CDM 2022 : le Portugal devra passer par les barrages
13 décembre 2021Registo online de nascimento de Portugueses nascidos no estrangeiro
14 décembre 2021Avant de rejoindre la Fondation Gulbenkian au Portugal puis l’AfricaMUSEUM en Belgique, l’exposition itinérante « Europa, Oxalá » fait son premier arrêt au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) à Marseille. Le choix-même de ces trois pays n’a rien d’anodin : ils ont pour point commun d’avoir été à la tête d’empires coloniaux. Or, l’exposition s’attache tout particulièrement à donner la parole aux artistes européens dont l’histoire familiale s’enracine dans les anciennes colonies belge, française et portugaise. Parmi les vingt-et-un créateurs exposés, on trouve donc des descendants de ceux qui ont immigré en Europe dans les années 1960, durant la décolonisation de l’Angola ou de l’Algérie, du Bénin ou du Congo, de la Guinée Bissau ou de Madagascar. L’exposition rassemble ainsi soixante œuvres de tout genre – dessins, peintures, sculptures, films, photos, installations – qui questionnent les récits nationaux et les fantasmes coloniaux, en revisitant les archives familiales ou institutionnelles, afin de dessiner les contours d’une nouvelle culture européenne.
Sept des artistes exposés dans l’exposition « Europa, Oxalá » sont lusophones. Leurs œuvres interrogent le passé colonial du Portugal et ses conséquences sur le présent. Dans un portrait de son arrière-grand-mère – née d’une Angolaise et d’un Portugais – assise dans un fauteuil de style colonial, Pedro A.H. Paixão entremêle des symboles relatifs à l’histoire de l’Angola et à la culture de la Rome Antique pour interroger le passé de sa famille. Originaire de Guinée Bissau, Nú Barreto dessine le corps malade et mutilé de l’Afrique. Né au Portugal de parents angolais et capverdiens, Francisco Vidal réfléchit aux violences et aux traumatismes de la période coloniale, tout en défendant une identité créole et une création transculturelle. La série de dessins de Márcio Carvalho, intitulée Falling Thrones, utilise les monuments et les statues de l’époque coloniale pour rejouer la rivalité entre dirigeants coloniaux et peuples opprimés. La série de photographies de Délio Jasse, Terreno Ocupado, donne quant à elle à voir la capitale tentaculaire de l’Angola, entre architecture coloniale portugaise et urbanisation contemporaine fulgurante. Tales of Lisbon, conçu par Mónica de Miranda, s’attache à répertorier les sons, les images et les textes capturés à Lisbonne, qui témoignent des migrations issues de la décolonisation de l’Afrique. Le projet photographique Afro descendants de Pauliana Valente Pimentel rassemble des portraits de jeunes artistes lisboètes d’origine africaine, accompagnés de textes dans lesquels ils décrivent ce que signifie pour eux d’être européen.
Le titre de l’exposition révèle d’emblée le projet porté : la promotion d’une Europe plurielle, mais unie. « Europa » désigne la déesse de la mythologie grecque qui donne son nom au continent ; « Oxalá », en plus d’une divinité du candomblé brésilien, est une expression portugaise issue de l’arabe « Insh’ Allah », dont les diverses significations portent l’idée du désir d’un événement favorable ou d’un avenir meilleur. « Par l’association de ces deux mots, nous affirmons notre volonté de rassembler au sein d’une Europe commune des géographies et des cultures supposées éloignées », affirment les commissaires de l’exposition António Pinto Ribeiro, Katia Kameli et Aimé Mpane.
Jusqu’au 16 janvier 2021
Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée
7 promenade Robert Laffont (esplanade du J4)
13002 Marseille
Caroline Gomes