Interview avec Chloé de The Voice
19 avril 2019Entrevista de João Cardoso
24 avril 2019Cette année, 12 postes sont proposés au CAPES de portugais, interne et externe, un nombre qui reconnaît la nécessité dont l’ADEPBA se fait l’écho depuis longtemps. Tout récemment, le 14 mars, le Portugal vient d’approuver, certes tardivement, l’accord signé en 2017 avec la France pour la promotion et la diffusion de chacune des langues par chaque partie signataire. Et c’est à ce moment qu’un mauvais coup se joue contre la langue portugaise, exclue de la liste des enseignements de spécialité par la réforme qui entrera en vigueur à la prochaine rentrée 2019.
La protestation de l’ADEPBA n’a rien à voir avec une stérile résistance au changement, ni avec un réflexe corporatiste. Si le Bac et la formation générale des lycéens doivent être améliorés, soit ! Mais le portugais n’a pas à en payer les frais, car devant le manque de perspectives créées par cette réforme, les élèves risquent de se détourner de la LVA ou LVB portugais dans la mesure où ils ne pourront pas en approfondir l’étude en spécialité.
L’ADEPBA demande que le choix des langues pour cet enseignement de spécialité LLCE soit ouvert aux langues dites, par le ministère, « rares » (le portugais est langue d’usage pour 250 millions de personnes sur quatre continents !) en tenant compte de leur aire d’implantation (singulièrement en Guyane, à la frontière avec le Brésil !), quitte à créer des pôles stratégiques (EIE : Enseignement Inter Établissements) dans divers lycées où les élèves iraient suivre cette spécialité. Bien sûr, cette demande s’applique encore au réseau des établissements français à l’étranger AEFE.
Le choix de la langue au baccalauréat est un droit, les candidats pouvant permuter les langues lors de l’inscription à l’examen : il faut donc maintenir ce droit de permutation entre LVB et LVA d’une part, et entre LVC et LVB pour les candidats suivant un enseignement de portugais dans leur établissement. L’option facultative (LVC), ancienne LV3, n’a pas d’épreuve au Bac, elle est noyée dans les 10% du contrôle continu et ne représentera plus que 0,4 % de la note finale. Le bénéfice étant minime, les élèves ne la choisiront plus : à quoi bon dans ces circonstances surcharger l’emploi du temps… L’ADEPBA demande que l’option LVC soit valorisée par un coefficient 2, comme l’est à l’heure actuelle la LV3 (option facultative mais dont les points au-dessus de la moyenne sont multipliés par 2), afin de valoriser le choix des élèves, afin de préserver l’enseignement des langues autres que les habituelles.
Divers organismes portugais ont exprimé leur surprise devant ce projet de réforme qui va à l’encontre des engagements de la France, qui exclut une grande langue du monde, qui bafoue une forte minorité en France même, et qui aboutit à une nouvelle accentuation de la présence de l’anglais. Tout cela n’est pas acceptable et n’est que le fruit d’un aveuglement officiel face au rôle et au statut d’une langue de culture et de négoce. Et s’il s’agissait d’une question de financement, répondons que tout n’est pas « marchandisable ». Ajouter son nom aux plus de 5000 signatures de cette pétition est une urgence.
Christophe Gonzalez,
Président de l’ADEPBA