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21 juin 2023Canto do Sol est un groupe franco-brésilien qui s’est formé pendant le confinement grâce à la magie des réseaux sociaux. Composé de Sophie Magnani, Hervé Morisot, Filipe Dourado et Wendell Almeida, le groupe a sorti son premier album Avant l’équinoxe ce vendredi 16 juin. Pour l’occasion, Cap Magellan était invitée à leur concert de lancement aux 2 Pianos le jeudi 15 juin. Le groupe nous a offert une interview exclusive.
Cap Magellan : Bonjour Canto do Sol ! Je suis très contente d’être ici avec vous. Est-ce que vous pourriez commencer par vous présenter rapidement ?
Sophie : Je suis Sophie Magnani, la chanteuse de Canto do Sol.
Hervé : Je suis Hervé Morisot, guitariste et chanteur du groupe.
Filipe : Je suis Filipe Dourado. Je suis cavaquiniste.
Pizeca : Je suis Pizeca, percussionniste.
Cap Magellan : Enchantée ! Sophie et Hervé, vous vous connaissiez déjà avant et vous collaboriez déjà ensemble. Comment vous êtes-vous rencontrés et que produisiez-vous ?
Sophie : Nous nous sommes rencontrés parce que je cherchais un guitariste. J’ai posté une petite annonce et Hervé a répondu. Nous allions commencer à faire des concerts en duo, guitare-voix, mais il y a eu la crise du covid. Nous n’avons pas eu le temps de commencer.
Cap Magellan : Pendant le confinement, vous avez rencontré virtuellement Wendell et Filipe. Comment s’est déroulée cette rencontre ? Ce n’est pas commun une rencontre virtuelle !
Sophie : Filipe m’a écrit sur Instagram.
Filipe : Je voyais que Sophie faisait des vidéos de musique brésilienne. Je suis un musicien brésilien, j’étais confiné donc je lui ai proposé de faire une collaboration. A ce moment-là beaucoup de musiciens faisaient des collaborations, mais chacun chez soi, pour mettre tout en commun en vidéo. Je lui ai proposé d’en faire ensemble. Nous avons fait une vidéo, puis deux, puis trois et c’est comme ça que ça a commencé !
Cap Magellan : Et pourquoi Canto do Sol ? Le chant du soleil en français.
Sophie : C’est Wendell qui a choisi ce nom. C’est le percussionniste habituel du groupe, mais il n’est pas là ce soir. Il a choisi ce nom parce que c’est un nom qu’il aimait bien. C’est quelqu’un de solaire et Canto do Sol c’était quelque chose qui ressemblait à l’humeur qu’il avait envie de donner à la musique qu’on allait proposer. Quelque chose de chaud, de chaleureux et de joyeux !
Cap Magellan : C’est d’ailleurs ce qu’on ressent ! Le Brésil occupe une place très importante dans votre musique, pourtant vous n’êtes pas tous brésiliens. Comment cela s’explique ?
Sophie : Nous sommes un groupe franco-brésilien. Hervé et moi sommes les « franco » et les autres sont les brésiliens. Chacun a une histoire spéciale avec le Brésil. Moi, c’est par le biais d’un professeur de guitare. J’ai découvert la musique brésilienne grâce à lui, parce qu’il en était vraiment passionné. J’ai commencé comme ça à apprendre à jouer des morceaux brésiliens, qui sont très beaux à jouer à la guitare. Je connaissais aussi la musique brésilienne de part mon père qui en avait quelques CD. C’est venu comme ça !
Hervé : Moi c’est un coup de cœur que j’ai eu pour la musique brésilienne lorsque j’avais une quinzaine d’années. Je faisais de la guitare, comme Sophie, depuis petit, de la guitare classique. Je me suis intéressé à cette musique. C’est Chico Buarque qui m’en a donné le goût. Une chose en entraînant une autre, je me suis mis à jouer avec des artistes brésiliens à Paris. Jusqu’en 2019 où j’ai rencontré Sophie pour monter Canto do Sol !
Cap Magellan : Filipe et Pizeca, c’est donc parce que ce sont vos racines. Vous avez voulu transmettre le Brésil en France ?
Filipe : Oui, mais ce n’est pas vraiment un choix. C’est notre culture, notre histoire. Nous sommes des musiciens brésiliens, nous jouons de la musique brésilienne, nous n’avons pas d’autre option ! Nous aimons partager notre culture.
Sophie : Vous pourriez faire de l’accordéon ou du bal musette ! (rires) Mais vous préférez cette musique-là. Et vous avez raison ! (rires) Mais vous pourriez faire autre chose.
Cap Magellan : Comment est-ce que vous pourriez qualifier votre musique, votre art ? Que souhaitez-vous transmettre au public ?
Sophie : Nous avons composé des chansons qui sont arrivées au fur et à mesure. A chaque chanson nous avons raconté une histoire différente. Ce n’est pas forcément quelque chose de calculé. Nous ne nous sommes pas dit « Bon on va faire un disque pour faire danser ou on va faire un disque pour faire ci ou ça ». Non, nous avons raconté des choses qui nous sont personnelles et elles sont sorties. Cela fait un disque assez varié, puisqu’il y a des chansons très entraînantes, mais aussi des chansons assez tristes, assez douces. Filipe a composé un xote sur l’album, qui était quelque chose de personnel qu’il avait envie de raconter. Notre choix de chanson n’a pas réellement de visée précise. Ce sont des choses qui sont venues naturellement et que nous avons mises ensemble parce que nous trouvions que cela faisait un tout qui était à l’image des émotions : des positives et des négatives. C’est banal ce que je dis (rires), mais c’est ce que nous avons fait : ce sont des histoires d’amour, d’amitié, des choses personnelles que nous avions envie de dire !
Cap Magellan : Vous composez à plusieurs. Comment cela se déroule ?
Sophie : Cela dépend vraiment des chansons. Pour chaque chanson, cela s’est passé différemment. J’ai composé la majorité des chansons. En général, je fais un premier jet et après soit je vais voir Hervé avec mon morceau et il l’améliore, soit, pour une ou deux des chansons, je suis allée avec Filipe et nous avons amélioré les harmonies ensemble. Ou bien Filipe vient à la fin d’un morceau faire des propositions d’arrangements, de rythmes, pour ajouter des choses. Souvent, il y a tout de même une base et chacun y ajoute sa touche. Sur la chanson Gabi en revanche, j’ai juste mis les paroles sur une musique qu’avait composée Hervé. Sur Passarinho également nous n’avons presque rien touché, c’est Filipe qui l’a composée. Elle existait déjà, mais il ne l’avait jamais mise sur un album. Il y a aussi une chanson de Wendell Almeida, Yara, sur sa fille. Hervé a un petit peu retouché certains accords, mais c’était déjà un morceau qui existait. C’est comme ça que nous co-composons !
Cap Magellan : Est-ce qu’il y a des morceaux que vous avez composés ensemble, mais qui ne sont pas sur l’album ?
Sophie : Y en a un qui est la chanson bonus pour ceux qui ont acheté l’album digital ! C’est la clé. Il y en a d’autres, je pense qu’on en avait un peu trop. D’ailleurs nous allons en chanter une ce soir pour l’album suivant.
Cap Magellan : Ce soir nous sommes aux 2 Pianos pour votre concert de lancement. Demain sera disponible partout votre premier album Avant l’équinoxe, composé de 11 titres, chacun d’eux racontant une histoire singulière, avec plusieurs émotions différentes. Depuis combien de temps travaillez-vous sur cet album ?
Hervé : Les premières chansons sont venues de Sophie fin 2020. Au départ, nous avions commencé à monter un répertoire plutôt de reprises de chansons brésiliennes de différentes époques. Fin 2020, Sophie a commencé à m’envoyer les premières chansons. L’idée de l’album est venue quelques mois après.
Sophie : Oui, dès janvier ou février.
Hervé : Sophie, ce n’est pas quelqu’un qui traîne dans ce qu’elle entreprend. D’ailleurs elle a écrit une chanson hier, que nous allons jouer ce soir !
Sophie : Chut c’est une surprise ! (rires)
Hervé : Elle a fait une, puis deux, puis trois chansons, puis au bout de six mois il y avait déjà la plupart des chansons. Nous avons commencé à enregistrer des maquettes chez moi, pour poser un petit peu le style des chansons, l’arrangement, la structure, le tempo, etc. Nous sommes allés en studio fin 2022.
Sophie : Oui, en décembre.
Cap Magellan : Pourquoi Avant l’équinoxe ?
Sophie : Il y a une des chansons qui s’appelle Equinoxe, qui parle des changements d’humeurs, d’émotions. Je trouvais que cette chanson-là portait un peu tous les thèmes qui sont regroupés dans l’album, puisqu’elle parle d’amour, d’amitié, d’océan. L’océan est une thématique que l’on retrouve dans plusieurs de nos chansons. De même, c’est pendant l’équinoxe qu’il y a les plus grandes vagues. Bon il y a eu les vagues de covid, mais celles-ci on essaye de les oublier (rires). C’est aussi la composition des chansons et cet album qui est arrivé un peu sur nous comme une vague que nous n’avions pas prévue. Nous étions partis pour faire nos petites reprises initialement. Donc je me suis dit que cela symbolisait bien l’histoire de l’album, Avant l’équinoxe.
Cap Magellan : En octobre 2021 est sorti votre premier clip sur YouTube. Il accompagne la musique A contretemps, qui se trouve également sur l’album. C’est un clip qui respire la simplicité, qui est très chaleureux. Était-ce une volonté de votre part ?
Sophie : Je pense que oui, ce que nous faisons est assez accessible.
Filipe : C’est le côté brésilien du franco-brésilien. (rires)
Sophie : Nous sommes allés filmer des danseurs à Montreuil, nous voulions que ce soit simple.
Cap Magellan : Chaque musique de l’album raconte une histoire assez singulière. Pourquoi avoir besoin de raconter une histoire dans chaque morceau ?
Sophie : Ce n’est pas un besoin, c’est que je ne sais pas ne pas raconter d’histoire. Je ne vais pas faire une chanson sur quelque chose qui ne me touche pas directement. Même si je ne raconte pas que des histoires personnelles : ça peut être quelque chose que l’on m’a raconté, mais c’est comme ça que je fonctionne pour composer. Ce n’est pas un choix, ce n’est pas quelque chose que j’ai calculé. Je raconte ma vie ou des choses que l’on m’a racontées. Je pense que pour Wendell c’est la même chose. Souvent il raconte des histoires dans ses chansons, il parle de sa fille. Filipe c’est peut-être un petit peu moins une histoire, c’est plus sur la vie en général. C’est plus philosophique, c’est une réflexion. Sa chanson s’appelle Passarinho et ce n’est pas l’histoire d’un petit oiseau. C’est plus sur la vie, c’est plus philosophique.
Concert de lancement de l’album du Groupe Canto do Sol Photo: Pierre Censier
Cap Magellan : Maintenant la question qui fâche : quelle est votre musique préférée de l’album et pourquoi ?
Pizeca : Pour moi toutes les chansons se valent. Il n’y en a pas une que je préfère à une autre. Chacune d’entre elles transmet des sentiments très particuliers, que j’aime beaucoup. Je les aime toutes.
Cap Magellan : Je vais être honnête, j’ai un faible pour Gabi. J’ai beaucoup aimé l’histoire de la fille de la mer. J’ai aussi aimé Encontro em Paris, parce que je pense que ça me touche plus personnellement ce mélange de culture tout en vivant en région parisienne.
Filipe : Moi j’ai trois préférées : À contretemps, Tes pieds nus dans l’herbe et Yara. Ce sont les trois morceaux où je sens qu’il y a plus de swing. Ce sont les trois qui me touchent le plus. Je trouve que nous avons vraiment bien joué sur ces trois-là. Les autres sont bien, ces trois-là sont excellentes !
Hervé : Moi aussi je vais en dire trois ! En premier, Passarinho de Filipe. J’aime à la fois l’écouter et la jouer. Je trouve que l’arrangement que nous avons fait à amener des choses intéressantes à la chanson de départ. Gabi aussi. J’aime beaucoup ce que Sophie en a fait. C’est une musique que j’avais composée il y a longtemps et Sophie s’est cassée la tête pour mettre des paroles. Je voulais qu’elle enlève ou qu’elle modifie le moins de notes possibles donc j’ai été un petit peu chiant là-dessus.
Sophie : Il voulait une syllabe par note ! J’ai réussi, presque ! (rires)
Hervé : A contretemps aussi je la trouve assez réussie, la mélodie, les paroles… S’il fallait résumer un peu l’album, ce seraient ces trois-là que je garderai. Mais les autres sont très bien aussi !
Sophie : Alors je ne vais en choisir que deux. Mes préférées sont Tes pieds nus dans l’herbe et Les baïnes. Tes pieds nus dans l’herbe c’est par rapport à la façon dont je l’ai composée. J’ai raconté quelque chose vraiment comme je l’ai vécu ! Je suis trop contente du résultat, parce que je trouve que même le rythme et la musique rendent exactement ce que j’avais envie de raconter. Et Les baïnes aussi parce que c’est l’une des plus personnelles. Je trouve que la musique colle assez bien à ce que nous racontons. C’est ce qui me plait. Nous avons rajouté de la flûte et je trouve que cela crée une ambiance de noyade qui est réussie, par rapport à ce que je voulais raconter. Grâce aux percussions de Pizeca aussi. (rires)
En fait ce que j’aime c’est quand la musique colle au sentiment que je voulais exprimer.
Cap Magellan : En tout cas, tout l’album rend très bien. Nous invitons tout le monde à l’écouter !
Le concert de lancement a été un succès, la salle était pleine et tout le monde était ravi. Avant l’équinoxe, de Canto do Sol est disponible partout donc n’hésitez pas à voyager au Brésil avec les sonorités du groupe franco-brésilien !
Interview réalisée par Julie Carvalho, membre de l’équipe de Tempestade 2.1 et étudiante en troisième année à l’ISMaPP.
Crédit photos : ©Pierre Censier