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26 août 2025Cet été, Cap Magellan a revu notre cher José Cruz. Sa tournée en France continue et de nouveaux projets arrivent, nous souhaitions en savoir plus.
CM : Bonjour José, comment tu vas ?
José Cruz : Très bien, merci de m’accueillir pour cette interview.
CM : Tu rentres tout juste du Festival d’Avignon où tu as pu présenter ton dernier spectacle Portugal, voyage au centre du monde. Alors, comment tu as vécu cette expérience ?
José Cruz : Très bien, c’était mon premier Festival d’Avignon. Par le plus grand hasard, j’ai eu l’opportunité de jouer au Théâtre Le Paris qui est le théâtre dans lequel rêvent de jouer tous les humoristes. C’est le théâtre référence dans lequel je rêvais de jouer un jour et j’ai eu de la chance, ça s’est fait. J’ai découvert le Festival d’Avignon dans le théâtre de mes rêves et je suis super content. Je me suis éclaté, les retours du public sont très bons et les retours des professionnels aussi. On avait déjà plein de dates et il y a d’autres dates qui vont tomber.
CM : C’est super ! Parallèlement tu es aussi en tournée avec notamment une date que tu as fait au Théâtre Bobino le 8 juin 2025. Comment as-tu vécu cette étape à Paris dans cette salle mythique ?
José Cruz : Comme un rêve devenu réalité. Bobino, ça fait partie des 4-5 salles dont j’ai toujours rêvé en tant que comédien. La cinquième est cochée, maintenant place aux quatre autres mais avant d’arriver aux quatre autres, comme le spectacle a très bien marché, on a fait le complet et encore une fois sans télé, sans radio, sans téléfilm, sans rien. Juste avec les avis du public, le bouche à oreille. 900 personnes, les 900 billets ont fini d’être vendus dans la journée. C’est assez incroyable quand tu sais la difficulté de remplir une salle de 900 places. C’est aussi une exclusivité que je te donne mais ça y est, on l’annoncera début de semaine prochaine juste avant de partir en vacances. Cette fois-ci, c’est Bobino qui nous propose aussi de revenir. Donc rendez-vous pour un deuxième Bobino le 6 février 2026. Voilà, ça montre que le spectacle et le travail maintenant rentrent dans une nouvelle voie, une nouvelle vie puisque maintenant, suite à ce Bobino, il y a eu plein de demandes, plein d’autres propositions de salles et maintenant, les salles sont de plus en plus grandes.
CM : Bien que le Portugal soit un thème très présent dans ce spectacle, est-ce que tu as pu rencontrer des spectateurs d’origines différentes qui s’y sont identifiés ?
José Cruz : Ce spectacle, il a vraiment pris 10 ans à s’écrire et à être construit. La toute dernière étape, ça a été de décider si je retirais le mot Portugal et que je mettais une région française ou un autre pays du monde, que le spectacle devienne universel. Au début, j’avais peut-être 80-90% de spectateurs lusophones ou liés au Portugal d’une manière ou d’une autre. Aujourd’hui, on est à 60%. La proportion de gens qui ne sont pas liés au Portugal, mais qui se reconnaissent dans le spectacle. J’ai eu des Polonais qui sont venus m’embrasser pour me dire : « José, nous c’était la même chose, mais en pire, parce que nous c’était trois jours. On arrivait chez nous, on n’avait plus rien, on se faisait tout dépouiller ». L’objectif de ce spectacle est en train de fonctionner : la première année, on a fait 4000 spectateurs. Cette année, on vient de boucler 10 000. Et l’année prochaine, on a mis en vente à l’heure actuelle 20 000 billets.
CM : Tu as lancé Portugal, voyage au centre du monde en septembre 2023. Comment est-ce que ce nouveau spectacle s’est inscrit dans la continuité de Olá! et En Construction ?
José Cruz : Je pense que ce spectacle là, c’est le spectacle que je voulais écrire dès le départ. Mais avant de l’écrire, il fallait déjà que je fasse mes armes, que j’apprenne à écrire avec humour, avec des blagues, tout en racontant une histoire. J’avais envie de traiter de mes origines, parce que pour moi c’est important. Et je trouvais que notre culture lusophone n’était pas assez mise en avant, pas assez importante lorsque j’ai démarré. Pour boucler ce spectacle il fallait l’expérience, il fallait aussi que je devienne papa. Et c’est en devenant papa, comme je le dis à la fin (sans spoiler) que j’ai vraiment fini de l’écrire. J’ai pu faire le lien entre moi et mon papa : lui, pourquoi il est venu ici. Ce troisième spectacle, qui vient de boucler sa deuxième saison seulement, c’est un tout jeune spectacle. Non seulement il est en pleine progression au niveau du public, puisque quand j’ai démarré, j’étais dans un petit théâtre de 49 places. Mais on a rapidement été complet. Par exemple, la dernière date de la prochaine saison, ce sera à la Bourse du Travail à Lyon : 2000 places. Et ce sont de plus en plus des programmations culturelles françaises qui achètent et programment le spectacle. Donc je suis en train de réaliser avec ce spectacle ce que j’avais toujours rêvé de faire avec le premier et le deuxième. Mais je pense qu’il a fallu attendre l’expérience et de devenir papa. Pour faire ce dernier lien entre moi, José, né en France, qui devient papa et qui va devoir transmettre quelque chose à ses enfants, et mon père, parti en 1968 du Portugal, seul, à pied, a salto, pour s’offrir une vie meilleure.
CM : Ce spectacle qui va se poursuivre jusqu’à 2026, comment tu l’organises entre les répétitions, les déplacements, le repos (que tu ne dois pas beaucoup connaître) ?
José Cruz : On a signé des dates déjà pour 2027 ! On n’a pas tout annoncé, mais ça y est, on a les premières dates pour 2027 et on est déjà en négociation pour 2028. L’une des premières choses que j’ai faite, c’est m’entourer, avoir une équipe autour de moi. Voilà, les premiers sous que j’ai gagné avec ce spectacle, je me suis payé, parce qu’il faut se payer. Mais j’ai tout de suite cherché à m’entourer d’une équipe pour rester concentré sur la création artistique et me décharger de plein de choses. Tu as dû faire connaissance de Jennifer, qui devient un peu mon assistante, mon bras droit. Il y a aussi maintenant « Cœur de scène Production », qui produit et diffuse le spectacle. Tout ça, avant, je le faisais. Et comme le spectacle est né sur scène avec la naissance de mon fils, il était important pour moi d’être présent pour lui. Donc dès le début, dès les premiers sous gagnés, je me suis entouré pour ne pas continuer à faire 60, 70 heures par semaine. Du coup, ça a payé. Je consacre du temps à ma famille, en particulier le lundi, où j’essaie de passer le plus de temps possible avec mes enfants. Alors ça demande de l’organisation et de s’économiser. L’année prochaine, avec toutes les dates qu’il y a, il va falloir être encore plus rigoureux dans la récupération. Et donc, ce qui est primordial, c’est d’être bien organisé, bien accompagné, bien entouré. Et ça, je le suis. Et d’être soutenu par sa famille, je le suis aussi. Parce que finalement, ces spectacles, je les fais aussi pour mes enfants.
CM : Et en plus de ce travail de comédien, tu es aussi ta propre vitrine et tu es très présent sur les réseaux sociaux. Comment est-ce que tu gères et crées ton contenu ?
José Cruz : Aujourd’hui, je suis référencé aussi comme vidéaste. Ça représente 50% de mon temps de travail. Et du coup, je me suis équipé. J’ai fait le choix de prendre un studio, pour vraiment tout rassembler ici, les caméras, les micros, et avoir un lieu où je puisse vraiment créer de A à Z. Ça a été long. Ça fait 5-6 ans que j’ai commencé. Et les vrais bénéfices ont été apparents il y a 3 ans. En 3 ans, je passais de 30 000 à aujourd’hui, 260 000 followers. Une communauté qui grandit de plus en plus chaque année et qui vient de plus en plus au spectacle. Je me laisse inspirer par ce que je vois autour de moi, ma vie, en tant que papa, en tant que fils de portugais en France.
CM : Donc ces formats, finalement, sont un complément à la scène ou plutôt une micro plateforme parallèle pour parler de choses dont tu ne parles pas pendant tes spectacles ?
José Cruz : C’est un complément et ça va ensemble parce qu’en fait, il y a encore quelques années, il n’y avait que les vrais vidéastes qui pouvaient faire ça. Il fallait s’y connaître en logiciel de montage, en caméra. Il y a quelques années, pour avoir une bonne caméra, il fallait mettre le double, le triple. Donc il n’y avait que les gens qui faisaient ces métiers qui pouvaient en faire. Aujourd’hui, avec un très bon téléphone, tu peux faire des superbes vidéos. Moi du coup, je suis tombé dedans et je me suis passionné. Donc j’ai acheté 5 caméras. C’est devenu une passion la vidéo, les caméras, la technique aussi. Donc aujourd’hui, je ne le vois même plus comme un travail, je le vois comme la scène, un métier passion et qui va quand même avec le métier de la scène. J’essaie de raconter des histoires avec des images à distance, que je raconte aussi sur scène devant le public.
CM : Pour revenir à Portugal, voyage au centre du monde, on ressent beaucoup d’émotions lorsqu’on assiste à ce spectacle. On y apprend même beaucoup de choses. Pourquoi est-ce que tu as décidé d’inclure cette dimension historique et didactique ?
José Cruz : Pour ne pas juste rigoler. Je pense que si on veut rigoler sur la communauté portugaise, ça a été fait. C’est fait, on l’a tous fait. On a tous nos petites blagues, on a tous nos histoires drôles. Et moi, je voulais montrer au travers de ça, en cassant ces clichés, en apportant une autre dimension. Montrer d’où l’on vient, qui l’on est, comment on fonctionne, comment on vit et toutes les similitudes qu’il peut y avoir aussi avec la culture française. Par exemple, dans le spectacle, je parle du premier roi portugais qui est petitf ils d’un duc de Bourgogne. J’avais envie de montrer ces liens et montrer que même avec ça, on pouvait en rire et aussi en tirer des réflexions. La conclusion de cette histoire du premier roi portugais, c’est mon père qui me dit : « Donc les enfants, si jamais un jour on vous dit, ici en France, ‟espèce d’immigré”, vous n’avez qu’à répondre, ‟c’est vrai, mais c’est toi qui as commencé” ». Puisque ce petit-fils de duc de Bourgogne, il a fait comme nos parents dans les années 60-70, il est parti chercher bonne fortune ailleurs. Donc c’était aussi une manière de donner une dimension philosophique, parce-que je pense qu’un spectacle juste comique ne deviendra pas universel, un spectacle avec du fond dépassera les frontières. Et c’est ce qui est en train de se passer, puisqu’on va retourner encore une fois au Portugal, Belgique, Suisse, Luxembourg, et on commence déjà à travailler sur la tournée aux Etats-Unis et au Canada. Donc voilà, c’était important pour moi de ne pas juste rigoler. Je voulais vraiment que ce soit un spectacle saudade, comme je donne la définition au début du spectacle. La saudade, pour moi, c’est ce qu’il nous reste quand on a tout perdu et qu’on ne peut l’exprimer qu’avec une larme, que l’on sèche avec un rire. Et je voulais que tout du long du spectacle, ce soit ça. Qu’on soit au bord des larmes et qu’on rigole.
CM : Tu l’as bien résumé. Grandir entre la culture portugaise et la culture française, c’était plus un levier comique ou parfois un frein ? Comment as-tu appris à utiliser cet hybride culturel sur scène ?
José Cruz : C’est naturel car finalement, quand j’ai commencé à en parler sur scène, j’avais déjà fait la paix avec moi-même, avec mes deux cultures. À l’époque, comme beaucoup d’ados, je me suis posé la question. Qu’est-ce que je suis le plus : portugais ou français ? Pour mon père, c’était clair, il était portugais. Il était là-bas et il était venu ici pour chercher bonne fortune. Mais son rêve a toujours été de rentrer. Moi, je suis né ici. Je suis bien ici. Et j’adore aller là-bas. Est-ce que moi, j’ai pensé un jour d’aller vivre là-bas ? Oui et non. Mais au final, pas vraiment. Je suis bien ici. Donc, quand je suis arrivé sur scène, moi, j’avais déjà réglé toutes ces questions. J’avais aussi des copains qui ne disaient pas qu’ils étaient portugais, par exemple, pour draguer. Ce n’était pas la mode le Portugal. Moi, je le disais, ça ne me posait pas de problème. Mais je me suis posé cette question… Est-ce que j’étais un peu plus l’un que l’autre ? Est-ce qu’il fallait que je supporte l’équipe de France ou du Portugal au football ? En plus, eu tenho um sotaque. J’ai un accent, je ne sais pas d’où il vient, mais je l’ai toujours eu. Pourtant, j’ai fait des cours de portugais. J’avais un bon niveau de portugais, mais j’ai toujours eu cet accent par rapport à d’autres potes qui n’ont pas cet accent. Pourquoi ? C’est comme ça. Voilà, tout plein de choses assez simples. Et c’est pour ça que je les ai mises dans le spectacle.
CM : Pour revenir un peu sur ton parcours, il mêle théâtre classique et stand-up. Qu’est-ce que le théâtre t’a apporté par rapport à ta carrière d’humoriste ?
José Cruz : Peut-être finalement réussir à faire ce spectacle-là. J’ai fait l’école Claude Mathieu pendant trois ans. Et après, pendant une dizaine d’années, j’ai fait des spectacles classiques et contemporains. Ce spectacle d’humour aujourd’hui, sans la formation théâtrale, je n’aurais jamais pu le faire. De la même manière que je n’aurais jamais pu tenir deux heures sur scène, puisque ça représente 40 pages à apprendre par cœur. Je tiens à ce que chaque représentation soit unique. Donc j’enlève cinq chapitres et j’en fais cinq différents. Il n’y a jamais deux représentations pareilles. Et comme ce n’est jamais dans le même ordre, il y a déjà des gens qui sont venus voir le spectacle quatre fois, ils n’ont jamais vu le même. Je pense que sans une formation classique, je n’aurais pas pu faire ce type de spectacle. Parce-que ça demande beaucoup d’énergie, de travail, de discipline.
CM : Ce livre, est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ?
José Cruz : Oui, ça fait un moment qu’il aurait dû sortir, mais comme c’est mon premier, c’est une découverte pour moi, c’est beaucoup plus long que ce que je pensais. Pour la petite histoire, les premières pages de ce texte et ce titre existent depuis le mois d’août 2020. Puisque j’avais déjà commencé à l’écrire. En septembre 2020 devait arriver ma fille, mon premier enfant, Talia. Comme elle arrivait en septembre, on s’était dit qu’on ne partait pas en vacances en août. Et donc, on est resté à la maison. Et moi, je m’étais f ixé comme objectif de raconter chaque jour, du 1er au 31 août, un chapitre de mes vacances d’enfance, pour aussi peut-être les transmettre à mon enfant, puisque j’allais devenir père pour la première fois. Chaque matin, j’ai donc écrit un texte. Et ce texte, après, je le prenais en photo, je le publiais. Et comme tu peux le constater, en août 2020, ça s’appelait déjà Portugal, voyage au centre du monde. Et ce livre, on s’est longtemps posé la question avec ma correctrice, d’en faire un roman. On a pris l’option de faire le texte du spectacle, mais en entier.
CM : C’est un travail colossal, mais tu as l’air super heureux.
José Cruz : Oui, parce qu’en fait, tout ça, c’était en moi depuis longtemps. J’ai commencé à jouer le spectacle en 2023, mais le texte était là en 2020 déjà. Je pense que là, on est parti jusqu’en 2028. Le projet Portugal, voyage au centre du monde se terminera en 2028. Donc, j’espère que l’année prochaine, le spectacle va exploser. De toute façon, on n’a pas le choix. On a mis en vente 20 000 billets. C’est ça aussi un spectacle. C’est beaucoup de risques financiers. Beaucoup d’engagement. Et après, on va passer à l’étape suivante de ce projet qui est en attente et en préparation.
CM : Bravo José, on a hâte de voir la suite !
José Cruz : Merci, c’est génial d’avoir l’accompagnement de Cap Magellan et de Tempestade 2.1 depuis le début. L’objectif de tous ces organismes est de partager l’expérience de luso-descendants déracinés et la richesse de nos deux cultures, donc je suis très heureux que vous accompagniez le projet. J’ai été l’un des premiers invités de Tempestade 2.1, le spectacle a grandi avec vous à mes côtés, donc c’est génial de savoir que l’on n’est pas tout seul !
Interview réalisée par Laura Padrão,
de Tempestade 2.1.
Publié le 05/08/2025.




