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21 février 2022Le 30 janvier dernier, les presque 11 millions de portugais ont été appelés à se rendre aux urnes pour élire leurs 230 représentants à l’Assembleia da República après la dissolution de l’Assemblée par le président.
Le parti socialiste qui était déjà la première force politique du pays, renforce son leadership en obtenant une majorité absolue à l’Assemblée, ce qu’il n’avait pas obtenu en 2019. Sur les 230 sièges, le PS y envoie 119 députés pour les occuper en recueillant 41,5% des voix, correspondant à plus de 2 300 000 votes. La deuxième force politique du pays reste le PPD/PSD avec presque 28% des suffrages ce qui lui permet d’envoyer 79 députés à l’Assemblée soit 6 de plus que lors des dernières élections de 2019. La troisième force politique à l’Assemblée a toutefois radicalement changé, en 2019 le Bloco de Esquerda récoltait 500 000 suffrages et presque 10% des voix alors qu’en 2022 le BE divise son score de moitié se plaçant à la cinquième place.
Cette année, la troisième place revient au parti Chega! d’André Ventura qui entreprend une avancée majeure par rapport à 2019. D’un peu plus de 1% des voix, de 67 000 votes et d’un seul député envoyé en 2019, le parti d’André Ventura capte plus de 7% des suffrages, soit 410 000 votants ce qui lui permet de placer 12 députés à l’Assemblée. Une autre progression importante est à noter, celle de Initiativa Liberal qui finit avec 200 000 voix de plus qu’en 2019 les conduisant à être la quatrième force politique du pays devant le Bloco de Esquerda. Ces élections ont également vu pour la première fois le parti CDS de Francisco Rodrigues dos Santos ne pas susciter suffisamment de voix pour envoyer un député à l’Assemblée, ce qui n’était encore jamais arrivé depuis 1975.
Le taux de participation a également été salué par les hommes et femmes politiques puisque celui-ci s’élève à un peu plus de 52% contre 48,5% lors des élections de 2019, d’autant plus que la participation n’avait cessé de baisser au cours des dernières élections législatives. On peut toutefois regretter cette satisfaction lorsque qu’à peine plus d’un citoyen sur deux s’est déplacé pour élire les représentants de l’ensemble du peuple portugais.
Toutefois cette progression du PS par rapport à 2019 est à relativiser. Bien qu’il ait obtenu 400 000 suffrages supplémentaires, les autres partis de gauche en ont quant à eux perdu. Le Bloco de Esquerda a perdu 250 000 voix, le PCP-PEV finit avec 100 000 voix de moins et le parti PAN avec 80 000 de moins. Or l’addition des pertes de voix des autres partis de gauche s’approche du total de voix supplémentaires qu’a obtenu le PS lors de ces élections. Plutôt qu’une réelle progression de l’électorat de gauche au Portugal, on peut dire qu’il y a eu surtout une réorganisation des voix de l’électorat de gauche qui se sont concentrées davantage sur le Parti Socialiste. Même si cette compensation des suffrages n’est ni automatique ni mécanique, cela permet d’éclairer d’une manière le score réalisé par le PS.
Bien que le PS possède désormais la majorité absolue, le premier ministre António Costa a rapidement affirmé que posséder la majorité ne signifiait pas « gouverner seul » et que la majorité serait une majorité de dialogue avec toutes les forces politiques. « Le parti socialiste qui était déjà la première force politique du pays, renforce son leadership en obtenant une majorité absolue à l’Assemblée, ce qu’il n’avait pas obtenu en 2019. »
Pour la diaspora portugaise, ce sont 257 791 électeurs qui ont voté lors de ces élections législatives, soit une augmentation d’environ 100 000 électeurs par rapport aux élections parlementaires de 2019, qui avaient réuni 158 252 électeurs. Cependant, plus de 80% des votes de la circonscription Europe et 2% de la circonscription hors-Europe ont été annulés, pour donner suite à une protestation du PSD concernant l’absence de documents d’identification. Nombre de ces votes étaient des votes « contaminés » car comptés sur les mêmes tables que des votes considérés nuls, ce qui fait scandale au sein de la diaspora portugaise qui se sentait déjà peu reconnue avec l’annonce des résultats avant même que ces votes ne soient comptés. Ainsi ce sont 157 205 votes qui ont été annulés, soit la quasi-totalité des votes enregistrés en Europe et hors Europe lors des dernières élections législatives. Pedro Rupio, président du Conseil régional des communautés portugaises en Europe, a réagi en expliquant que c’était « Un jour triste. Car nous pourrions célébrer une augmentation significative du nombre d’électeurs dans la diaspora. Cependant, avec cette situation d’annulation de tant de votes dans le cercle de l’Europe, nous sommes confrontés à une situation sans précédent. ».
Au moment de la rédaction de cet article, plusieurs partis ont contesté l’annulation de ces votes, mais le président Marcelo Rebelo de Sousa a déjà déclaré que cela n’aurait aucune incidence sur la mise en place annoncée pour le 23 février. Finalement, une répétition de l’élection en Europe a été décidée. Elle aura lieu le 12 et 13 mars prochain en présentiel, et ne seront retenus que les votes par correspondance reçus jusqu’au 23 mars.
Victor Soares & Cap Magellan
Étudiant à l’Université Rennes 1
Retrouvez cet article très bientôt, dans le CAPMag de Mars
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Publié le 21/02/2022