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20 octobre 2021Portugal, convidado de honra no Salon Partir Étudier à l’Étranger
23 octobre 2021Découvre le portrait de Marie Vicente de l’association Dona Beatriz :
Je suis Marie Vicente-Lecointre, 57 ans et maman de 3 enfants. Je suis native de la petite ville de Paúl (près de Covilhã), qui est située dans la région de Beira Baixa dans l’arrière-pays centre du Portugal.
Ton lien avec la lusophonie ?
Mes parents et mes racines sont portugaises.
C’est l’histoire d’une petite fille d’immigrés portugais et analphabètes, qui arrive à l’âge de 4 ans en France. L’année de mes 16 ans, mes parents décident de repartir vivre au Portugal pour profiter de leurs vieux jours au pays. À ce moment-là, je fais le choix de rester en France chez l’une de mes sœurs ainées. À l’âge de 18 ans, je pars vivre dans le midi de la France, pour remonter ensuite sur Paris à 22 ans, où je construis ma vie et ma carrière professionnelle.
En 2017, je m’inscris à HEC Paris, prestigieuse École de hautes études commerciales, dans le cadre d’un Master Spécialisé en Management Stratégique, avec pour ambition de travailler sur une thèse qui portera sur les principaux enjeux des entreprises de demain, et qui me servirait ensuite de tremplin pour postuler sur des postes à responsabilités de management et de développement stratégique.
Mais en mars 2018 ma mère décède soudainement, et c’est pour moi le début d’une réflexion profonde à la fois sur mes origines et sur mes véritables priorités dans la vie.
En septembre 2018, l’association Dona Beatriz est créée en hommage à ma mère. Entourées d’une petite équipe de 7 personnes, nous partons de rien, mais avec la formidable envie d’aider les personnes analphabètes et illettrées qui, comme mes parents, n’ont jamais eu la chance d’aller à l’école et qui pourtant ont été de véritables modèles de vie pour leurs enfants.
Étant sur Paris, nos premières actions ce sont d’abord concentrer sur la région parisienne, avec en filigrane, le long travail de préparation de la mise en place du projet de local socio-éducatif dans la ville de Paúl, qui a motivé la création de Dona Beatriz.
En 2020, le hasard fait que mon conjoint se voit proposer une expatriation sur Lisbonne par son entreprise, qui souhaite se développer au Portugal.
Est-ce vraiment un hasard ou un signe du destin ? Je vous laisse seul juge…
Nous arrivons donc à Lisbonne en août 2020 en pleine période de pandémie COVID et avec beaucoup d’incertitudes, et j’ai forcément une pensée pour mes parents qui, plusieurs décennies auparavant ont, eux aussi, tout laissé derrière eux, mais dans des conditions bien différentes des nôtres. C’est à ce moment-là que j’ai su, que plus rien ne m’arrêterait dans la mise en place du local socio-éducatif dans la petite ville de Paúl, au pays de mes ancêtres.
Aujourd’hui, 1 an après, le local est quasiment finalisé et pourra bientôt accueillir les habitants de la ville de Paúl et des villages alentour. Il nous manque encore quelques fonds pour financer les tout derniers travaux, mais je suis confiante en l’avenir…
Quels sont tes projets ?
L’Association Dona Beatriz se donne 3 grands objectifs prioritaires sur la ville du Paúl et ses environs :
- La mise en place d’un local socio-éducatif pour :
- Aider les séniors analphabètes dans l’accomplissement quotidien de leurs formalités administratives.
- Accompagner les adultes désœuvrés dans l’acquisition des compétences nécessaires pour les rendre plus facilement employables.
- Dispenser des cours de langue en direct ou en ligne (portugais, français ou anglais).
- Former les personnes qui ne savent pas ou peu utiliser un ordinateur.
- Guider les adultes dans la construction et la mise en place d’un projet professionnel.
- La création d’une économie circulaire, locale et solidaire par la mise en place d’une petite ferme d’insertion basée sur la culture bio et traditionnelle.
- Soutenir les actions citoyennes locales pour la préservation du patrimoine culturel et naturel de la ville et de la région.
Quelles sont tes inspirations ?
Dans la vie : Mes parents et leur incroyable courage de tout quitter pour partir dans un pays sans savoir ce qui les attendait au bout, mais avec l’espoir de pouvoir donner une vie meilleure à leurs enfants.
Pour la création de Dona Beatriz :
Où sont-ils passés ? Où sont passés les éclats de rires des enfants, les papotages des jeunes filles insouciantes, les promesses des amoureux à qui la vie a tant à offrir, les défis des jeunes hommes audacieux qui veulent séduire ? Où sont passés les chants des hommes qui labourent depuis l’aube, les discussions interminables des femmes qui lavent le linge au bord de la rivière, les veillées des anciens qui transmettent les histoires d’antan qui nous réchauffent le cœur, à la lueur des flammes qui crépitent dans la cheminée ?
Aujourd’hui, je n’entends plus d’échos sur les pavés des ruelles, plus de voix rieuses d’enfants qui jouent, plus de femmes qui discutent bruyamment à l’ombre des maisons, plus de camelots qui braillent inlassablement sur la petite place pour attirer les badauds, et plus d’hommes qui rentrent au coucher du soleil, fourbus, mais fiers de leur journée de labeur.
Aujourd’hui, seul le carillonnement de la cloche de l’église cadence les journées des vieilles femmes qui déambulent, habillées de noir, silencieuses, courbées, le regard rivé sur le sol, et de ces quelques hommes au visage marqué par le temps et coiffés de leur chapeau sombre, qui commentent à voix basse, les dernières funérailles, celles de ma mère.
Petit à petit, et sans que l’on y prenne garde, le temps a fait son œuvre. Et je réalisais, tout à coup, que la petite ville natale de mes parents, mes grands-parents et mes arrières grands-parents, nichée entre les montagnes de pins et d’eucalyptus dans l’arrière-pays du Portugal, et jadis pleine de vie, était plongée dans une sorte torpeur inexorable…
Il serait tentant et si facile d’en rester là, résignée, et de cultiver ce sentiment doux-amer de regret et de nostalgie. Mais cette réalité, je l’ai prise comme une gifle en pleine figure, il y a de cela quelques mois maintenant. Et c’est elle, qui m’a donné envie de comprendre, ou du moins, de chercher à comprendre ce qui avait pu se passer, et à quel moment, une petite ville animée et vivante comme l’était autrefois la ville de Paúl, avait commencé à se vider de sa substance.
À l’ère du marketing territorial, où les acteurs multiplient les stratégies pour valoriser coûte que coûte les attraits de la petite ville, il ne faudrait pas en oublier la vraie question : Qui est-elle… ? Car, la petite ville de Paúl, c’est avant tout, les hommes et les femmes qui la composent, qui la côtoient et qui la vivent au quotidien. La petite ville de Paúl, c’est aussi une relation particulière avec ses habitants, parce qu’elle fait partie de leur histoire, qu’elle a vu naître et grandir leurs enfants, et qu’elle a partagé leurs joies et leurs peines.
Malheureusement, le cas de la petite ville de Paúl n’est pas un cas isolé. Elle n’est, en réalité, que le pâle reflet du scénario classique de la plupart des petites villes rurales… Ce sont donc toutes ces raisons qui ont été ma source d’inspiration pour la création de l’Association Dona Beatriz dans la ville de Paúl au Portugal.
Comment la lusophonie fait partie de ta vie ?
Aujourd’hui, je ne sais pas combien de temps je vais rester au Portugal, mais quelle qu’en soit la durée, je veux optimiser au maximum ce temps pour mettre en place divers projets qui viendront en aide aux Portugais qui en ont besoin.
Quelle est ta ville préférée au Portugal ?
Paúl, ma ville natale. Merveilleuse petite ville, nichée dans la montagne entre les forêts de pins et d’eucalyptus. J’aime les gens d’ici, ils sont authentiques et généreux.
Un mot en portugais ?
“É porque nosso passado é essencial para nosso futuro que agradeço a meus pais os valores que me incutiram e que me fizeram ser quem sou hoje”.
Version FR : C’est parce que notre passé est essentiel à notre futur que je remercie mes parents des valeurs qu’ils m’ont inculquées et qui ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui
Un message pour nos lecteurs ?
Si vous avez envie de vous investir dans une association qui aide les plus démunis ou dans un projet qui a du sens, n’hésitez-pas à nous soutenir, que ce soit en devenant bénévole ou en faisant un don : https://www.helloasso.com/associations/dona-beatriz/adhesions/cotisation-dons-2020-2021