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4 avril 2024Les éditions de littérature lusophone, Chandeigne, viennent de lancer leur nouvelle collection Brûle-Frontières, dirigée par Ana Maria Torres et Mylène Contival.
Ana Maria Torres, auteure du magnifique roman Terra Fria, née de parents portugais, est passionnée par la lusophonie, s’exprimant à travers la lecture, l’écriture, la traduction et maintenant l’édition.
Mylène Contival, issue d’une famille franco-portugaise, quant à elle, utilise la littérature et la traduction pour explorer et maintenir le lien entre la France et le Portugal. Elle a rejoint les éditions Chandeigne en 2016 et cette collection est un moyen pour elle de valoriser la culture « mixte ».
Le premier ouvrage de cette collection, texte du réalisateur José Vieira, a paru il y a quelques jours et s’intitule Souvenirs d’un futur radieux.
Du temps de l’exil aux questionnements d’aujourd’hui, en passant par les bouleversements de la révolution d’avril et un avenir qui se veut réjouissant, José Vieira plonge dans son enfance pour raconter l’histoire d’une famille : la sienne. Du Portugal aux bidonvilles de Massy, de la Roumanie aux frontières basques, c’est une cartographie militante qui se dessine entre les pages d’un premier récit à la poésie douce-amère. Écrit dans une plume qui capte le réel.
Souvenirs d’un futur radieux est une ode à la liberté, la tolérance, la transmission de la mémoire et la lutte constante contre l’oubli et l’exclusion. C’est également une page de l’histoire française qui s’écrit, celle du métissage culturel, du partage et de la fraternité.
José Vieira est né au Portugal. À l’âge de 7 ans, en 1965, il rejoint la France avec sa famille. Étudiant travailleur à la fin des années 70,il suit un cursus de sociologie et s’investit dans les mouvements
pour l’égalité et contre le racisme. Il a réalisé une trentaine de documentaires, ayant comme base son expérience personnelle et les histoires individuelles liées à l’exil et l’immigration. Dans son travail, il établit notamment un lien entre le passé et le présent et soulève des questions sur la double culture, la mémoire et la lutte contre l’oubli et l’exclusion.
Depuis 2001, il a entamé un cycle de travaux sur l’immigration portugaise, en la mettant en perspective avec les flux migratoires récents de Roumanie, d’Afrique de l’Ouest et d’autres régions du monde.
« Il manquait toujours un document. La législation changeait suivant le guichet. Mon père ne comprenait pas ce que disait le préposé à la main-d’œuvre étrangère. Je traduisais, comme je pouvais. Les traductions des extraits de naissance n’étaient plus valables. Il m’a regardé, accablé. Il voulait que je traduise une dernière tentative pour sortir de ce merdier et moi je voulais être ailleurs. Excédé, le fonctionnaire a envoyé un missile: Ici, on n’est pas dans votre pays. Et sans un regard pour nous, les mêmes mots se sont répétés, abrupts et définitifs. Je sentais la colère pétrifiée de mon père qui se brisait contre la vitre du guichet. Il avait tellement envie d’être loin d’ici, là où il aurait les mots pour se défendre ».
Souvenirs d’un futur radieux, José Vieira, éditions Chandeigne, collection Brûle-Frontières, 2024.
Marta Serra, Assistante éditoriale aux éditions Passiflore