Les clubs portugais et la nouvelle réforme des Coupes d’Europe
14 novembre 2024Interview de Patrick Straumann
15 novembre 2024Les élections générales du Mozambique ont eu lieu le 9 octobre 2024, sans incidents notoires. Malheureusement, de nombreuses dénonciations de fraude électorale surgissent. Alors que le pays est plongé dans une profonde crise économique et sécuritaire, entre corruption et manquements démocratiques, au lendemain des élections générales, quelles perspectives s’offrent au Mozambique ?
L’avenir politique du Mozambique ne présage rien d’optimiste. On aimerait émettre l’hypothèse d’un possible retournement de situation lors des élections, hélas, cela paraît peu probable. Daniel Chapo, candidat du FRELIMO, le parti gouvernemental au pouvoir depuis 1975, devrait être élu président. Des partis d’opposition existent, mais ne peuvent espérer accéder aux postes de pouvoir. La main mise du FRELIMO est totale. Déjà, l’intégrité du processus électoral est questionnable. En effet, tous les appuis gouvernementaux possibles sont employés, les données électorales sont faussées et la Commission nationale électorale discréditée par sa proximité avec le parti gouvernemental.
Le manque de culture démocratique se fait ressentir, certes, il est préjudiciable, mais peut-on en tenir rigueur à ce peuple ? Un peuple menacé par le danger terroriste, touché économiquement et réprimé lorsqu’il s’insurge à l’image des protestations lors des élections municipales de 2023 qui firent plusieurs morts.
Du point de vue sécuritaire, la situation est alarmante. Au nord du Mozambique, dans la région du Cabo Delgado, Ansar al-Sunna, une insurrection terroriste reliée à l’Etat islamique, sévit depuis 2017. Elle s’appuie sur la misère qui y règne afin de recruter des soldats. L’impuissance des pouvoirs publics ne permet pas d’assurer la sécurité de la population du district, entraînant des migrations internes, fuyant les massacres. En réponse, une force armée SAMIN est déployée en 2021 par les pays membres de la SADC, principalement par le Rwanda, pour contrecarrer les avancées djihadistes. Malheureusement, en raison du budget conséquent pour ces pays, certains se retirent progressivement alors que la situation n’est toujours pas stabilisée. Aussi, l’UE reçoit des pressions de Kinshasa afin de stopper son financement à l’armée rwandaise pour son intervention au Mozambique.
L’implication de l’UE s’explique notamment par la découverte d’importants gisements gaziers en 2011 au Cabo Delgado, dont le géant pétrolier Total en acquiert l’exploitation. Les heurts causés par Ansar al-Sunna retardent le processus, stoppé en 2019, des attaques ciblées touchent spécifiquement le site, on dénombre ainsi de nombreux morts parmi les sous-traitants locaux de Total. Des populations locales auraient même été séquestrées en 2021 par des soldats mozambicains assurant la protection du site d’exploitation Mozambique LNG, de quoi surenchérir dans l’inquiétude. La richesse dont regorge la région, une bénédiction en apparence, devient la cause d’affrontements. Une manne financière dont ne bénéficie pas la population qui en subit les pires retombées sécuritaires. Daniel Chapo avance la reconquête de la province comme un des objectifs principaux de son mandat.
Ainsi, la « malédiction des ressources » est un véritable mal dont souffre cette région. Même si Daniel Chapo avance la reconquête de la province comme un des objectifs principaux de son mandat. La population se sent délaissée par Maputo et ces élections ne sont malheureusement pas la tribune espérée, les voix souffrantes du Cabo Delgado au nord ne sont pas plus entendues que celles des oppositions comme « Mais Integridade » au sud dans la capitale. Les Mozambicains méritent d’être entendus et aidés.
Tiago Cardoso