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31 mai 2023Le Portugal a pris une décision historique en votant le vendredi 12 mai la version définitive de la loi dépénalisant l’euthanasie. Cette dernière permet désormais aux personnes souffrant d’une maladie incurable et éprouvant des souffrances intolérables de demander une aide médicale pour mettre fin à leur vie.
Le processus législatif fut long et semé d’embûches pour inscrire le Portugal dans la petite liste des pays autorisant le recours à l’euthanasie. Il est seulement le quatrième pays européen à légaliser l’euthanasie, après les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg. Une majorité de 129 député.es du Parti socialiste (gauche), d’Initiative libérale (centre-droit), du Bloc de gauche (gauche radicale), de PAN (parti animaliste) et de LIBRE (parti écologiste) ont permis l’adoption de ce texte, malgré les 81 votes contre, du Parti social-démocrate (droite), de Chega (extrême-droite) et du Parti communiste portugais (extrême gauche).
Le Parti socialiste portugais, au pouvoir depuis 2015, et ses alliés avaient déjà voté à quatre reprises pour la dépénalisation de l’euthanasie. Le décret s’était heurté aux vétos du président portugais M. Rebelo de Sousa, catholique pratiquant, et de la Cour constitutionnelle.
La nouvelle loi impose des restrictions strictes pour éviter les abus. Les patients qui souhaitent recourir à l’euthanasie doivent être majeurs, capables de prendre des décisions éclairées et doivent souffrir d’une maladie incurable et éprouver des souffrances physiques ou psychologiques intolérables. Les demandes doivent également être confirmées par deux médecins indépendants.
Le Portugal est un pays majoritairement catholique, où la question de la fin de vie a suscité de nombreux débats virulents. Une opposition farouche s’est mise en place de la part de certains groupes religieux et conservateurs. Des membres du clergé ont même appelé à la désobéissance civile pour protester contre la loi. En effet, il existe un risque que certains médecins invoquent une objection de conscience pour ne pas pratiquer l’euthanasie, comme c’est déjà le cas pour l’avortement qui est légal depuis 2007 au Portugal. Les opposants à la dépénalisation de l’euthanasie souhaitent que cette loi fasse l’objet d’un référendum et que la Cour constitutionnelle invalide une nouvelle fois le texte.
Malgré cette opposition, de nombreux Portugais soutiennent cette nouvelle loi, arguant que chaque individu devrait avoir le droit de décider de sa propre fin de vie. Ils aspirent également à ce que cette loi puisse permettre de soulager la souffrance de ceux qui n’ont pas d’autres options.
Il reste à voir comment la loi sera mise en œuvre et quel impact elle aura sur la société portugaise. Lorsque les décrets d’application seront publiés, la loi pourrait entrer en vigueur à l’automne.
Une chose est sûre, cette décision inspirera d’autres pays à suivre l’exemple portugais, le Portugal ayant terminé en avril 2023 une Convention citoyenne sur la question de la fin de vie. Le président français Emmanuel Macron a demandé au gouvernement d’élaborer un projet de loi sur cette question d’ici la fin de l’été.
Nathan Canas Das-Neves
Étudiant à IEP Grenoble
Photo : Pexels/Erkan Utu