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18 février 2020Abaporu, o homem dos pés gigantes
3 mars 2020Le jeudi 26 mai 2016, un mois avant le référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne, j’ai assisté à une conférence en Sorbonne en présence de Julian King, ancien Ambassadeur du Royaume-Uni en France – nommé plus tard commissaire européen à la sécurité de l’Union – et d’Yves Bertoncini, ex-directeur de l’Institut Jacques Delors et actuel président du Mouvement Européen – France. Alors que le diplomate Julian King était plutôt confiant que le « remain » gagnerait, Bertoncini se montrait plutôt favorable au Brexit.
Pourtant, ce dernier est un pro-européen très engagé et il surprit l’audience par son affirmation. Il expliqua alors voir l’Union européenne comme un navire de croisière avec 28 capitaines à sa tête. Et l’organisation du référendum au Royaume-Uni – qu’il compara à une menace de quitter le navire – n’était qu’un caprice de plus du « capitaine britannique » face au refus des autres capitaines de consentir à ses exigences de « richement accommoder sa cabine de croisière ». Pour lui, la sortie capricieux capitaine ne ferait qu’avantager les autres.
Etant moi-même pro-européenne, et même fédéraliste, j’approuve cette comparaison. Effectivement, les Britanniques ont souvent été le frein à plus d’intégration européenne. S’il est vrai que ces derniers ont été de grands promoteurs du marché unique européen et de son évolution, on ne peut pas dire la même chose de leur position relativement à l’avancement du budget européen ainsi que sur les questions sociales et fiscales. Au nom de leur souveraineté, ils ne se sont jamais aventurés dans le projet de monnaie unique, par exemple. Depuis leur entrée dans la CEE en 1973, les Britanniques ont toujours gardés un pied en dehors et l’autre à l’intérieur de l’Union. Pour plusieurs analystes, le Brexit pourra alors se présenter comme une opportunité de faire avancer certains dossiers freinés par le Royaume-Uni.
Et la Conférence sur l’Avenir de l’Europe pourrait être le début d’un changement. Il s’agira d’un nouvel instrument de réflexion sur l’avenir de la démocratie européenne et sur le fonctionnement des institutions. Pour le moment, la Commission, le Parlement et le Conseil réfléchissent au format de la conférence qui devrait être lancée le 9 mai 2020, fête annuelle de l’Europe et 70ème anniversaire de la Déclaration de Schuman. Au moment où j’écris, seuls la Commission et le Parlement ont partagé publiquement leur vision de la conférence. Le Conseil devrait rendre public sa position à la fin du mois de janvier. En tout cas, on remarque déjà des différences entre le Parlement et la Commission. Par exemple, l’équipe de l’allemande Von der Leyen n’a pas l’air enclin à une réforme des traités européens, préférant ne pas mentionner cette hypothèse dans ses propositions. Mais attendons la fin des discussions entre institutions européennes pour en tirer des conclusions sur la viabilité du projet ou non.
Pour l’heure, le départ du Royaume-Uni de l’UE semble effectif. Le mercredi 22 janvier, le Parlement britannique a donné son feu vert définitif et, à partir du 31 janvier, le Royaume-Uni sera considéré comme un autre pays tiers quelconque au même titre que les Etats-Unis, la Suisse ou la Chine. Le siège de la représentation de la Commission européenne à Londres deviendra alors celui-ci de la nouvelle délégation de l’UE.
Le 1er février, le diplomate portugais João Vale de Almeida deviendra le premier ambassadeur de la délégation de l’UE au Royaume-Uni. Il avait été auparavant à la tête de la délégation européenne aux Etats-Unis puis à l’ONU ainsi que porte-parole de la Commission Barroso entre 2004 et 2009. A 63 ans, Vale de Almeida aura la lourde tâche d’assurer le lien entre Londres et Bruxelles dans un contexte inédit.
Adeline Afonso, autrice fédéraliste et libérale