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3 mai 2024Madeleine Pereira vit et travaille à Angoulême (la ville de la BD par excellence), quand elle n’est pas ailleurs. Diplômée de l’ESAL d’Épinal et de l’EESI d’Angoulême, elle crée des bandes dessinées lors de plusieurs résidences telles que la Maison des auteurs d’Angoulême, le Zinc Grenadine à Épinal, jusqu’en Serbie, à Pancevo.
Borboleta est sa première bande dessinée publiée aux éditions Sarbacane.
« Hé, Madeleine, ça se voit que t’es portugaise, t’as le M de Macdo à la place des sourcils. »
Madeleine est sans cesse ramenée à ses origines ; et pourtant, ses connaissances sur le Portugal se limitent à Cristiano Ronaldo, aux blagues xénophobes sur les « Guesh » et à la langue, tout de même, que son père lui a transmise. Mais ce dernier, qui est arrivé en France à douze ans, refuse obstinément de parler de son pays natal et de son enfance sous la dictature.
Toutefois, la jeune femme a besoin de renouer avec ses racines et, puisque son père ne veut pas parler, elle ira chercher des réponses ailleurs. À commencer auprès de ses amis, immigrés portugais, qui ont eux la langue bien pendue. De la région parisienne à Lisbonne, Madeleine recueille leurs récits de vie. Peu à peu, elle remonte le fil de l’histoire du Portugal et, à travers elle, tente d’en apprendre plus sur elle-même.
Dans un style solaire et naïf en apparence, mais empreint de tendresse et de poésie, Madeleine Pereira esquisse les souvenirs de ceux qui, enfants encore, ont bravé la frontière pour fuir la dictature. Progressivement, de témoignage en témoignage, Madeleine s’approche ainsi de l’histoire familiale, étroitement entrelacée avec le régime dictatorial. Les histoires des témoins côtoient la grande Histoire, avec, à son paroxysme, la révolution des œillets.
Une bande dessinée où quarante-huit années du régime du Estado Novo sont racontées avec humour et respect, accessible de 8 à 88 ans.
« J’ai fait plusieurs recherches, en regardant sur RTP Arquivo par exemple, ma sœur m’a aidé également parce qu’elle est professeure de portugais au collège et avait donc de la documentation. Je me suis beaucoup renseignée. Pour représenter les appartements lisboètes des années 50, je me suis aidée de séries portugaises de ces années-là. Je prenais des captures d’écran pour reproduire le style des intérieurs. Je précise tout de même que je ne suis pas historienne. Ce qui m’intéresse vraiment ce sont les histoires de famille et la façon dont les personnes ressentent les choses. » (interview disponible sur le site de Cap Magellan)
Borboleta, Madeleine Pereira, éditions Sarbacane, avril 2024.
L’interview de Madeleine Pereira est disponible sur capmagellan.com.
Marta Serra, Assistante éditoriale aux éditions Passiflore
Article issu du CAPMag de mai 2024
Publié le 03/05/2024