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28 avril 2022Pour la première fois depuis le début de la crise du coronavirus, le Portugal célébrera les 48 ans de la Révolution des œillets, sans restriction sanitaire. Cet anniversaire revête une importance particulière car il est le premier à se tenir dans un pays ayant connu plus longtemps la démocratie que la dictature. En effet, le 24 mars dernier, la troisième République portugaise venait officiellement de dépasser les 17499 jours de dictature. Si cet événement a eu lieu, c’est grâce au courage des « capitaines d’avril » qui ont renversé l’Estado Novo pour dire non à la misère, non à la guerre et non à la dictature. La Révolution du 25 avril a permis de sortir le Portugal d’un régime rétrograde et de lui faire retrouver la liberté et le progrès.
Cependant, que reste-t-il de l’esprit de la Révolution des œillets ? Que reste-t-il des aspirations d’égalité et de liberté prônés par le Mouvement des Forces Armées ? Que reste-t-il en 2022 des valeurs défendues par ces révolutionnaires après l’intégration du Portugal à l’Union européenne ?
Marie-Josée, professeure d’histoire retraitée près d’Estoril, raconte que l’image qu’elle garde de cet événement est celle de son mari qui tenant leur fils de deux ans dans les bras, lui disait « mon fils, tu vas grandir libre ! ». La Révolution des œillets a permis de mettre fin à la dictature de l’Estado novo, mais aussi d’instaurer de nombreuses conquêtes politiques et sociales comme par exemple : le suffrage universel, la liberté d’expression, l’égalité des droits entre les hommes et les femmes, le droit de grève, la création d’un salaire minimum ou encore la Sécurité sociale pour tous. Selon Adèle, mère de deux enfants qui touche 700€ par mois, « les Portugais […] ont trop le respect de la hiérarchie. Sans les capitaines, la dictature aurait pu encore durer des années ». Le 25 avril a accéléré la démocratisation du pays et l’adoption de politiques sociales, luttant ainsi contre les inégalités et l’exode d’une grande partie de sa population.
En 2010, la crise de la zone euro a sévèrement touché l’économie et la vie des Portugais. Contraint de se plier aux exigences de l’Union européenne en matière de budget, le Portugal a dû se libéraliser et privatiser à grande vitesse pour répondre au plan d’austérité imposé par Bruxelles. À ce moment, la Révolution des œillets faisait particulièrement écho dans l’esprit des Portugais. « On est passé de la dictature salazariste à la dictature des marchés financiers » réagit Miguel Pires, ingénieur de 34 ans. « Avant le 25 avril, on pouvait mettre un visage sur la dictature, c’était Salazar, Caetano. Maintenant, c’est une tyrannie anonyme », ajoute-t-il.
Le colonel Vasco Lourenço, l’un des principaux responsables du mouvement des capitaines qui a renversé la dictature, déplore que « depuis le début de la crise (économique), on assiste tout simplement à la destruction des valeurs de la révolution ». Il ajoute que les objectifs de la Révolution ont été atteints, mais que ce sont les partis politiques qui ont échoué à maintenir les acquis sociaux du 25 avril comme l’Etat social, la santé, l’éducation et la retraite pour tous.
Le 15 février 2013, alors que le Premier ministre de l’époque, Pedro Passos Coelho du Parti Social-démocrate, répondait aux questions de l’oppositions sur les politiques d’austérité menées par celui-ci, des citoyens qui assistaient à la séance se mirent à chanter en chœur « Grândola, vila morena », véritable hymne de la Révolution des œillets. Le message envoyé est clair, le Portugal doit recouvrir son indépendance nationale et abandonner les politiques économiques de la troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fond monétaire international) qui ruinent le pays et son peuple. Le message sera entendu, car le 10 novembre 2015, le gouvernement de Pedro Passos Coelho est renversé par une coalition de gauche anti-austérité menée par le socialiste Antonio Costa.
Le 25 avril reste de nos jours un important symbole d’espoir, mais aussi celui d’une société plus égalitaire et solidaire au Portugal. La Révolution des œillets vit toujours dans ces idéaux.
Nathan Canas Das-Neves
Institut d’études politiques de Grenoble
Révolution des Œillets : transition sociopolitique et démocratisation au Portugal – Ana Saldanha
Ceci est un article d’opinion qui n’engage pas Cap Magellan.