Sorties Lusophones : À l’Olympia, Pedro Abrunhosa a fait entendre sa voix

Ce mercredi 8 mai, l’auteur-compositeur-interprète portugais Pedro Abrunhosa retrouvait la scène de l’Olympia. À l’occasion des 30 ans de son premier album « Viagens », l’artiste a délivré une performance puissante et engagée, pour le plus grand bonheur de ses fans.

Veste et jean noirs cintrés, lunettes à grosse monture, dans son look inimitable, Pedro Abrunhosa a tenu sa réputation de showman, pour son retour à l’Olympia. Dans une salle qu’il connaît bien, le moins que l’on puisse dire est que le natif de Porto n’était pas dépaysé. Le geste juste et la voix puissante de l’artiste ont pendant près de trois heures illuminé la scène de la mythique salle parisienne. Tantôt « Rei do bairro alto » capable d’enflammer un public qui n’attendait que ça, tantôt en retrait, accompagnant ses choristes au piano ou à l’harmonica, Pedro Abrunhosa a régné sur cette soirée en chef d’orchestre. 

Paz !

Le concert avait un mot d’ordre et il tenait en trois lettres projetées sur scène : « PAZ ». L’entrée de l’artiste sur sa chanson « A.M.O.R » annonçait la couleur : « Podes rezar ao teu Deus que eu rezo ao meu / Talvez o meu Deus seja o teu / Porque só há um Deus no nosso céu / Chama-se a-m-o-r ».   Adressant ses pensées à toutes les victimes du conflit entre Israël et le Hamas, Abrunhosa a conclu son intervention par un appel à la paix : « arrêtez ce génocide ».

L’artiste a également répété son soutien au peuple ukrainien par l’interprétation de sa chanson « Que o amor te salve nesta noite escura ». L’occasion d’évoquer la tentative d’intimidation menée par l’ambassade de Russie à son encontre en 2022.

Pour tous les amoureux du Portugal, un show sur-mesure

La salle, très réceptive, était essentiellement composée de spectateurs acquis à l’œuvre d’Abrunhosa. Face à ce public rempli de lusophones, l’interprète ne s’est d’ailleurs pas embarrassé du français (une langue qu’il maîtrise par ailleurs). Généreux, son show semblait fait sur-mesure pour tous les nostalgiques du Portugal. La campagne portugaise s’est d’ailleurs invitée sur scène, avec Os Camponeses de Pias, chorale masculine de cante alentejano. Un moment hors du temps et un vibrant hommage à une culture entrée au « Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO ».

Après l’enchaînement majuscule de deux de ses plus grands succès « Socorro » et « Illumina-me », le concert semblait toucher à sa fin. Toutefois, sous les applaudissements d’un public insatiable, l’artiste est revenu pour pas moins de cinq chansons. Là encore Abrunhosa a visé juste avec un dernier acte sous le signe de la mélancolie et de la saudade. « Quero ir para casa / Embarcar num golpe de asa / Pisar a terra em brasa / Que a noite já aí vem / Quero voltar / Para os braços da minha mãe » : nul doute que les paroles de « Para os braços da minha mãe » ont résonné dans bien des cœurs ce soir.

Dernier hommage au pays, et pas des moindres, la soirée s’est terminée dans une reprise de l’hymne de la révolution « Grandôla, Vila Morena ». À l’unisson, Pedro Abrunhosa, Os Camponeses de Pias et le public ont fait entendre leurs voix pour un au revoir plein d’émotions.

Un public conquis

Après le concert, le nom de l’artiste écrit aux néons sur la façade de l’Olympia, était l’occasion d’une dernière photo en guise de souvenir. C’est le cas de Liliana, qui immortalise sa maman Glòria devant la salle. « Ma fille m’a invité » nous révèle Glòria, « il y a eu des chansons de ma jeunesse, ça rappelle des souvenirs » glisse-t-elle visiblement ravie. « C’est un artiste que j’aime beaucoup, quand j’ai vu qu’il passait en France, j’ai sauté sur l’occasion et comme je sais que ma mère aime bien, j’ai dit “je l’embarque avec moi” » ajoute sa fille. Pour les trente ans de son premier album Viagens, Pedro Abrunhosa démontre encore une fois qu’il sait voyager, dans l’espace comme dans le temps !

Galdric Mayol

Photo : Galdric Mayol

le 24/06/2024

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