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18 novembre 2025Fabienne Magnant est guitariste, compositrice et pédagogue française. Elle a publié son dernier album Cordas sensíveis/Cordes sensibles le 7 novembre dernier et sera sur la scène des 2 Pianos pour le présenter le 4 décembre prochain. Cap Magellan a voulu en savoir plus lors d’une interview exclusive.
Cap Magellan : Bonjour Fabienne, j’espère que tu vas bien. Tu es guitariste, compositrice et pédagogue française. Tu sors aujourd’hui le 7 novembre, ton album Cordas sensíveis/ Cordes sensibles, que tu présenteras le 4 décembre sur la scène des deux pianos à Paris. Depuis combien de temps travailles-tu sur cet album ?
Fabienne Magnant : Cela fait une dizaine d’années que je travaille sur ce projet.
Cela a nécessité un cheminement artistique et l’idée du disque est venue au fur à mesure de mes compositions, mes rencontres artistiques, mes concerts suite à la sortie de mon quatrième album La Trinidad, chez Buda Musique en 2011. Ce que je souhaitais pour ce nouvel album, était vraiment de pouvoir jouer avec d’autres artistes. Mes anciens disques étaient totalement solistes, cette fois ci tout en gardant quelques solos, je souhaitais partager l’espace dans les studios d’enregistrement, comme je le faisais déjà sur scène Après avoir fait quelques tournées au Brésil et en France, j’ai fini par avoir un répertoire cohérent pour le proposer dans ce nouvel album.
CM : Quelles sont tes attentes par rapport à la sortie de cet album et à ce concert sur la scène des deux pianos ?
Fabienne Magnant : Je souhaite tout d’abord montrer ma vision plurielle de la guitare. Je joue de la musique brésilienne, de la musique classique, du flamenco, je compose et travaille avec d’autres musiciens d’univers variés, issus des musiques du monde, du jazz. Mon album est tout cela.
Le fait de jouer sur une scène parisienne qui plus est au Deux Pianos, le 4 décembre prochain, lieu ouvert sur les musiques du monde et le jazz, s’adresse à un public curieux et ouvert à la découverte d’univers nouveaux. Cette scène parisienne dans le 15e est l’occasion unique de pouvoir montrer en live, cet album sorti chez l’éditeur Music Box Publishing pour l’abum en digital depuis le 9 mai 2025, puis chez Inouïe Distribution pour la sortie CD depuis le 7 novembre dernier.
Nous jouerons avec le quatuor Dominique Muzeau, basse électro acoustique, Akiko Horii, percussions, et Samuel Thézé, clarinette basse, avec un musicien carioca invité Abel Luiz à la viola.
CM : Comment décrirais-tu cet album?
Fabienne Magnant : Le nom lui-même « Cordes Sensibles » explique beaucoup : ce sont tous les univers de la guitare dans leur version acoustique, intimiste.
Le flamenco y est représenté mais ici en soliste, un style qui m’est cher, celui de Sabicas comme dans mon album précédent la Trinidad, ou ici avec Paco de Lucia. Je joue également d’une guitare brésilienne à dix cordes doublées métalliques qui s’appelle la viola caipira, instrument d’origine portugaise au départ, du temps où les jésuites sont arrivés au Brésil au XVIe siècle. C’était un instrument religieux à l’époque et qui est devenu populaire avec le temps. La viola caïpira instrument emblématique du Brésil , très peu connue en Europe, possède un timbre unique sur lequel j’aime composer mais également arranger des pièces traditionnelles brésiliennes. En gardant mon intérêt évident pour ma guitare classique au travers mes compositions ou pièces classiques comme le Prélude 1 de Villa Lobos, ces trois guitares à cordes pincées associées sont pour moi autant d’univers, d’expressions différentes qui se complètent totalement dans ce nouvel album.
Pour ajouter un brin d’originalité, j’y ai également proposé des poésies crées et lues par les artistes dans 4 pièces composées.
CM : Concrètement, quelle est la différence entre la viola caipira et la guitare classique ?
Fabienne Magnant : La viola caipira est une guitare plus petite, qui a des cordes en métal, alors que la guitare classique a des cordes en nylon dans les aigus et des cordes filées dans les basses. Elle en a 6 et la viola en a 10. Ce sont des cordes doublées, un peu comme une mandoline par exemple, ce qui donne la sensation d’une grande richesse harmonique que l’on n’a moins sur une guitare habituelle, classique et que j’aime tout autant. Elle offre un potentiel de création complètement nouveau et très intéressant à développer. C’est une sorte d’ancêtre de la guitare baroque, sauf qu’elle a perduré au fil des siècles et est devenue populaire au Brésil.
CM : Pourquoi la guitare ?
Fabienne Magnant : Je ne sais même pas l’expliquer. C’est vraiment le timbre de l’instrument qui m’a toujours parlé depuis ma tendre enfance. Je crois que la première fois que j’ai été fascinée par l’instrument, je devais avoir 5 ans. Je n’ai pas commencé à jouer à ce moment là (j’ai commencé à 12 ans l’apprentissage de la guitare), mais j’entendais des concerts, j’entendais ma voisine jouer, ou des petits concerts à la terrasse des restaurants en Espagne, et c’est vrai que cela a toujours été pour moi une évidence de jouer sur cet instrument. Lorsque je suis rentrée au conservatoire c’est devenu vraiment une évidence, mon instrument, ma voix, l’instrument qui vibre en osmose avec moi.
Le fait d’avoir découvert des cultures encore nouvelles pendant et après mes études classiques a été une révélation pour moi. J’avais vraiment envie de montrer autre chose que la guitare classique uniquement, tout en gardant cet esprit rigoureux et le répertoire appris du monde classique au conservatoire que j’adore. Mes explorations et les diplômes passés au conservatoire et en pédagogie m’ont permis tout cela.
CM : Le choix s’est un peu imposé à toi, finalement. C’est la guitare qui t’a choisie.
Fabienne Magnant : Exactement. Je ne suis pas issue d’une famille de musiciens. C’est vrai que mes parents étaient très mélomanes, il m’ont simplement suggéré cet instrument, j’ai du d’ailleurs attendre de faire 3 années de solfège pour que se libère une place dans la classe de guitare et pouvoir commencer ! Et cela a été très vite une fois rentrée jusqu’à ma professionnalisation.
CM : Après avoir étudié au conservatoire, à 25 ans tu as décidé de partir au Brésil. D’où t’es venue cette envie d’aller là-bas en particulier ? Qu’est-ce que ça a changé pour toi au niveau de tout ce que tu avais appris au conservatoire ?
Fabienne Magnant : C’est que j’ai eu une vie parallèle. J’ai eu ma vie au conservatoire et j’étais aussi une éternelle passionnée de la guitare, donc j’allais dans les magasins de disques et j’écoutais tout ce qu’il était possible d’écouter, de la musique dite classique, du rock, des musiques du monde … À l’époque, nous n’avions malheureusement pas les plateformes, nous avions juste des magasins de disques et nous écoutions les disques qui venaient de sortir au casque dans les magasins, c’était magique. J’ai fini par découvrir que, finalement, la guitare classique, ce n’était pas le seul monde qui existaient pour cet instrument. C’est là où je me suis ouverte à d’autres cultures, de mon côté, en autodidacte, c’était vraiment par curiosité. Une fois mes études en guitare classique terminées, je suis allée à la rencontre de musiciens au Brésil notamment, puis en Andalousie. Mon premier grand choc a été à Rio de Janeiro et ma rencontre avec Baden Powell notamment.
CM : Comment décrirais-tu ton évolution pour en arriver à ton style actuel ?
Fabienne Magnant : Je passais des concours internationaux en guitare classique et je me disais qu’il y avait énormément de musiciens qui jouaient déjà très bien. J’avais envie d’apporter une patte personnelle à mon parcours. Je voulais autre chose que cela, que de passer des concours et me conforter dans cet univers classique. Le répertoire de la guitare d’ailleurs, par rapport par exemple à celui des pianistes, est plus restreints . Et je ne me voyais pas passer ma vie à interpréter uniquement. J’avais cette envie de création, d’expérimentation, dans mon fort intérieur…
C’est comme cela que, étant attirée par la musique brésilienne, je me suis inspirée énormément des rythmes et de l’harmonie brésilienne pour commencer mes premières compositions, que je commençais à intégrer dans mes concerts, au départ dans les bis puis petit à petit, comme je voyais que les pièces intéressaient beaucoup le public, je les jouais vraiment dans mon répertoire à côté des pièces classiques. Puis le flamenco aussi s’est révélé à moi.
J’ai pris des cours intensifs en Andalousie à l’école Carmen Cuevas à Grenade et travaillé avec des guitaristes à Paris, comme André Serrita durant plusieurs années.
Chaque instrument sur lesquels je joue, chaque culture, donne l’ouverture à une expression nouvelle. Je me suis promenée dans ces différentes esthétiques pour finalement aboutir à ce que je suis aujourd’hui.
CM : En tant qu’enseignante de guitare classique et latine, comment est-ce que l’enseignement a évolué depuis l’époque où toi, tu étais étudiante ? Que veux-tu transmettre à tes élèves ?
Fabienne Magnant : Ce que je veux transmettre est différent de ce que je n’ai pas eu la chance de recevoir. J’enseigne au conservatoire départemental d’Evry, j’ai passé un diplôme de Professeur d’Enseignement Artistique, aujourd’hui Hors Classe, c’est-à-dire le plus grand diplôme qu’on peut avoir en tant que professeur au conservatoire. J’ai défendu, justement lors de mes concours, le fait d’ouvrir un cursus sur plusieurs cultures à la guitare. Ce cursus ouvert sur les musiques latines, la guitare latine, est pour moi un avantage énorme pour les élèves parce qu’un guitariste soliste classique a aujourd’hui énormément de difficultés à pouvoir vraiment créer quelque chose de pérenne en tant qu’artiste de musique vivante. L’intérêt est de leur ouvrir des univers pour leur donner aussi l’envie d’être créatifs et inventer leur propre univers.
Ce cursus est professionnalisant, ce qui leur permet d’avoir accès non pas à une seule guitare, mais au moins à deux, C’est ce que j’aurais imaginé si j’avais été professeure il y a à 20 ans.
D’un autre côté, j’ai eu des grands professeurs qui m’ont donné une solide culture musicale à la guitare, et un grand répertoire classique comme avec Olivier Chassain et Roland Dyens.
Mais c’est vrai que j’aurais aimé avoir des réponses, des clés, que je n’ai pas pu avoir immédiatement et que je suis allée chercher seule.
CM : Quel serait un conseil que tu donnerais à des jeunes musiciens qui aimeraient se lancer dans une carrière professionnelle comme toi par exemple ?
Fabienne Magnant : Je leur conseillerais fortement de s’ouvrir à autre chose que ce qu’ils aiment faire pour toujours aller plus loin que ce qui existe déjà. Je leur conseillerais aussi de savoir écouter leur instinct pour composer.
C’est vrai ce n’est pas forcément ce qu’on apprend le plus. Il y a des cours de composition, mais pour trouver sa patte je pense qu’il faut se confronter déjà à soi même, s’interroger, et fréquenter des musiciens qui ont eux-mêmes pris partie d’être compositeurs. La création, c’est vraiment l’avenir. Tout comme l’est l’ouverture aux cultures que la guitare peut offrir, qui est quand même un instrument incroyable pour ça.
Mais en tout cas, ce qui est bien, c’est de pouvoir multiplier l’apprentissage de plusieurs esthétiques pour les croiser, les mixer et trouver un intérêt nouveau, inventer un folklore imaginaire..
CM : As-tu d’autres projets que tu aimerais partager avec nous ?
Fabienne Magnant : Mon projet est de partir au Brésil pour jouer notamment ce nouveau disque. Il est prévu que je parte entre soit en avril-mai ou juillet 2026. c’est pour l’instant en cours d’organisation.
D’un autre côté avec mon trio, Dominique Muzeau et Akiko Horii, nous allons jouer en France notamment en région centre, dès 2026.
Les dates sont en train se signer en ce moment donc c’est difficile de vous en parler dans l’instant mais vous serez tenus au courant sur les réseaux sociaux ou via mon site : https://www.fabiennemagnant.fr/
CM : Merci beaucoup Fabienne et longue vie à Cordes sensibles.
Nous vous invitons à suivre Fabienne Magnant sur ses réseaux sociaux pour ne rien rater : Instagram, Facebook, YouTube, site.
Prenez également vos places pour son concert de lancement le 4 décembre prochain.
Interview réalisée par Julie Carvalho,
et Sophie Marques, de Tempestade 2.1.
Publié le 14/11/2025




