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26 juin 2019Milène, la quarantaine, a tout pour elle : un mari aimant et dévoué, un superbe appartement, une carrière jalonnée de succès. Une opération bénigne et surtout la rencontre avec une journaliste fraîchement arrivée à Paris pour couvrir un sujet sur l’immigration au féminin, vont toutefois faire voler en éclats, l’apparente sérénité de son existence. En effet, Edite, jeune portuense, venue à la capitale pour faire ses preuves et obtenir son indépendance, réveille, sans le vouloir, un passé douloureusement enfoui.
Peut-on se délivrer de ses origines ? Quel avenir choisit-on quand on décide de partir, ou bien lorsqu’on décide de rester. Milène, née en France, n’a pas désiré revenir au pays et a grandi en France, loin de sa mère, loin d’elle-même, pour s’intégrer, à tout prix. Edite, elle, a préféré opter pour l’inverse. Deux destins de femmes, par un effet de miroir inversé, à un instant-clé de leur vie : l’une se demandant si elle veut devenir mère, l’autre si elle veut rechercher la sienne disparue.
Les Disloquées, roman de Joëlle Nascimento, s’intéresse à un sujet que tous les Portugais de l’étranger connaissent mais dont on parle et sait finalement très peu de choses : l’immigration et ses conséquences, sur soi et sur les générations suivantes. Cette hémorragie qui vida le pays de milliers de ses habitants à la recherche d’une vie meilleure en France, en Belgique, en Suisse ou ailleurs, ne s’est pas faite dans la douceur. Et n’a pas vocation à être oubliée.
Quitter son pays, s’arracher aux siens, à sa vie, à son être le plus profond et intime. Qui devient-on ? Quelle identité transmettons-nous à nos enfants ? Le titre du roman parle de lui-même : émigrer, c’est se disloquer : physiquement, c’est se déplacer, mais psychologiquement, c’est également désintégrer ce que l’on est. Milène, parfait exemple d’intégration, rejette sa part portugaise, la disloque complètement pour la réduire à néant. Mais cette partie d’elle, existant toujours, rejaillira avec fracas quand elle fera face à la jeune fille qu’elle aurait pu être, cette Edite personnifiant à elle-seule tout l’héritage portugais assumé, revendiqué, apaisé. Un héritage qui passe par la musique, la littérature, la peinture, la gastronomie… Une transmission qui passe par le corps, au moment-même où le corps-même de Milène lui échappe.
Les Disloquées s’intéresse à ce qui forge l’identité de ces personnalités tiraillées par le dilemme des origines. Comment assumer un passé dont on sait très peu de choses, mais qui fait, malgré nous, des étrangers à nous-mêmes ? Un roman au féminin qui nous donne envie d’en savoir davantage sur notre propre histoire, sur cette émigration taiseuse qui vit en chacun de nous.
Les Disloquées, Joëlle Nascimento, éditions Pétra.
Ana Maria Torres
www.capmagellan.com
1er juin 2019