Âmes publiques : une nouvelle bande dessinée de Marcello Quintanilha

Une année après sa consécration au Festival d’Angoulême avec le prix du Fauve d’Or pour la bande dessinée Écoute, jolie Marcia, l’auteur brésilien Marcello Quintanilha vient de publier son nouvel ouvrage aux éditions çà et là : Âmes publiques.

Âmes Publiques est le deuxième recueil d’histoires courtes de Marcello Quintanilha après Mes Chers Samedis, publiés chez çà et là en 2015. À travers les sept histoires qui composent ce recueil, Marcello Quintanilha continue sa description du Brésil contemporain, des années 1920 aux années 2000. On y retrouve le goût de cet auteur pour la description de scènes du quotidien, centrées sur des personnages hauts en couleurs et qui n’ont pas leur langue dans leur poche. Les âmes publiques sont celles d’une vieille couturière amie avec sa femme de ménage, d’un enfant des bidonvilles, d’un compositeur de samba, de deux petits vieux… Fils de footballeur, le dessinateur fait aussi du ballon rond l’un des fils rouges de ce recueil. Dans le deuxième récit de l’album, un homme de la campagne de l’État de Bahia raconte sa carrière de joueur de seconde zone à des journalistes de passage qui l’accompagnent jusqu’à son village, où l’arrivée à l’improviste de ces visiteurs suscite l’émotion de la population. On rencontre également un jeune homme qui, alors qu’il doit s’entraîner à l’essai avec les joueurs du prestigieux Fluminense, l’entraînement est annulé car le suicide en 1954 du dictateur Vargas a provoqué des émeutes à Rio.

Alternant entre histoires en couleurs directes et récits en noir et blanc, découpages hyper dynamiques et structures narratives sophistiquées, Âmes Publiques confirme une nouvelle fois le talent de cet auteur qui, en adaptant la narration à son coup de crayon, réalise une nouvelle démonstration de l’étendue de sa palette.

Comme dans les précédents ouvrages de Quintanilha, tout le génie est dans l’interprétation, dans l’atmosphère – bien que pour se familiariser avec l’œuvre de cet auteur, il est conseillé de commencer par une de ses bandes dessinées antérieures. À chaque fois, nul besoin d’une grande et belle histoire ; dans Âmes publiques, ce sont justement ces petites choses du quotidien que l’on ne remarque pas, que l’auteur nous donne à voir à partir d’un fait divers, d’un souvenir.

Depuis 1991, Marcello Quintanilha a déjà reçu de très nombreux prix au Brésil, en Espagne et en France. Peut-être cette année sera-t-elle le moment d’une énième consécration ? De notre côté, on l’espère !