérieur mais aussi observateur de « l’infiniment petit de l’espace du dedans », Bernardo Soares assume son « intranquillité » pour mieux la dépasser et, grâce à l’art, aller à l’extrémité de lui-même, à cette frontière de notre condition où les mystiques atteignent la plénitude « parce qu’ils sont vidés de tout le vide du monde ». Il se construit un univers personnel vertigineusement irréel, et pourtant plus vrai en un sens que le monde réel.
« J’ai pris une telle habitude de ressentir le faux comme le vrai, les choses rêvées aussi nettement que les choses vues, que j’ai perdu la capacité humaine, erronée me semble-t-il, de distinguer la vérité du mensonge. »
L’intranquille monsieur Pessoa, Nicolas Barral, éditions Dargaud, septembre 2024.
Marta Serra
Publié le 14/09/2024