Interview de Duarte
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14 octobre 2024Le 5 septembre 2024, et après plus de 50 jours sans gouvernement, un premier ministre a été nommé en la personne de Michel Barnier. Les nombreuses consultations menées par le Président Macron avaient pour objectif de trouver un premier ministre garantissant l’équilibre des institutions républicaines.
Les résultats des élections législatives de juin dernier ont consolidé deux blocs s’opposant frontalement, le Nouveau Front Populaire (NFP) rassemblant La France Insoumise, le Parti socialiste, le Parti communiste et les Écologistes, et le Rassemblement National. A ces deux blocs distincts, une troisième force se constitue, celle qui ne voulait pas des extrêmes, à la fois issue du parti présidentiel, du camp centriste et de la droite républicaine. C’est au milieu de ce nouveau paysage politique français que le Président Macron a tâtonné. Le refus de la candidature pour le poste de premier ministre de Lucie Castets, alors qu’elle est proposée par le groupe majoritaire à l’Assemblée avec 182 sièges, l’a été pour des motifs de « stabilité institutionnelle ». Les consultations menées ont conclu qu’un gouvernement issu du NFP conduirait à une motion de censure de la part de toutes les autres sensibilités politiques. Bien qu’obtenant 143 sièges, il n’a jamais été question que le Rassemblement National puisse gouverner la France, pour des raisons politiques, mais aussi pour les mêmes raisons de « stabilité institutionnelle ».
Dès lors, les deux extrêmes n’étant pas/plus dans la course à Matignon, le choix d’un Premier Ministre ne pouvait se faire que dans des forces politiques plus hétérogènes. Le parti présidentiel Ensemble, deuxième en nombre de députés avec 168, ne semblait pas garantir non plus cette « stabilité institutionnelle ». Cela aurait été de faire fi du résultat des élections législatives qui ont désavoué la politique menée par le Président et être soumis à la censure des deux extrêmes. C’est alors vers une force politique historique, mais minoritaire lors de ces élections avec seulement 45 sièges, que s’est tourné le Président français : celle des Républicains. C’est le nom de Michel Barnier qui est ressorti et qui a été nommé Premier Ministre. Vétéran de la vie politique française et européenne, la nomination de Michel Barnier tient sur un équilibre enfin trouvé, mais précaire. Fabien Roussel, secrétaire national du Parti Communiste Français et membre du NFP annonce que « la motion de censure est sous le coude, elle est prête » ; Jordan Bardella, président du RN, prévient que « si Michel Barnier est le continuateur d’une politique qui a été conduite par Emmanuel Macron, alors ce gouvernement tombera ».
Cette nomination place alors le RN dans la position de « faiseur de roi ». Elle semble contenter les forces issues des partis présidentiels et républicains, tandis que la gauche, dans l’impossibilité de voter une motion de censure seule, se trouve isolée sur l’échiquier politique, forcée d’accepter cette nomination. Le RN se retrouve, paradoxalement aux résultats des législatives, dans une position politique favorable avec la nomination de Michel Barnier, une éventuelle motion de censure ne pouvant se concrétiser qu’avec leur vote. A 73 ans, le nouveau Premier Ministre devient aussi un funambule devant sélectionner et tirer les bons fils pour mener à bien sa politique.
« Vétéran de la vie politique française et européenne, la nomination de Michel Barnier tient sur un équilibre enfin trouvé, mais précaire »
Victor Soares
Photo : Wikimédia
Publié le 14/10/2024