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Dès les premières minutes de la bande annonce le ton du film est annoncé. Très rapidement on comprend la lourdeur d’un dilemme constant. Le réalisateur, scénariste et plasticien brésilien Karim Aïnouz expulse le spectateur dans le passé. Avec cette adaptation du roman de Martha Batalha, nous sommes plongés dans les années cinquantes à Rio de Janeiro où la société patriarcale est plus imposante que jamais.
Ce sont les deux soeurs, Euridice et Guida, qui seront dans cette fiction les victimes des normes sociales de cette époque, écrasant et diminuant la femme. Ces deux jeunes femmes, toutes deux rêvant de l’émancipation, vont voir leur rêves se briser ainsi que leur lien familial. L’une rêvait d’une grande carrière de pianiste et l’autre rêvait du grand amour.
Mais à cause de leur père, ces deux soeurs vont devoir construire leur vie l’une sans l’autre. On dirait presque le thème d’une télénovela quelconque. Mais cela fonctionne. La passion, le mélodrame et l’intrigue est au rendez vous. Une tension reste présente du début jusqu’à la fin, aucune des deux ne compte renoncer à l’autre ni à leur liberté.
A cette époque, bien que ce ne soit pas encore complètement révolu aujourd’hui, la société brésilienne était une société fondamentalement patriarcale avec un catholicisme très présent. La femme devait suivre un parcours de vie bien tracé, être une gentille fille pour ensuite devenir mère, éduquer ses enfants en respectant le même schéma, vieillir sagement et mourir. Voici la place des femmes à l’époque, loin des arts et de la passion.
Ces deux jeunes femmes, Euridice et Guida, ne vont pas suivre le parcours traditionnel, elles vont assumer leur positions marginales, au détriment de leur relation avec leur père qui leur rendra la vie dure. Rêvant toutes deux de s’échapper de la domination de leur père elles vont commettre l’irréparable pour cette société des années cinquantes. Guida, l’aîné de la famille et la plus rebelle, veut du changement, elle suffoque et ne supporte plus sa vie. Etouffée par les normes, elle décide d’épouser du jour au lendemain un marin.
C’est à partir de ce moment là que les choses changent à tout jamais. Remettant en question les normes familiales, le père coupe les ponts définitivement et c’est à ce moment là que se produit la rupture non désirée entre les deux soeurs. Euridice, elle, veut s’inscrire au conservatoire à Vienne; plus sage, tout au long du film elle ne renoncera cependant jamais à ses rêves et à sa liberté.
Ce film est une réelle réflexion sur les mentalités des années cinquantes au Brésil et l’autorité masculine sur la femme. Le réalisateur Karim Aïnouz, avec cette fiction pouvant paraître légère soulève des sujets réels et lourds sur la condition de la femme en mettant en lumière ces deux soeurs vivant deux dilemmes complètement différents mais identiques à la fois.
Date de sortie : 11 décembre 2019
Présenté à la section “Un certain regard” du Festival de Cannes.
Raphaëla Verde – Cap Magellan 294°