
L’Union Européenne des Écrivains de Langue Portugaise organise la deuxième édition du Salon du livre lusophone de Paris
18 novembre 2025
Zoom sur le film Encontro de François Manceaux
20 novembre 2025Une projection test du film Encontro, de François Manceaux, a été organisée au MacMahon à Paris. Cap Magellan y était et a souhaité en savoir plus sur ce film qui sort au printemps 2026.
Cap Magellan : Bonjour, François. Aujourd’hui, nous sommes au cinéma MacMahon à Paris pour une projection test du film Encontro, votre premier film. Pour commencer, comment avez-vous eu l’idée d’aborder des thèmes liés à la lusophonie alors que vous n’êtes pas portugais ?
François Manceaux : J’ai fait une rencontre à Lisbonne avec une actrice portugaise et nous avons eu une histoire ensemble. Quand un réalisateur rencontre une actrice, il peut arriver qu’ils aient envie de faire un film ensemble, ce qui a été le cas. Nous avons commencé à tourner une histoire d’amour inspirée du mythe de Pedro et Inès, librement adaptée. Je l’ai tournée comme un documentaire fiction, même si j’étais acteur et filmeur. Le film est resté inachevé et, plusieurs années après, après avoir essayé de multiples formules de montage, j’ai décidé de commencer avec la matrice du film de fiction qui est réalisé aujourd’hui et qui s’appelle Encontro. Le premier rapport à la lusophonie, c’est ma rencontre avec une actrice portugaise.
CM : Nous sommes plongés entre le passé, le présent et le futur. Qu’est-ce que cela apporte pour le spectateur ?
François Manceaux : Vous posez typiquement la question de l’énigme. Je voulais que, dans ce film, il y ait une énigme, que nous soyons tenus par le fait de vouloir essayer de comprendre le processus de réflexion que se posait aussi le personnage. Cela accroche. J’ai voulu prendre le spectateur par la main, lui montrer le décor puis l’emmener. Il se pose aussi des questions qui traversent les personnages.
CM : Ce film parle d’amour, de relations humaines mais aussi d’art : le cinéma, la musique, la danse, la peinture. Est-ce important pour vous et pourquoi ?
François Manceaux : C’est fondamental. Un réalisateur dans son univers intègre au moins sept arts. C’est le septième mais c’est vrai que cela réunit tout : le cinéma, toutes les variations des sons de la parole, la musique des voix. Le film est aussi rempli de musiques qui s’entremêlent les unes les autres, qui ponctuent le film, qui parlent dans les séquences. La musique qui parle, c’est formidable.
Ensuite la peinture, les cadres… La peinture est quand même l’un des arts premiers.
Il y a aussi la photographie, le mouvement, l’orchestration et puis le jeu, l’interprétation qui est un art également. Tout cela donne quelque chose de vertigineux et un réalisateur doit jouer avec toute cette palette. C’est une symphonie.
CM : Faire découvrir la culture lusophone était l’un de vos objectifs ?
François Manceaux : La plupart des personnes qui ont vu le film ont découvert Lisbonne et le Cap-Vert. Soit ils connaissaient déjà et voulaient y retourner, soit ils ne connaissent pas et ils n’ont qu’une envie c’est d’y aller. Cela va être l’une des conséquences du film s’il marche : cela va inciter beaucoup de gens à se déplacer du côté du Portugal et du Cap-Vert. C’est une certitude.
Je pense que ma connaissance de Lisbonne fait que j’ai pu aussi, grâce aux images, magnifier cette ville et comme j’ai magnifié aussi le Cap-Vert. C’est bien sûr le rôle d’un film : magnifier.
CM : Un autre aspect du film intéressant et peu commun est le Covid. Nous voyons les personnages porter des masques. Pourquoi ne pas avoir fait semblant que cela n’existait pas ?
François Manceaux : La question s’est posée. Vous remarquerez qu’on voit très peu de masques à Lisbonne. J’ai tenu à laisser une petite séquence où l’on voit le masque pour rappeler que cela a existé. Je pense que c’est un tournant dans notre histoire et que, malheureusement, nous en mettrons d’autres. C’est inscrit dans notre vie et il ne fallait pas le masquer.
CM : Ce film, il a déjà eu un parcours dans plusieurs pays, notamment au Portugal. Quels sont les retours que vous avez eus du public non francophone ?
François Manceaux : D’après les festivals, c’est plutôt bon. J’ai quand même beaucoup de prix de nationalités différentes. C’est tout de même un film qui peut cliver. Il est autant possible d’aimer ce film que de ne pas réussir à rentrer dedans et de le détester. Il est important de rentrer dedans dès le début, il faut être un petit peu assidu. Toutefois, si nous prenons le temps de nous dire que nous allons voyager, nous prenons de l’altitude au fur et à mesure.
CM : Encontro sort en salles en France au printemps 2026. Quelles sont vos appréhensions pour cette sortie ?
François Manceaux : D’avoir assez de salles où il pourra être montré et surtout d’avoir des critiques de presse qui incitent le public à venir et à découvrir ce film, à découvrir un cinéaste. C’est un film qui n’est pas français dans sa réalisation. Il a tout de même une empreinte française parce que je suis français, mais ce n’est pas le type de film français que nous voyons d’habitude. C’est un peu un film qui est non identifié, particulier dans sa manière d’être un film classique, mais avec des éléments rénovés et un petit peu décalés. Donc, j’aimerais bien que les critiques encouragent à aller voir ce film.
CM : D’ailleurs, les acteurs ne sont, pour la majorité, pas français. Pourquoi ?
François Manceaux : Isabelle Otero est française. Tous les autres, non. L’acteur principal est belge, flamand.
Je voulais quelqu’un qui puisse avoir un jeu très organique. A la différence de beaucoup d’acteurs français qui ont plus une vision cérébrale de leur rôle et qui jouent une posture. Cela aurait justement enlevé toute la sincérité du film.
Beaucoup disent que les acteurs sont fantastiques, c’est peut-être le fruit d’un travail qui est de dépouiller vraiment la posture et d’être le plus possible dans la sincérité et dans la justesse.
CM : Dans ce film, on voit un homme transmettre des émotions au-delà des femmes qui sont des personnages très importants.
François Manceaux : Oui, déterminants. Les femmes se montrent déterminantes et l’homme se montre fragile mais finit par affirmer sa force et sa détermination aussi.
CM : Comment s’est passé le tournage ? La communication au sein de l’équipe était-elle compliquée ?
François Manceaux : Ne parlant pas assez bien le portugais, c’est toujours un peu compliqué de travailler avec des équipes qui sont entièrement portugaises. Le Cap-Vert a été plus complexe parce qu’il y avait une logistique lourde dans un paysage un peu aride, montagneux. Cela faisait beaucoup de gens, une cinquantaine de personnes. Il y avait beaucoup de temps pour la préparation de la logistique et très peu de temps pour tourner. C’est très difficile à gérer. Sinon, j’ai joué d’une énorme liberté. Au Cap-Vert, c’était magnifique d’avoir toute cette générosité d’âme qui se ressent aussi dans le film. À Lisbonne, c’était aussi la même emprise sur le temps de tournage qui était très serré. J’avais aussi une grande souplesse parce que nous avons tourné juste avant le rétablissement du Covid. Nous avions un Lisbonne quasi désert ce qui est assez rare.
CM : Pour finir, auriez-vous un message pour convaincre les jeunes d’aller voir votre film au printemps 2026 au cinéma ?
François Manceaux : En voyant mon film, cela leur permettrait peut-être d’aimer encore plus le cinéma. Je pense qu’on y découvre beaucoup de choses qu’on ne voit pas d’habitude. Se laisser envahir par l’émotion, c’est de plus en plus difficile parce que c’est voir sa propre âme. Je pense qu’aujourd’hui, ce dont on a le plus besoin, c’est d’être sensible aux bonnes émotions. Je pense que ce film est encourageant, qu’il ouvre les pensées. C’est un film ouvert et qui laisse des traces. Je pense qu’un public jeune est totalement invité à venir voir ce film.
CM : Merci François Manceaux, nous avons hâte de voir Encontro à l’affiche des salles.
Restez attentifs aux sorties de films au printemps 2026 ! Suivez le film sur Instagram et sur son site.
Interview réalisée par Julie Carvalho,




