Femmes au bord de la crise de mélancolie
29 avril 2020O COVID-19 E AS FRONTEIRAS
4 mai 2020Ana Monteiro Lopes, 16 ans, cheveux bleus, allure sans gêne, sourire authentique, elle ne vous aura pas échappé. Et au CAPMag non plus. Ana répond donc à nos questions à la suite de ses deux prestations dans l’émission phare de TF1 et s’est confiée sur sa préparation à l’épreuve des K.O. avant son (très injuste) élimination le samedi 11 avril dernier lors de cette épreuve. Cap sur Ana !
Sur son parcours
Cap Magellan : Peux-tu te présenter ?
Ana Monteiro Lopes : Je m’appelle Ana, j’ai 16 ans et je suis au lycée. Je suis actuellement en seconde parce que j’ai redoublé.
CM : Tu envisages de faire quel type de Bac ?
AML : Je souhaite arrêter mes études et essayer de rentrer à la School Academy de Nancy pour me concentrer uniquement sur la musique.
CM : Comment as-tu commencé la musique ?
AML : Au Portugal, je n’avais pas vraiment la possibilité d’en faire. Du coup, en 2013, quand je suis arrivée en France, j’ai commencé à exercer dans la chorale de mon collège. Ce sont mes premiers pas dans la musique.
CM : As-tu un style de musique exact ?
AML : Je n’ai pas vraiment de style. Il faut que je trouve encore mon style de musique. Rien n’est encore prédéfini. Actuellement, je peux chanter tous les styles donc c’est ça qui est assez cool.
CM : As-tu une personne qui a pu t’inspirer à faire de la musique ?
AML : Concernant les chanteurs qui m’inspirent le plus, j’ai un chanteur portugais qui est Salvador Sobral.
CM : C’est donc ton rêve de faire un duo avec Salvador Sobral ?
AML : Ah oui oui ! J’aimerai bien. Faire un duo avec lui, ce serait avec grand plaisir !
CM : D’où viens-tu du Portugal ?
AML : Je viens de Santarém et plus précisément de Alpiarça. J’y retourne d’ailleurs tous les étés.
CM : Quelle est la chanson que tu écoutes le plus ?
AML : J’en ai beaucoup trop ! Je dirais que, parmi mes chansons favorites, ce serait une chanson de « Pomme ». J’adore les chansons de « Pomme », j’en écoute énormément. Après j’écoute un peu de tout.
CM : Quel est ton lien avec la notion de lusodescendente ?
AML : J ’assume complétement le fait d’être portugaise ! C’est vraiment quelque chose que j’assume et je suis fière de dire que je suis portugaise.
CM : Comment s’est passée ton arrivée en France, ton adaptation et ta scolarité ?
AML : Comme je ne parlais pas français, c’était compliqué. Je suis allée dans une école en CM2. J’ai eu quelques professeurs qui m’aidaient un peu pour apprendre la langue française. C’est comme ça que j’ai appris le français. C’était il y a 6 ou 7 ans, je ne sais plus.
CM : Est-ce que tu appréhendais le fait de venir en France sans savoir parler la langue ?
AML : Oui ! Pour commencer, je pensais que j’allais perdre tous mes amis, ce qui a été le cas d’ailleurs. Mais surtout, je pensais que je n’allais jamais réussir à apprendre la langue alors qu’au final, j’ai réussi.
CM : Pourquoi es-tu venue en France ?
AML : Je suis venue en France car ma mère a été mutée dans le cadre de son travail. Elle travaillait dans une usine au Portugal et elle a été mutée en France.
CM : Ta maman parlait déjà le français ?
AML : Oui, elle parlait le français.
CM : Est-ce que tu as encore un lien avec tes amis vivant au Portugal ?
AML : Actuellement, je n’ai pas vraiment de lien. J’ai encore quelques contacts. On me contacte maintenant aussi depuis que je passe à The Voice.
CM : As-tu des contacts avec ce qu’on appelle la communauté franco-portugaise : des associations ? des cours de portugais ?
AML : Franchement, je n’ai que des contacts avec certaines radios.
Sur ses prestations dans The Voice
CM : Est-ce que tu t’attendais à ce que Amel Bent et Lara Fabian se retournent lors de ta prestation ? AML : Non pas du tout ! Quand j’étais sur le plateau, je me suis demandé ce que j’y faisais.
CM : J’imagine que tu étais stressée, mais quand tu as vu qu’Amel Bent et Lara Fabian se sont retournées en même temps, cela a dû être un vrai soulagement ?
AML : Pour moi, c’était un peu stressant aussi sur le fait qu’elles me regardaient durant ma prestation. Mais bon j’étais très contente.
CM : C’était tout de même une bonne expérience ? Tu as tout de même apprécié le moment ?
AML : Ce qui est bien, c’est que je suis à l’aise sur scène. Par exemple, sur la première prestation, j’étais soi-disant à l’aise sur scène alors qu’à l’intérieur de moi, je n’étais pas super bien non plus. (Rire)
CM : Qu’est-ce qui t’as aidé à faire ton choix entre Amel Bent et Lara Fabian ?
AML : De base, je m’étais dit que si Amel Bent se retournait, je la choisirais ! D’ailleurs, quand elle me parlait, je n’écoutais pas vraiment. J’étais vraiment contente et tout excitée. J’aurai très bien pu choisir Lara Fabian car elles étaient trop mignonnes mais voilà, mon choix s’est porté sur Amel Bent.
CM : Entre ta première prestation et la deuxième prestation, est-ce que le stress était le même ou totalement différent ?
AML : Pas du tout ! Parce que c’était déjà plus facile car je chantais avec une autre chanteuse. Nous voulions juste nous amuser et faire une bonne prestation. Donc, pour ma part, je n’étais pas vraiment stressée. Ce n’est pas du tout la même pression. En tant que chanteur, on veut juste faire une bonne prestation, c’est tout !
Sur son lien à la communauté LGBT
CM : Lors des auditions à l’aveugle, pourquoi as-tu choisi de chanter « Ta reine » de Angèle ?
AML : J’aime cette chanson parce que cela parle réellement de ce que je soutiens. J’aime ce que fait Angèle.
Comment CM : …de ce que tu soutiens ? Un lien donc avec la cause LGBT ?
AML : Je souhaitais faire passer un message assez fort en faveur de la cause LGBT afin de continuer le combat pour cette cause qui m’est chère et de cette communauté dont je fais partie. Chanter « Ta Reine » a été également mon « coming-out », même si je n’aime pas utiliser ce terme. C’est plus une affirmation de la personne que je suis.
CM : Cap Magellan est une asso surtout de jeunes, beaucoup portugais ou d’origine portugaise ; et il est primordial pour nous d’être actifs sur toutes les grandes thématiques de société y compris la cause LGBT. Ce qui, quand on parle de milieu portugais, peut ne pas être facile ou évident… peux-tu nous en dire deux mots ?
AML : Aujourd’hui, cela est plus facile pour les jeunes d’en parler et de s’assumer. Mais il y a toujours des personnes qui ne l’acceptent pas. Pour les jeunes de mon âge, c’est surtout les idéologies des parents qui font que leurs enfants sont « homophobes ». Dans mon entourage, oui, on est plus ouverts d’esprit et heureusement parce qu’il faut qu’on avance, et j’espère qu’on continuera à l’être toujours plus au fur et à mesure des années. En 2020, ce n’est pas normal que les personnes ne puissent pas vivre heureux avec leur amour. Il ne faut pas faire attention à ce que disent les autres et vivre sa propre vie. Quand j’ai choisi de chanter « Ta Reine », c’était pour tout le monde, aussi bien les jeunes que les personnes plus âgées qui regardent l’émission. Tout le monde devrait accepter ce que j’ai chanté, c’est-à-dire l’homosexualité.
CM : Dans ces artistes qui s’assument aujourd’hui et participent de la lutte, il y a Hoshi. Nous avons appris qu’il y a un projet en cours…
AML : En fait, Hoshi avait lancé un concours pour le meilleur cover de « Amour censure », sa chanson gay hyper iconique. J’ai donc repris ce morceau en vidéo, et j’ai gagné le concours ! Je ne m’y attendais pas du tout. Donc je vais chanter avec Hoshi, à Paris. C’est trop stylé
Sur son avenir
CM : Comment s’était passée ta préparation pour ta dernière prestation ?
AML : Très bien, je me sentais à l’aise et c’était le plus important.
CM : Tu as finalement été éliminée lors de l’épreuve des K.O, diffusée samedi 11 avril. Quelle injustice ! Comment tu as vécu ce départ ?
AML : Un peu mal. J’étais déçue de ne pas être gardée mais après avoir réfléchi sur tout ça, je me dis qu’il y a mieux qui arrive, je pense. C’était déjà incroyable pour moi d’aller jusqu’aux K.O. parce que je n’y croyais même pas. Faire les auditions à l’aveugle, c’était déjà énorme. Aller jusqu’aux K.O. et surtout interpréter Billie Eilish, c’était incroyable.
CM : C’est peut-être précipité de demander ça, mais as-tu déjà des futurs projets ?
AML : Oui mais je ne peux pas en parler pour l’instant …
CM : Quelle carrière d’artiste tu rêverais avoir ?
AML : Je ne sais pas du tout parce que je ne veux pas être comme quelqu’un d’autre. Du coup, je verrai bien ce qui se passe et puis voilà. (Rire)
CM : Dans tous les cas, tu as vraiment envie de continuer dans la musique ?
AML : Oui pour moi la musique, c’est vraiment ce que j’ai envie de faire.
CM : Un message pour les jeunes portugais de France ?
AML : N’écoutez pas les personnes malsaines et vivez pour votre vie avec la personne que vous aimez que ce soit une femme, un homme. Et aujourd’hui, cela ne doit être une particularité mais une normalité pour le monde dans lequel nous vivons.
CM : Quel message veux-tu faire passer aux personnes qui te suivent ?
AML : Je leur conseille de foncer et surtout de ne pas avoir peur ! Au début, j’avais peur alors que maintenant, je ne regrette pas du tout. Je pense qu’il faut vraiment foncer !
La rédaction remercie Ana d’avoir répondu aux questions et vous invite à suivre son actualité, ses nouveaux projets, dont quelques-uns avec Cap Magellan
Christophe Ferreira et Guillaume Pousa