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17 juillet 2019La Maison Européenne de la Photographie, située à Paris, met en ce moment en valeur des œuvres majeures de ses très riches fonds, en présentant plus d’une centaine de tirages réalisés par près de cinquante photographes différents. Cette exposition collective a pour fil rouge, comme l’indique son titre… un « Fil Noir » : les photographies ont en commun, d’une part, d’être en noir et blanc, et d’autre part, de pouvoir être vues au prisme de leur parenté, réelle ou imaginée, avec le film noir.
Ce genre cinématographique, inspiré dans ses thèmes par la littérature policière, possède une identité visuelle immédiatement reconnaissable : on songe à une femme en trench coat en train de hâter le pas dans les rues d’une ville pour échapper à une menace éventuelle, ses talons claquant sur le trottoir rendu humide par la pluie, et dont la silhouette précipitée est occasionnellement avalée par la pénombre, avant de réapparaître sous la lumière d’un lampadaire. Un décor urbain, des scènes nocturnes, un fort contraste entre luminosité et obscurité : voilà autant de caractéristiques qui viennent à l’esprit, notamment associées aux emblématiques films noirs des années 1940 et 1950.
Cette esthétique cinématographique s’inspirait en fait initialement des clichés que le photographe de faits divers new-yorkais, Weegee, prenait dans les années 1940, avant de nourrir en retour l’œuvre de nombreux photographes tels que Larry Clark, Ralph Gibson ou Les Krims. Les tirages de Lee Friedlander, Saul Leiter ou Garry Winogrand sont issus de cette même veine lorsqu’ils montrent les parts d’ombres et de lumières des grandes métropoles des États-Unis. L’exposition permet ainsi de découvrir la relation intime qui existe entre photographie et cinéma. Elle déroule le fil noir jusqu’à nouer des liens avec plusieurs mouvements cinématographiques, rapprochant certaines photographies de Brassaï ou de Robert Doisneau au réalisme poétique, ou bien de Klavdij Sluban aux road movies.
L’exposition « Fil Noir » comprend également une dizaine de tirages de l’une des figures majeures de la photographie portugaise et européenne de notre temps : Paulo Nozolino.
Né à Lisbonne en 1955, il débute sa carrière d’artiste à Londres dans les années 1970 avant d’entreprendre une longue série de voyage en solitaire à travers l’Europe, l’Amérique, le Proche et le Moyen Orient au cours des deux décennies suivantes. Son projet photographique Solo, paru en 1995, illustre l’état de l’Europe, d’Auschwitz à Sarajevo. De ses voyages au Maroc, en Mauritanie, en Égypte, au Liban, en Syrie, en Jordanie et au Yémen, découle un ouvrage appelé Penumbra (1996), dont le titre reflète les inquiétudes que lui inspire la situation politique de ces territoires, en plus de faire référence à son style photographique : strictement en noir et blanc.
Plusieurs prix lui ont été décerné au cours de sa carrière et l’ensemble de ses travaux a été récompensée par le grand prix national de la photographie en 2006 au Portugal. Après lui avoir consacré une rétrospective en 2002, la Maison Européenne de la Photographie nous fait donc le plaisir de présenter une nouvelle fois l’œuvre de ce grand artiste, dont les tirages, reconnaissables par leur noir intense, trouvent toute leur place au sein de l’exposition collective « Fil Noir ». A découvrir jusqu’au 25 août 2019 !
La Maison Européenne de la Photographie
5/7 Rue de Fourcy
75004 Paris
Caroline Gomes
capmag@capmagellan.org
Crédits photo : © Paulo Nozolino / © Sabine Weiss / © Paulo Nozolino