Les Portugais : une BD pour retracer l’immigration portugaise en France

Les Portugais : une BD pour retracer l’immigration portugaise en France

Après le succès des bandes dessinées Écoute, jolie Márcia de Marcello Quintanilha, Fauve d’or 2022 à Angoulême et Sur un air de fado de Nicolas Barral en 2021, un autre roman graphique réalisé par des lusodescendants paru cette année aux éditions les Arènes a trouvé le public a fait son apparition sur la scène littéraire française : Les Portugais de Olivier Afonso et Chico.

Cette bande dessinée retrace l’odyssée de deux jeunes émigrés portugais dans la France des années 1970 et révèle les difficultés rencontrées à leur arrivée. À dix-huit ans, Mario s’enfuit du Portugal dans le coffre d’une vieille voiture. Lâché par son passeur à la frontière franco-espagnole, il rencontre Nel. Avec ce jeune compatriote, il va découvrir la vie aventureuse des émigrés dans un bidonville de la région parisienne : travail sur les chantiers, soirées arrosées au vinho verde, drague, combines… Cette histoire d’amitié singulière fait écho au destin des milliers de Portugais qui, dans les années 1970, ont fui la dictature de Salazar et ont tenté, chacun à leur manière, de reconstruire leur vie.

L’originalité de ce texte, c’est que, pour la première fois, une bande dessinée s’intéresse à la migration des Portugais vers la France, dans les années 70. Elle tend ainsi à instruire sur ce qu’à réellement représenter la dictature de Salazar, à cette époque au Portugal, sur n’importe quel civil lambda : “Dans les années 1960-1970, le Portugal connaît l’exode le plus massif de son Histoire. Entre 1957 et 1974, 700000 Portugais émigrent en France, dont plus de la moitié de manière clandestine, pour fuir la misère et le régime autoritaire d’Antonio Salazar, qui a pris les pleins pouvoirs en 1933. Dans les années 1960, alors que les nations européennes ont commencé à décoloniser l’Afrique, Salazar entraîne son pays dans trois conflits armés : en Angola, en Guinée-Bissau et au Mozambique. Les guerres engagées par Salazar dureront de 1961 à 1974 et coûteront la vie à 14000 Portugais.”

Cette partie de l’Histoire du Portugal reste encore trop méconnue du grand public et, souvent, de la jeune génération – qui est aussi la mienne. Or, il s’agit là de la vie de nombreux pères et grands-pères portugais. Loin de tout misérabilisme, Olivier Afonso raconte ici avec beaucoup de tendresse une histoire inspirée de celle de ses propres parents. Une vie dure, âpre, souvent injuste, mais une vie faite aussi de petits bonheurs, d’honneur, d’amour et d’amitié. Une bande dessinée à lire et à offrir pour en savoir plus sur les origines de la communauté lusophone en France. n

Les Portugais, Olivier Afonso et Chico, éditions Les Arènes, février 2022

Marta Serra – Assistante éditoriale aux éditions Passiflore
capmag@capmagellan.org

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