À conversa com Mara Pedro (Carte Postale du Portugal)
27 août 2019Le festival “Pour Commencer” met à l’honneur la culture lusophone !
8 septembre 2019Au lycée Camille Jullian à Bordeaux, les élèves de seconde et de terminale ont participé activement au projet : Fugir da guerra para viver em paz qui rendait hommage à tous ceux qui ont quitté leur pays pour vivre dignement en paix et en liberté.
En France, quand on évoque l’immigration portugaise, les plus de 40 ans ont encore en mémoire l’image du Portugais coiffé d’une casquette et muni d’une valise en carton. Ce Portugais fraîchement débarqué à la gare d’Austerlitz ou encore franchissant la frontière espagnole à pied fuyait bien souvent, et on l’a oublié ou peu dit, son pays pour ne pas aller à la guerre. Le Portugal fut l’un des derniers pays d’Europe à décoloniser et, parmi les Portugais venus en France dans les années 1960-1970, nombreux sont ceux qui fuyaient aussi la guerre coloniale en Angola, en Guinée Bissau et au Mozambique. C’est ce que nous explique le sociologue Manuel Dias Vaz lors de sa venue au lycée, « J’ai dit Merde… à la guerre ! » Il en fallait du courage et des convictions pour quitter ses proches et partir !
Ce projet mené avec le Réseau Aquitain d’Histoire de l’Immigration avait pour objectif central de déconstruire les préjugés sur l’immigration portugaise en faisant dialoguer les générations.
Dans le cadre des cours de portugais LV2, les élèves de seconde et de terminale du Lycée Camille Jullian ont mené des entretiens en portugais auprès de trois témoins. Ils avaient, au préalable, reçu une formation à la collecte de la mémoire orale par Johan Hiriart, du Rahmi.
Sofia, élève de seconde, entends sa grand-mère, Mme Olivia Avelares, raconter son arrivée en France, évoquer les récits des atrocités de la guerre vécues par son oncle, mais aussi l’école sous la dictature de Salazar.
Manuel Mealha explique comment son père l’a fait venir en France à l’âge de 15 ans bien avant l’appel, car il connaissait la réalité en Angola pour y avoir aussi vécu, et ne souhaitait pas voir son fils risquer sa vie dans une guerre qui ne lui appartenait pas.
Carlos da Silva Có, auteur-compositeur-interprète apporte le point de vue de celui pour qui il s’agissait d’une guerre d’indépendance. Trop jeune, pour l’avoir faite, son périple depuis Biombo en Guinée Bissau en passant par Nouakchott, Alger, Madrid, le Portugal et enfin Bordeaux fut néanmoins un vrai combat pour une vie meilleure.
Les élèves ont transcrit les entretiens au laboratoire de langue du lycée, puis à partir de ces matériaux et d’un extrait d’une œuvre de Bernardo Santareno, une création théâtrale a vu le jour sous la houlette du metteur en scène Jérémie Samoyault.
Ce spectacle a été présenté en mai 2019 au Nouveau festival organisé par le Conseil Régional d’Aquitaine, puis, pour les parents et les amis, à la Théâtrerie, à Bordeaux.
Voici le résultat : https://vimeo.com/340423095/7e5c1e84ae
Martine Fragoas, professeure de portugais, Lycée. C. Jullian
ADEPBA