Mélange de nostalgie et de mélancolie, le fado illustre à lui seul un mot, un sentiment, que personne n’a encore pu traduire véritablement, la « saudade ».
La « saudade », c’est sûrement ce qui a poussé Chloé Esteves, 21 ans, originaire de Montpellier, à chanter et à nous raconter son histoire.
D’un naturel simple et jovial, Chloé a préféré utiliser le tutoiement et s’est livrée sans filtres.
Chloé : (Rires). J’ai laissé tomber mes études, du jour au lendemain, j’ai dit à ma mère que je voulais faire de la musique. J’étais en mention complémentaire, après mon CAP coiffure. A une pause dans ma journée, je me suis dit « Ce n’est pas du tout ce que je veux faire », j’ai eu le déclic. Je me suis dis qu’il ne fallait pas que je me lève le matin et aller au boulot à reculons.
Chloé : Je pense que dans ma tête, c’était déjà fixé. Même si ma mère m’avait dit « non », j’aurais tout fait pour lui faire accepter. Elle m’a laissé une petite chance et pour le coup, j’ai réussi !
Chloé : Je chante depuis toujours. Mes deux parents sont portugais. Du côté de mon père, la musique est ancrée dans la famille, tout le monde chantait beaucoup. J’ai arrêté du jour au lendemain, sans aucun plan en tête mais pour faire ce qui me plaisait.
Chloé : Des vieilles chansons portugaises, du fado etc. Cela fait 14 ans que je ne parle plus portugais. Pendant 14 ans je n’ai plus parlé à mon père. Depuis quelques jours, avec mon aventure sur The Voice, j’ai repris contact avec lui et qu’il me remet dans le bain.
J’ai chanté une chanson qui représentait ma « Vóvó », ma grand-mère, mon père n’avait pas écouté cette chanson depuis son décès et nous avons eu un électrochoc tous les deux, ça a permis de renouer les liens.
Chloé : Je suis portugaise. Mes racines sont très importantes. J’ai toujours écouté des chansons portugaises. Je savais que c’était en moi, cela me faisait toujours vibrer, cela résonnait naturellement en moi directement. Et à la maison, tout le monde parlait portugais.
Malheureusement, je n’y suis pas retourné depuis 14 ans, mais j’y retourne cet été normalement. Mon père est originaire d’un petit village à côté de Braga.
Chloé : Pas du tout, ce n’était pas le genre de musiques que je chantais sur scène. C’était vraiment dans mon intimité, je chantais pour moi, comme ça. Mais je n’avais pas la confiance pour reprendre un fado parce que c’était beaucoup trop important pour moi. Quand j’ai chanté du fado pour la première fois à mes amis ils m’ont dit « c’est ça que tu dois chanter ! ».
Je chantais plutôt de la pop, du blues et de la soul, notamment à l’Académie de musique de Nancy qui m’a permis d’évoluer.
Chloé : Ce sont mes racines, mes origines, je voulais que le coach aime cette partie de moi pour « coller ». Je voulais absolument chanter du portugais pour faire The Voice et que les gens s’ouvrent un peu et qu’ils découvrent le fado. C’était une chanson qui me rappelait ma famille, ma grand-mère, et cela résonnait beaucoup en moi.
Chloé : C’était fou ! Je n’avais pas l’habitude, je ne m’attendais pas à tant d’émotions et je suis très émotive. J’étais touchée et c’était exactement l’effet que je voulais.
Chloé : A ce moment-là, je ne savais plus où j’étais. Je me disais « maintenant écoute ce qu’ils vont te dire ». C’est un peu flou et c’était très rapide et très long à la fois dans ma tête. Beaucoup d’émotions se sont mélangées en même temps.
Chloé : Je voulais que l’on retienne ça. Je ne voulais pas non plus que l’on me mette dans une case « elle ne chante que du portugais » ou « que du français » ou de l’anglais. Mika a bien cerné les deux parties.
Chloé : Je voulais absolument que ma mère et mon frère aient un électrochoc. Du coup, lorsqu’ils me l’ont proposé j’étais très motivée. Ma mère était très émue.
Chloé : (Rires). C’est vrai, je ne sais pas mais il faut que le texte me touche. C’est vrai que ce ne sont pas des musiques où je cours de partout, mais je sais faire les deux. Je chante aussi beaucoup d’autres choses !
Chloé : J’ai mis beaucoup de temps à réaliser, je ne pensais pas aller à l’étape suivante. Quand je suis arrivée pour les coachings, j’étais perdue et Soprano m’a beaucoup rassuré, il m’a mis à l’aise même hors caméra. Il a été attentif avec moi.
Chloé : Mika m’a dit de magnifique chose, j’en suis encore beaucoup touchée et je ne le remercierai jamais assez. Mais Soprano me faisait penser à moi, il ne trouvait pas ses mots un peu comme moi.
En allant à la Family room il m’a glissé « moi aussi j’ai galéré pour faire de la musique ». On a eu un lien tout de suite, et du coup je suis allé avec lui. Je me suis reconnue par rapport à sa musique et sa personnalité.
Chloé : Pour l’instant je vais m’acheter du matériel pour tourner moi-même. Je veux aussi me remettre au portugais, j’aimerais faire l’année prochaine des dates au Portugal et pouvoir reparler. Et j’en ai envie. Je le lis et je le comprends mais je vais me remettre à l’apprentissage de la langue. Beaucoup de médias portugais ont parlé de moi et j’étais très heureuse. Je vais me remettre au portugais avec mon père.
Chloé : Que cela marche pour moi en tant qu’artiste franco-portugaise !
Par Diego Venceslau