Les 12 lauréats des bourses Cap Magellan – Império 2018 sont …
28 novembre 2018Les 12 lauréats des bourses Cap Magellan – Império 2018 sont…
1 décembre 2018Cap Magellan a eu le plaisir d’accueillir dans ses locaux Abel Marta, jeune chanteur et musicien français aux origines portugaises, qui a été propulsé sur le devant de la scène lors de la saison 7 de l’émission The Voice. Il a sorti cet été un EP intitulé « Elle est comme ça (Ela Me Faz)». On lui a posé quelques questions pour vous.
Cap Magellan : Peux-tu nous rappeler quel est ton lien avec le Portugal ?
Abel Marta : Je suis né en France, mais mes parents et grands-parents sont portugais. La famille de ma mère habite à Sabugal, et celle de mon père à Vila Nova de Foz Côa. Je me rends donc au Portugal tous les étés au mois d’août, parfois même à Pâques et à Noël.
CM : Comment vis-tu cette double-identité franco-portugaise ?
AM : En fait, quand on est en France, on est émigré et quand on est au Portugal, on l’est aussi. Ici, on nous dit portugais et, là-bas, français. (Rires) Pour moi, c’est une grande chance d’avoir cette double nationalité et d’avoir accès à ces deux cultures que j’aime énormément. C’est notamment très enrichissant pour ma musique.
CM : Comment as-tu appris le portugais ?
AM : C’est grâce à mon grand-père qui parlait beaucoup en portugais dans ma famille que je comprends, mais mon portugais a pris une tournure plus brésilienne à force d’écouter de la musique venue du Brésil. Fan de ce pays depuis tout petit, j’écoute beaucoup de Samba, de Bossa nova, de Forró, d’Axé de Bahia, de musique sertaneja, et bien d’autres. Quand je voyage là-bas, je suis beaucoup plus à l’aise pour parler que quand j’essaie de prendre un accent portugais.
CM : Tu as dédié l’une des chansons de ton EP à ta famille, dans laquelle tu décris le bonheur que c’est de les retrouver chaque été. En quoi était-ce important pour toi de faire cet hymne à tes origines dans ton tout premier disque ?
AM : C’est la famille avant tout chez nous, donc je voulais absolument leur consacrer une chanson. Ils ont toujours été derrière moi. Et c’est grâce à eux que je suis là où j’en suis : on fait beaucoup de musique dans ma famille.
CM : Tu es issu d’une lignée de musiciens ? Peux-tu nous en dire plus ?
AM : Ça a commencé avec mes grands-parents : le père de ma mère chantait pour le plaisir et dans quelques fêtes par ci par là ; de son côté, le père de mon père, accompagné de ses trois frères, jouait du tuba dans une fanfare, en tournée dans les villages au Portugal. Mon père a ensuite commencé à jouer ; ma mère chante également, du fado et de la chanson française. J’ai des cousins et des cousines qui font aussi de la musique. Tout le monde touche un peu à la musique dans ma famille. Mes frères et moi avons donc été bercés dans celle-ci toute notre vie.
CM : Peux-tu nous retracer ton parcours musical avant The Voice ?
AM : Vers l’âge de 5 ou 6 ans, j’ai commencé à jouer des percussions puis de la batterie. C’était le plus facile pour moi. La guitare, c’est venu bien plus tard parce que je suis gaucher, donc ça m’a pris du temps à apprendre comment en jouer. Quand j’ai fini par y arriver, ça m’a énormément plu : j’en jouais tous les jours. Le chant, j’ai appris en imitant Elvis. Tout ça est arrivé vers 16-17 ans.
Par la suite, avec mon frère, on a débuté en jouant dans des soirées privées (anniversaires, mariages) dans les alentours d’Orléans, en tant que DJ mais parfois déjà en live. On faisait ça pour le plaisir. Maintenant, cela fait cinq ou six ans que je vis de la musique, en jouant dans des cabarets parisiens comme le Pau Brasil sur les Champs Élysées et les Trois Mailletz, dans le 5e arrondissement, où Danny Brillant et Zaz ont fait leurs débuts. J’ai d’abord été embauché pour y jouer pendant deux ou trois jours, puis au fur et à mesure sept jours sur sept. On devient un vampire à travailler la nuit ainsi (rires). Je prépare d’ailleurs une chanson à ce sujet : parfois on ne voit même plus le jour, surtout l’hiver, quand on se lève à 17h et qu’il fait déjà presque bientôt nuit.
CM : Le grand public t’a connu à travers l’émission The Voice. Qu’est-ce qui t’as amené à te présenter aux auditions ?
AM : Ma famille, surtout ma mère et mon grand-père, m’a beaucoup poussé à faire une émission télé centrée sur la musique. J’avais pleins d’amis qui avaient déjà fait The Voice, je connaissais quelqu’un qui y participait à chaque saison, mais je crois que je n’étais pas encore prêt. Pourtant j’adore la scène, j’y suis très à l’aise, et on me répétait: « c’est facile, c’est ce que tu fais tous les jours », mais la télévision, la caméra, c’est autre chose.
L’année dernière, j’ai participé à une jam dans laquelle jouait mon cousin et, comme je connaissais bien les musiciens, j’y ai aussi chanté deux morceaux. Après ça, une femme chargée des castings de The Voice est venue à ma rencontre pour me recommander de tenter l’expérience et m’a donné le jour, l’heure et le lieu du prochain casting… mais je ne n’y suis pas allé.
Elle m’a ensuite envoyé les informations d’un autre casting, qui se déroulait à deux minutes à pied de l’endroit où je travaillais. Je me suis donc dit que j’allais y passer rapidement. J’y suis vraiment allé en touriste (rires), sans guitare, accompagné de mon frère. Je suis arrivé à 20h et je devais reprendre le travail à 23h30 : j’ai attendu plus de 2h30, en me disant que je partirai à 23h, et au moment où j’allais quitter la salle, on m’a appelé pour faire l’audition ! C’était à une minute près ! J’étais presque le dernier à passer. J’ai emprunté une guitare à quelqu’un avec qui j’avais sympathisé et j’ai chanté. C’est là que l’aventure a commencé.
CM : Qu’est-ce que The Voice t’a appris, dans ta carrière musicale ou plus généralement ?
AM : J’ai beaucoup appris avant The Voice, pendant ces six dernières années, en jouant avec beaucoup de très bons musiciens et des orchestres très différents. Sans cette expérience, cela aurait été bien plus difficile à The Voice. C’est plutôt en ce qui concerne la gestion du stress et la présence scénique devant la caméra que l’émission m’a beaucoup appris. C’était une découverte totale pour moi. Et désormais, si l’on me propose de faire quelque chose à la télé, je n’hésite plus ! De ce point de vue, The Voice m’a beaucoup apporté et m’a donné plusieurs opportunités. Ça a été une expérience très stressante mais je me suis fait plaisir. J’ai fait trois primes et, même sans gagner, je suis repartie la tête haute.
CM : Au moment du duel ayant précédé ton élimination, Pascal Obispo vous a fait promettre, à Kriill et à toi de mener à bien un projet musical ensemble par la suite. À quand la collaboration ?
AM : Pour le moment, je suis très occupé par plusieurs projets mais on en avait parlé, en effet, alors pourquoi pas ! Mon producteur a par ailleurs envoyé une proposition à Stromae pour reprendre la chanson « Alors on danse » entièrement en portugais, comme je l’avais fait pour ce duel (« Agora Dance »).
CM : Quels sont tes projets à venir ? A quoi peuvent s’attendre les fans d’Abel Marta pour 2019?
AM : J’ai pas mal de projets en cours donc l’album est encore en chantier mais il devrait sortir au printemps 2019. Suite à l’album, on veut mettre en place une tournée. Je commence déjà à avoir des demandes de concerts de part et d’autres. Et des projets confidentiels sont à venir (rires). Je ne peux pas trop en dire mais je vais intégrer une nouvelle émission télé et je viens d’être contacté pour intégrer une série française connue, pour un rôle en rapport avec la musique. J’ai envie de faire comme les Américains, qui chantent, dansent et jouent la comédie (rires). Je n’ai fait qu’un court métrage pour le moment mais on verra !
CM : Dans ton prochain album, comptes-tu poursuivre sur la veine franco-portugaise ou envisages-tu de créer des chansons seulement en français, seulement en portugais, ou bien dans d’autres langues ?
AM : Pour l’album à venir, je vais continuer à mélanger les deux langues. Mais j’aimerais également intégrer une chanson en portugais et une autre en français. On me demande souvent de chanter uniquement en portugais.
CM : D’ailleurs, des opportunités se sont-elles présentées à l’étranger pour toi jusqu’ici, notamment au Portugal ?
AM : Pas pour le moment mais je m’y prépare, notamment en songeant à écrire des chansons entièrement en portugais pour toucher le public du Portugal. S’il y a une possibilité, j’aimerais également étendre ma carrière au Brésil ou aux Etats-Unis.
CM : Cap Magellan t’a invité à monter sur scène lors de la soirée de Gala du 13 octobre 2018 avec l’artiste portugais António Manuel Ribeiro du groupe de rock UHF ainsi qu’avec Sherley Paredes, qui a également participé à The Voice. Qu’en as-tu pensé ?
AM : C’était une belle expérience. J’étais vraiment content de chanter avec António Manuel Ribeiro, un artiste portugais que j’adore. J’ai grandi avec ses musiques. Dans les bals portugais, on sautait tous dès que ses chansons démarraient (rires). C’était un vrai plaisir d’avoir cette opportunité. Et je l’ai vécu comme un petit avant-goût d’une soirée au Portugal.
Merci à Abel Marta de nous avoir rendu visite et d’avoir répondu à nos questions.
Propos recueillis par Caroline Gomes
CAPMag 283 – Décembre