2019, ano da vítima feminina
31 décembre 2019Janvier : Forum emploi et Roadshow universitaire !
3 janvier 2020Tous les ans, Cap Magellan élit les personnalités lusophones de l’année antérieure. Ceux ou celles qui d’une manière ou d’une autre, se seraient démarqués et dont le tribut serait ainsi reconnu par l’ensemble de l’équipe éditoriale du magazine.
L’année 2019 a été marquée par de nombreuses personnalités, féminines, et c’est ce qui nous semble important de rappeler en ce début d’année. Ce ne sont pas toujours des succès, des victoires, bien au contraire ; et c’est aussi tout ce qu’il reste à faire et ce qui n’est plus acceptable ou tolérable que nous retraiterons ici. La Femme, celle qui lutte encore contre un machisme meurtrier et des inégalités frappantes, mais aussi celle qui malgré cela aura réussi, est ici mise à l’honneur. La Femme est notre personnalité (lusophone ou pas) de l’année 2019.
Retour historique
L’Angola, le Brésil, Cabo Verde, la Guiné-Bissau, la Guiné Equatorial, le Mozambique, le Portugal, São Tomé et Príncipe e le Timor-Leste, qui intègre la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) ont signé un accord en 2017, d’une durée de 5 ans, pour la promotion de l’égalité des genres.
L’idée ici ne sera pas de faire un état des lieux des droits des femmes dans chacun de ces pays, et de voir qui mène la course dans la lutte pour légalité femmes-hommes et pour les droits des Femmes. Car au final, aucun État n’est irréprochable et cette lutte semble encore trop douloureuse pour elles, avec des issues encore trop lointaines.
Nous prendrons plutôt la situation en France comme repère chronologique de la longue marche des femmes vers l’égalité encore inégale.
- 1791 : La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est publiée : « La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits ».
- 1907 : Les femmes mariées peuvent disposer librement de leur salaire.
- 1938 : Les femmes peuvent s’inscrire à l’université sans l’autorisation de leur mari.
- 1944 : Les femmes obtiennent le droit de vote et d’éligibilité.
- 1946 : Le principe d’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines est inscrit dans le préambule de la Constitution.
- 1966 : Les femmes peuvent gérer leurs biens propres et exercer une activité professionnelle sans le consentement de leur mari.
- 1967 : La loi autorise la contraception.
- 1972 : Le principe de l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes pour les travaux de valeur égale est reconnu.
- 1975 : La loi autorise l’interruption volontaire de grossesse (IVG).
- 1983 : La loi établit l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Cette loi sera révisée plusieurs fois par la suite.
La lutte est lente, et sur le chemin les pertes sont considérables.
La réalité de l’inégalité. Le revenu salarial des femmes est inférieur de 24 % à celui des hommes en 2014, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Les femmes subissent davantage les contraintes des enfants au niveau professionnel : seules 72 % des mères de famille ont un travail, contre 85 % des pères, et parmi ces dernières, un tiers (33 %) travaille à temps partiel, contre seulement 4 % des pères en moyenne.
La Femme est donc l’élue de Cap Magellan comme personnalité de l’année 2019, pour toutes ses luttes et tout le chemin qu’il lui reste encore à parcourir. Parlons donc de quelques femmes lusodescendantes ou lusophones qui ont marqué cette année 2019.
Marguerite Stern, le Collectif Collages Féminicides et #NousToutes
À la tête de ce Collectif, qui a reçu au Gala de la Ville de Paris d’octobre dernier, le prix de la meilleure initiative citoyenne, une lusodescendante, féministe, activiste dans la lutte pour le droit des Femmes. Les actions : des campagnes d’affichage dans les rues de toute la France pour alerter la population sur les féminicides. En France, chaque année, environ 220.000 femmes adultes sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint. 12 % des femmes en France ont déjà été victimes de viol. Ces violences sont encore taboues, puisque seules 14 % des femmes victimes de violences physiques ou sexuelles au sein de leur couple osent porter plainte (Le Monde). À l’heure de rédaction de cet article, 147 femmes sont mortes sous les coups de leur compagnon ou ex-compagnon en France. Ce chiffre augmente en moyenne tous les 2 jours. Il y en aura donc plus au moment de votre lecture. Au Portugal, jusqu’au mois de novembre, ce sont 28 femmes tuées dans les mêmes circonstances, la moyenne étant de 3 par mois.
D’autres initiatives sont à souligner dans cette lutte, comme l’initiative Nous Toutes. #NousToutes est un collectif qui fut créée en juillet 2018. Ce collectif mets en place des actions féministes pour l’établissement de l’égalité hommes/femmes. L’une de leur dernière action qui n’est pas des moindre fut la marche du dimanche 24 novembre contre les violences faites aux femmes et l’impunité des agresseurs. Cette marche a rassemblée 150000 manifestants, hommes et femmes confondus, dont 100000 à Paris.
Joacine Moreira, Beatriz Gomes Dias et Romualda Fernandes, femmes politiciennes
Trois femmes noires ont été élues députées au Parlement portugais lors des élections législatives d’octobre dernier, toutes au sein de partis différents, élus dans le cercle de Lisbonne. Une autre curiosité : elles ont toutes des origines guinéennes. Elles sont toutes les trois activistes dans les luttes contre le racisme et leur élection marque un point important dans l’histoire de la démocratie portugaise, indépendamment de leurs couleurs politiques. Rappelons que ce ne sont pas les premières femmes noires élues au Parlement portugais. En 1965, Sinclética Soares dos Santos Torres était alors élue pour la province de l’Angola. En 2015, Nilza Sena avait été élue aussi avec le parti PSD. Sur les 230 députés, c’est la première fois qu’il y a autant de femmes (89, 14 de plus que lors de la dernière formation), et seulement 3% sont noires, ce qui montre qu’il y a encore un long chemin dans la représentativité de la diversité du pays à l’Assemblée.
Gisele Bundchen, Activiste écologique
Gisele Bundchen, mannequin et activiste brésilienne a peut-être défilé pour les plus grandes marques du monde de la mode, mais le combat qu’elle mène pour le climat est bien plus remarquable ! Une protectrice de l’Amazonie ! Elle a sorti un livre en mai 2019 intitulé “Mon chemin en quête de sens” dans lequel elle parle de l’importance de conserver la nature, de ses angoisses, et de sa vie de famille avec Tom Brady.
Greta Thunberg, « Pirralha » écologiste
Jeune fille de 16 ans qui dispense toute présentation dans le militantisme pour la lutte contre le réchauffement climatique. Suédoise, non lusophone certes, mais nous la soulignons tout de même pour son activisme hors pair qui semble en déranger plus d’un. De plus, elle a accosté à Lisbonne après avoir traversé l’Atlantique à bord d’un voilier pour se rendre depuis les Etats-Unis à la COP 25 à Madrid. Bolsonaro, fidèle à lui-même, l’a qualifiée de « pirralha » (gamine) suite à la condamnation de la jeune fille de l’assassinat de deux indigènes en Amazonie. Elle a saisi la perche tendue par le président brésilien en actualisant la description de son profil sur Twitter avec le terme « pirralha » utilisé par Bolsonaro en portugais.
Fátima Cardoso, Médecin et chercheuse
Directrice de l’unité du Sein du Centre clinique Champalimaud à Lisbonne, Fátima Cardoso a reçu le Prix dans la lutte contre du Cancer du Sein au stade avancé en 2019, attribué par la Société européenne d’Oncologie et par l’Alliance globale contre le Cancer du Sein.
Maria João Pires, Pianiste
La carrière de Maria-João Pires débute en 1949 à cinq ans, avec un récital Mozart. Elle a fréquenté le conservatoire de Lisbonne. Elle a grandi dans une famille farouchement opposée à la dictature de Salazar. Maria-João Pires, après avoir vécu six ans au Brésil, pays dont elle a aussi pris la nationalité, en plus de la portugaise, habite aujourd’hui en Suisse au Portugal et en Belgique. Elle a gagné plusieurs prix de renom et vient d’être considérée par la presse étrangère au Portugal comme personnalité de l’année.
Joana Vasconcelos, Artiste
Joana Vasconcelos est une artiste portugaise, née à Paris en 1971, et connue pour ses œuvres d’art. L’année 2019 fut synonyme de succès puisque plus d’un demi-million de personnes ont visité sont exposition « I’m Your Mirror » à la Fundação de Serralves. Depuis Février 2019, un cœur de azulejos embelli la Porte de Clignancourt : une œuvre signée Joana Vasconcelos.
Teresa Villaverde, Réalisatrice
Teresa Villaverde est une réalisatrice portugaise. Elle a récemment réalisé le film “Contre ton cœur” sortie en juin 2019, racontant l’explosion d’une famille dans un contexte de crise sociale. C’est au même moment que le centre Georges Pompidou lui consacre une rétrospective. C’est une femme qui a marqué le monde du cinéma notamment avec “Os mutantes” sorti en 1998.
Cindy da Silva, Influençeuse
Cindy Da Silva est une youtubeuse lusodescendante connue pour ses podcasts qui ont pour but de booster la confiance de ses 263 milles abonnés sur sa chaîne Youtube. En quelques mots : Women Leadership et Empowerment ! Une initiative importante dans la société de nos jours dans laquelle les femmes se sentent oppressées.
Amália Rodrigues, Légende du Fado
Mère du Fado, Amália Rodrigues est la figure emblématique de ce chant qui marque la culture portugaise, inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Avec plus de cinquante ans de carrière, elle marque l’imaginaire collectif des lusophones mais aussi des lusophiles. Femme inoubliable, on fêtera en 2020 son 100e anniversaire.
Si vous avez-vous-aussi vos suggestions de personnalités féminines de l’année, envoyez-les nous par e-mail et nous les publierons sur le site Internet capmagellan.com ! Cap Magellan 295°
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