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22 avril 2022C’est un projet qui n’aurait probablement jamais vu le jour s’il n’y avait pas eu de confinement en 2020. Ce projet, c’est Soundscape Portugal. Une chaîne YouTube menée entre autres par le Français Yoann Le Gruiec et la Portugaise Catarina Fernandes Martins, entièrement consacrée à la nouvelle musique portugaise et aux paysages les plus magiques du Portugal.
En résumé, des artistes sont invités à se produire en live dans un endroit qui leur est cher. La vidéo est par la suite publiée sur la chaîne YouTube du projet et partagée sur ses comptes Facebook et Instagram. A date, 4 artistes se sont déjà produits en live : les chants de la sirène Surma à Nazaré, l’électro aérien de Shaka Lion, le funaná aux accents metal et industriels de Scúru Fitchádu (ndlr : aux Mains d’Oeuvres à Saint-Ouen, le 21 Avril, aux Vieilles Charrues à Carhaix-Plouguer, le 17 Juillet), et la batida mélancolique chantée par DJ Danifox.
Comment est né le projet Soundscape ? Qui a eu l’idée ? Pourquoi le Portugal ?
Yoann : Je suis réalisateur de documentaires. Je suis l’un des fondateurs de la boîte de production Why So Serious avec Benoit Pergent. En 2016, notre série sur la scène musicale des États-Unis, intitulée Music on The Road, a été diffusée sur Arte. J’ai commencé par filmer les musiciens du métro en 2010, in situ, pas sur scène. Pour moi, filmer la musique est une façon de raconter la société. Le langage musical est un moyen de raconter des histoires. Je suis arrivé au Portugal dans le cadre d’un projet documentaire humanitaire en Octobre 2020. La veille du tournage, Emmanuel Macron annonçait le 2ème confinement. Et je n’avais pas envie de rentrer. J’avais envie de découvrir le pays. En 2018, j’avais suivi un surfeur nomade à Baleal, dans le cadre du documentaire 24H Europe sur les jeunes européens. C’est là où j’ai rencontré Catarina. En France, nous avons beaucoup de médias qui racontent la musique, peu au Portugal, probablement par manque de moyens. J’ai aussi été surpris de mon ignorance. Je ne connaissais pas du tout les musiques qui marchaient ici, j’écoutais la radio et je shazamais beaucoup. Ces rythmes techno, baile funk, kuduro… J’ai été marqué par les paysages, les ambiances, la bouffe, les gens… Je voulais donc filmer la musique mais aussi trouver rapidement un business model derrière. Il faut que ce soit viable, que les gens qui travaillent sur le projet soient rémunérés… Il y aussi peu d’artistes portugais qui s’exportent, il n’existe pas vraiment d’industrie de la musique… ce qui bloque les talents locaux qui ont tout pour marcher aussi à l’étranger. Quelques dj’s arrivent quand même à percer, comme Xinobi, Moullinex, les artiste du label Príncipe Discos… Des projets comme les chaînes YouTube Colors, Le Cercle, NPR Tiny Desk, qui ont des millions de vues sur YouTube, nous ont également beaucoup inspirés. Ce sont des chaînes parties de rien qui ont réussi à trouver leur public.
Catarina : Il me posait beaucoup de questions sur la musique portugaise, s’il existait une chaîne YouTube pour la promouvoir… il passait son temps sur Spotify à découvrir de nouvelles musiques… A l’époque, je n’avais pas forcément compris ce qu’il avait en tête. Il estimait qu’on était arrivé à un moment charnière car il commençait à y avoir beaucoup de musique portugaise de qualité.
Comment avez-vous convaincu les premiers artistes ?
Yoann : Surma était enchantée, super contente. Nous avions tourné un pilote avec un musicien français et puis nous avions avec nous notre expérience avec le projet Music on The Road pour montrer un peu notre univers. Mais je t’avoue que je n’avais pas forcément conscience de la portée que pouvait prendre le projet. Nous voulons aussi donner une image plus moderne du pays, d’un Portugal 2.0.
Catarina : Pour le moment, tous les artistes nous ont remercié et ont adoré l’idée. Et c’est incroyable de recevoir des compliments de tels artistes, qui font parfois tout de manière autonome, sans l’aide de personne, des artistes que j’apprécie par ailleurs beaucoup musicalement. Ça aide aussi à montrer que la musique portugaise, ce n’est pas que le fado, et ça peut permettre de mettre en lumière d’autres projets qui ont tout le potentiel pour s’exporter.
Vous travaillez seulement avec des artistes indépendants ou aussi avec des artistes appartenant à des labels majeurs ?
Catarina : Jusque-là plutôt avec des indépendants mais nous ne fermons la porte à aucun projet.
Quel type d’artiste correspond à votre projet ?
Yoann : Pour moi c’est la qualité musicale. Ce qu’il raconte, sa sensibilité, sa diversité. Ce qu’il représente, sans limites. Nous voulons aussi bien des artistes établis que des artistes émergents.
Catarina : C’est assez difficile à expliquer. Ça va être des artistes que j’écoute et je me dis : « ça c’est Soundscape », et je le fais écouter à Yoann pour qu’il me le confirme. Il n’y a pas vraiment « d’identité » en tant que tel. Car tous les artistes invités jusque-là sont très différents. En fait ce qui les unie, c’est qu’ils sont tous uniques, innovants, ils changent les styles, avec une esthétique unique, qui leur est propre.
Le Portugal est un petit pays, avec donc potentiellement moins d’artistes que des pays plus grands comme la France et où la musique est majoritairement produite à Lisbonne et Porto. Le vivier sera-t-il suffisamment grand pour votre projet et ne court-on pas le risque que la majorité des artistes viennent de Lisbonne et Porto ?
Catarina : C’est un petit pays, c’est vrai, mais on a une liste infinie d’artistes à inviter, parfois avec 500 followers sur Instagram, un seul single sorti, mais qui créent des contenus incroyables, des projets qui ont du style, qui sont cools, « que têm pinta ». C’est vrai que la majorité des artistes viennent de Lisbonne ou de Porto, mais même dans ces villes, il existe beaucoup d’endroits, de paysages magnifiques et méconnus. Il y a aussi beaucoup d’artistes qui sont à Lisbonne, mais qui n’y sont pas nés. Du coup, on leur propose aussi de tourner dans leur ville natale, si ça fait sens pour eux, ou dans un lieu qui leur tient à cœur. On a aussi une carte du Portugal avec pleins de lieux pré-identifiés. Et on essaye de la croiser avec les villes soufflées par les artistes.
Si vous deviez décrire en un mot les trois premiers artistes invités ?
Catarina : « Pinta ». J’aime trop ce mot très portugais. C’est un équivalent de « coolness » en anglais.
Quel est le rythme de publication des vidéos ?
Yoann : 3 épisodes par mois, 36 à l’année. Un clip vidéo la première semaine, puis une interview de l’artiste la semaine suivante.
Pouvez-vous nous donner les noms des prochains artistes invités ?
Catarina : Klin Klop, à Matosinhos, Fado Bicha, à Lisbonne (ndlr : le 28 Mai, à l’Espace 104, Paris) et DJ Nery.
Vous êtes actuellement en recherche de financement, vous avez lancé un crowdfunding… Quels sont vos soutiens pour le moment ?
Catarina : Pour l’instant, c’est financé par Why So Serious. On a lancé un crowdfunding tout récemment. On travaille également sur un partenariat avec Turismo de Portugal. On a un partenariat avec l’Institut Français, mais qui n’est pas financier pour le moment. On cherche à avoir également des financements de marques et d’entreprises.
Un dernier mot pour la communauté portugaise de France ?
Yoann : Merci à tous ceux qui vont nous aider dans ce projet, continuez de nous soutenir !
Catarina : Ce qui est assez fou, c’est qu’il y a parmi les lusodescendants des gens qui connaissent ces artistes, qui sont pourtant peu connus au Portugal. Ils ont vraiment envie d’aider à promouvoir la culture portugaise et changer aussi l’image que l’on peut avoir dans certains pays des Portugais. C’était très émouvant d’entendre ce discours. Alors continuez à nous aider, on a besoin de vous !
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Mickaël Cordeiro
Publié le 18/03/2022