A 11a Edição do Encontro Europeu de Jovens Lusodescendentes e Lusófonos reuniu participantes de toda a Europa.
15 août 2024Entrevista com o David VARELA DE PINA, pugilista cabo-verdiano no JO 2024
27 août 2024Les Amis du Fado est une association culturelle créée en novembre 2020, ayant pour objet de promouvoir la culture lusophone à travers les arts. A l’occasion du cinquantenaire de la révolution des œillets, l’association Les Amis du Fado organise un concert de fados censurés lors de la dictature, illustré de témoignages vidéo de personnes ayant vécu sous ce régime et connu la révolution : ce projet artistique s’intitule Fado, Arme de Liberté. Cap Magellan a voulu en savoir plus !
Cap Magellan : En 2024, vous avez lancé le projet le Fado, Arme de liberté, un projet qui a pour but de donner de la visibilité à des chansons de fado qui ont été censurées pendant l’Estado Novo. Cette découverte se fait à travers des concerts-documentaires éparpillés un peu partout en France qui permettent de célébrer les 50 ans du 25 avril et de tout ce qu’il représente en termes de libertés, de libérations, etc. Mais en quoi consistent ces concerts-documentaires ? Peux-tu nous en dire plus ?
Claire Mota Da Cunha Hazard : L’idée est de mettre en musique et en voix des fados qui ont été censurés pendant la dictature mais également de créer un spectacle qui entremêle de la musique et des vidéos, des témoignages de gens qui ont vécu cette dictature et qui en parlent. L’idée derrière le nom concert-documentaire est d’aboutir à un spectacle à la fois auditif et visuel. Mais évidemment, cela a un coût et nous avons aussi été très ambitieux (tant au niveau du temps, qu’en énergie). Nous avons donc dû le séparer en deux parties : nous avons commencé par une première partie qui est musicale avec une sélection de fados censurés, fruits d’un travail de recherches et de mise en musique et voix, et pour 2024-2025 je cherche des financements pour tourner les témoignages vidéos.
Cap Magellan : Combien êtes-vous à travailler sur ce projet ?
Claire Mota Da Cunha Hazard : Pas beaucoup. Il y a trois artistes (Ana Bela, Fabien Dubuy et Jonathan Da Costa Ferreira) et moi. Nous avons un ingénieur son qui travaille avec nous pour tout ce qui est musique. Pour la vidéo, je souhaiterai travailler avec Mikaël Flahault, mais je suis contrainte d’attendre les financements. Pour la mise en musique et en voix nous avons travaillé avec Ricardo J. Martins qui est un grand musicien de guitare portugaise originaire de l’Algarve.
Cap Magellan : Au-delà de ce projet, vous continuez à organiser des cours de fado. Sont-ils pour les petits et les grands ?
Claire Mota Da Cunha Hazard : Nous avons mis de côté les cours pour enfants cette année et nous le faisons à nouveau l’année prochaine puisque le projet Fado, arme de liberté est trop conséquent. En revanche, nous avons évidemment gardé les ateliers de fado pour adultes. Nous avons désormais deux groupes : le groupe des débutants et celui des plus confirmés. Nous proposons sur un format de trois séances : la première séance est la découverte du fado avec Ana Bela, la deuxième séance du coaching de fado avec Ana Bela ainsi qu’un musicien et ensuite la troisième séance est une performance live dans un bar à Lyon (le bar KoToPo à Lyon2).
Cap Magellan : De manière générale, les élèves restent et s’épanouissent avec les années ?
Claire Mota Da Cunha Hazard : Oui plusieurs élèves restent. Il y en a qui sont inscrits depuis 3 ans, d’autres qui sont arrivés cette année. Nous faisons tout de même attention à ne pas faire de groupes de plus de 12, sinon la qualité n’est pas la même. Nous avons des élèves lusodescendants, mais aussi plusieurs élèves français qui ne parlent pas du tout le portugais. C’est d’ailleurs impressionnant de les voir apprendre la langue.
Cap Magellan : Quel est ton rôle en tant que présidente de l’association “Les amis du fado” ?
Claire Mota Da Cunha Hazard : En général je gère ce qui concerne les e-mails, la recherche de salles, etc. Je démarche beaucoup la mairie pour qu’elle nous aide pour les salles, la mairie de Lyon est d’une grande aide. Je m’occupe aussi du réseau à Lyon, de chercher de nouveaux liens et à entretenir ceux qui existent déjà. J’essaye aussi de venir quand je peux aux concerts. Après il y a le projet Fado, arme de liberté qui a demandé beaucoup de temps, d’investissement, de financements, et de recherches. Donc si je devais résumer je dirai que je m’occupe du réseau et de la publicité.
Cap Magellan : Comment peut-on avoir accès à des fados qui ont été censurés ?
Claire Mota Da Cunha Hazard : Quand j’ai eu l’idée du projet, j’ai contacté le Musée du Fado dans lequel je suis déjà allée. J’ai expliqué mon projet d’investigation et ils ont accepté de m’aider. Alors j’ai pris rendez-vous et je suis allée au Musée du Fado. Dans leurs archives, il y a des pochettes par ordre alphabétique, ils ont des fados qui ont été censurés et d’autres non. Ils te laissent regarder, prendre des photos, etc. On a fait vraiment un travail de recherche universitaire avec le Musée du Fado. C’était top.
Cap Magellan : Ceux qui ont été censurés peuvent être reconnus grâce au lapiz azul. À ton avis, vu que tu as eu la possibilité de voir et de lire des fados censurés, quelles ont été les motivations, les causes de cette censure ?
Claire Mota Da Cunha Hazard : Il y a plusieurs types de censure. Nous avons eu accès aux feuilles originales, vraiment fragiles, etc. Certaines avaient le lapiz azul, d’autres avaient des proibido, des tampons ou des tâches rouges. Certains fados étaient complètement censurés, d’autres l’étaient moins (quelques mots ou une phrase). Parfois il y avait des mots écrits en bleu pour remplacer d’autres. Il y avait aussi des restrictions d’âge : déconseillé aux moins de 12 ans, 10 ans, etc. Il y a trois thèmes principaux qui reviennent : l’accès à la connaissance, à l’éducation, à la culture et à l’esprit critique, le pouvoir et l’amour extra-conjugal (en opposition aux valeurs catholiques).
Cap Magellan : J’ai toujours entendu dire que le fado est une tradition orale qui se transmet de voix en voix. Alors comment la PIDE a eu accès à ces fados ?
Claire Mota Da Cunha Hazard : Nous nous sommes également posé cette question. Je me doute qu’il y a eu d’autres fados qui étaient censurés mais qui n’avaient qu’une trace orale. Je pense qu’il y avait pas mal de fado qui étaient de voix en voix et dont nous n’aurons jamais de trace, mais ceux que nous avons trouvés sont des fados signés par un auteur, pour être chantés par un ou une chanteur/se.
Cap Magellan : De ce que j’ai compris tu veux interviewer ta grand-mère, mais est-ce que tu as déjà d’autres idées ?
Claire Mota Da Cunha Hazard : Oui. Je trouve que le temps presse finalement et j’aimerais bien faire une interview de ma grand-mère. Aussi, quand on a fait certains concerts de fados censurés, il y a des personnes qui sont venues me voir à la fin pour me dire qu’ils ont vécu ça et qu’ils voulaient partager des choses. J’ai aussi le père de Ana Bela qui a fait des guerres coloniales, notamment celles d’Angola. J’aimerais bien l’interviewer là-dessus. Donc oui j’ai déjà d’autres noms mais ça presse parce que les gens vieillissent et ils oublient, ou ils vieillissent et malheureusement disparaissent….
Cap Magellan : Les interviews seront en portugais ?
Claire Mota Da Cunha Hazard : Oui mais nous réfléchissons à un moyen pour pouvoir toucher tout le monde, un peu comme nous l’avons fait pendant les concerts avec des sous-titres traduits en français. Nous allons essayer de mettre en avant les deux langues, peut-être avec des sous-titres, afin de pouvoir toucher les lusodescendants, les français, les autres cultures, etc. L’idée est de mettre en avant ce qu’ont vécu les Portugais, leurs chocs et de le montrer à tout le monde.
Cap Magellan : Quelles sont les prochaines dates pour Fado, arme de liberté ?
Claire Mota Da Cunha Hazard : Pour Fado, arme de liberté, on a le 8 août à Saint-Romain-en-Gal proche de Lyon, le 26 septembre à Chambéry, le 27 septembre à Valence et le 28 septembre au CCR d’Ambronay. De plus pour août, septembre et octobre on a préparé une exposition photos qui montre notre travail de recherche et le parcours pour le projet Fado, arme de liberté, ces photos vont être exposées sur la grille de la mairie du 5e arrondissement de Lyon.
Cap Magellan : Pour terminer, ma question signature : est-ce que tu aurais un message pour les jeunes lusodescendants ?
Claire Mota Da Cunha Hazard : Moi je dirai aux lusodescendants de ne pas se mettre des barrières parce qu’ils sont lusodescendants. Moi-même pendant longtemps j’ai fait ça parce que je pensais que je ne pouvais pas accéder à un certain degré d’étude, ou à un certain niveau d’éducation culturel alors que c’est tout le contraire. Il faut croire en soi, avoir la chance de rencontrer les bonnes personnes aussi et tout est possible. Il faut utiliser cette richesse culturelle, y croire et surtout trouver un équilibre.
Cap Magellan : Merci Claire ! J’ai hâte que vous veniez à Paris !
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Interview réalisée par Julie Carvalho,
Transcription par Sophie Abreu.