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11 septembre 2025
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11 septembre 2025Sur la rive sud de Lisbonne, deux êtres que tout semble opposer vont peu à peu se rapprocher. José Viriato vit en marge : il survit en fouillant les poubelles et en récupérant des objets que d’autres considèrent comme inutiles. Là où le commun des mortels ne voit que déchets, lui perçoit une forme de beauté qu’il restaure et revend, partageant ainsi son regard singulier sur le monde. Sa voisine, Beatriz, quant à elle, vit recluse, entourée de cartons qu’elle ne parvient pas à ouvrir. Marquée par les rumeurs d’un possible drame amoureux passé, elle porte le surnom de « la tueuse » dans le quartier.
Tous deux sont isolés et jugés par leur environnement : lui pour sa vie au contact des ordures, elle pour un passé enveloppé de mystère. Leur point commun ? La conviction que la solitude est un choix, presque une forme de liberté, née de vies marquées par la dureté et la perte. Pourtant, leur rencontre change la donne. Un besoin d’aide rapproche Beatriz de José, et ce geste initial ouvre la voie à un dialogue régulier. De conversation en conversation, chacun découvre chez l’autre des failles, des blessures, mais aussi une capacité à comprendre ce que peu de gens peuvent entendre.
Au fil des pages, leur relation se transforme. Ce qui n’était qu’un échange ponctuel devient une véritable rencontre humaine. Ils s’aperçoivent que, malgré leurs certitudes initiales, vivre seul n’est pas un art que l’on maîtrise sans souffrance. Le récit explore avec finesse la manière dont l’écoute, la parole et l’entraide peuvent fissurer les murs que l’on érige autour de soi. Un chien, figure discrète mais symbolique, s’impose comme un fil rouge dans cette relation naissante, semblant guider les deux protagonistes vers une forme de rédemption et d’apaisement.
À travers cette histoire, Isabela Figueiredo aborde des thèmes universels : la solitude choisie ou subie, le deuil, l’acceptation de soi, la vieillesse, les retrouvailles et l’amour, qu’il soit humain ou animal. Elle questionne également notre rapport au consumérisme, à ce que nous rejetons – matériellement ou affectivement – et au regard que la société porte sur ceux qui vivent en marge.
Dans une écriture à la fois sensible et lucide, l’auteure tisse le portrait de deux êtres abîmés qui, en se rencontrant, redécouvrent qu’ils ont encore une place dans le monde. Un roman qui rappelle que, si la solitude peut sembler protectrice, la présence de l’autre reste un besoin profondément humain.
Inês Pinheiro Fonseca Pinto
Image: Chandeigne & Lima




