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25 novembre 2022Florbela Espanca : poétesse du chagrin et de la volupté
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En vue de cette chronique, j’ai reçu simultanément les deux ouvrages des éditions l’Escampette mentionnés sur cette page.
Ma première idée a été de vous faire part, tout d’abord, du recueil Poésie lyrique de Luis Vaz de Camões : sans aucun doute un très beau cadeau de Noël à offrir à ceux qui souhaiteraient découvrir l’essence de la littérature portugaise sans se confronter à la complexité des Lusiades. Mais la lecture de Florbela Espanca – dont la poésie m’était inconnue – a rapidement bousculé mes plans… Florbela Espanca est née à Vila Viçosa le 8 décembre 1894. Elle s’est suicidée le 8 décembre 1930 à Matosinhos – bien que certaines personnalités, dont le réalisateur Vicente Alves do Ó qui a retranscrit la vie de celle-ci sur le grand écran sous les traits de Dalila Carmo, ne croient pas totalement à ce fait. Sa vie brève fut traversée de drames et d’amours déçus. Peu publiée de son vivant, elle est aujourd’hui considérée comme l’une des poétesses majeures de la littérature portugaise.
À la façon de Verlaine, Rimbaud ou Baudelaire, on pourrait qualifier Florbela Espanca de « poétesse maudite » tant ce recueil, qui comporte Le livre des chagrins, Soeur saudade, Bruyère en fleur et Reliquae, est empreint d’une mélancolie terrifiante et envoûtante à la fois. Car la poésie de cette autrice est le paradoxe incarné ; entre chagrin et volupté, Florbela Espanca pourrait être un personnage tout droit sorti d’une pièce d’Alfred de Musset après l’heure.
Elle confesse dans l’un des poèmes de Bruyère en fleur :
Je veux aimer,
aimer à corps perdu !
Aimer, seulement aimer :
ici, ailleurs…
Celui-ci, celui-là,
un autre et tout le monde.
Aimer ! Aimer !
Et puis n’aimer personne !
[…]
Et si un jour je suis
poussière, cendre et rien,
Que ma nuit devienne une aurore,
Que je sache me perdre
pour me trouver.
Le travail de Florbela Espanca ne fait partie d’aucun courant mais il est imprégné de son vécu, de ses déboires sentimentaux, des drames qui ont parsemé son existence. Luxure, chagrin, érotisme, souffrance et joie sont quelques-uns des qualificatifs donnés à son œuvre.
Ainsi, si vous souhaitez découvrir ce que les femmes ont fait de mieux dans la littérature lusophone, n’hésitez pas à lire et offrir Le livre des chagrins paru aux éditions l’Escampette avec une sublime préface du poète Al Berto (qu’il faut lire !). Émotions assurées !
Le livre des chagrins, Florbela Espanca,
réédition de la traduction de Claire Benedetti avec quatre nouveaux poèmes
traduit par Max de Carvalho, éditions l’Escampette, octobre 2022.
Marta Serra
Assistante éditoriale aux éditions Passiflore
capmag@capmagellan.org