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17 décembre 2024Depuis fin octobre 2024, le Portugal connaît des violences urbaines après la mort d’Odair Moniz, un homme noir de 43 ans originaire du Cap-Vert, tué par la police à Cova de Moura, dans la banlieue de Lisbonne. Cet événement a déclenché une vague d’indignation et de protestations, amplifiées par des problématiques de fond touchant les relations entre forces de l’ordre et communautés marginalisées.
Dans la nuit du 22 au 23 octobre, Moniz, suspecté de tentative d’agression armée, a été abattu par la police lors de l’opération. Pendant plusieurs nuits, les rues de quartiers comme Cova da Moura et Amadora, où Odair Moniz vivait, ont été le théâtre d’affrontements entre jeunes et forces de l’ordre, un scénario qui met en lumière les tensions sociales et raciales qui secouent le Portugal. En effet, ces quartiers, où résident de nombreuses familles d’origine africaine, sont souvent associés à une précarité économique et à un chômage élevé, ce qui contribue à un profond sentiment de marginalisation et de méfiance envers les autorités.
Le décès de Moniz a ravivé les tensions sur des questions de racisme et de brutalité policière dans un pays confronté à une crise sociale et économique de plus en plus marquée. Les manifestations, parfois violentes, ont également vu l’apparition de slogans dénonçant le racisme et les abus policiers tandis que des milliers de personnes ont défilé à Lisbonne pour exprimer leur opposition aux discriminations subies par les communautés afro-descendantes. Des associations de défense des droits civiques, dont Amnesty International, dénoncent depuis des années des pratiques de contrôle de la police jugées discriminatoires envers ces communautés, alimentant la perception d’un racisme systémique au sein des institutions portugaises.
Ce mouvement de contestation a également nourri un débat politique de fond. Pour apaiser durablement la situation, de nombreux observateurs soulignent la nécessité d’une réponse politique complète, alliant réforme des pratiques policières et investissement dans les quartiers défavorisés. Les partis de gauche appellent à une refonte des forces de l’ordre, allant jusqu’à proposer la dissolution de certains services de police. Bien que cette proposition ait divisé les opinions, elle trouve un écho chez certains militants et personnalités progressistes qui estiment qu’une réforme en profondeur est nécessaire pour restaurer la confiance entre la police et la population. Toutefois, certains responsables politiques redoutent qu’un affaiblissement de la police aggrave encore l’insécurité et les violences urbaines.
Malgré une reprise économique après la crise de la dette des années 2010, les inégalités persistent et continuent de peser sur les jeunes générations issues de l’immigration. Le gouvernement portugais se retrouve donc aujourd’hui face à un défi majeur : trouver des solutions pour rétablir la paix sociale tout en répondant aux attentes de justice et d’égalité portées par les manifestants. Cette crise pourrait bien marquer un tournant pour le Portugal, dans sa manière d’aborder les questions de racisme, de sécurité et d’inclusion sociale.
Marie Sobral
Sources : Le Monde, Euronews, France 24
Image : Euro Topics
Publié le 17/12/2024