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3 mai 2024Le lundi 15 avril dernier, Cap Magellan était à Science Po Paris pour l’avant-première du film documentaire La révolution des Oeillets. C’est un film signé Bruno Lorvão et Paul Le Grouyer, une production Cinétévé par Fabienne Servan Schreiber et Fatma Tarhouni, avec la participation du CNC, de la RTBF, de Asharq News Services, de AMC Network Spain et de France Télévisions. Il sera diffusé sur France 5 le 28 avril à 23h. Pour l’occasion, Bruno Lorvão nous a offert une interview exclusive.
Cap Magellan : Salut Bruno ! J’espère que tu vas bien. Nous nous sommes vus lundi 15 avril dernier à Science Po Paris pour l’avant-première de ton film documentaire La révolution des Oeillets. C’est une fierté de le présenter dans cet établissement ?
Bruno Lorvão : Il y a un côté prestigieux à Science Po, cela donne de la crédibilité scientifique au projet. Je t’avoue que mon vrai moment de bonheur a été l’heure que j’ai passé à Radio Alfa avec Didier Caramalho. J’ai pu parler au public cible du projet : les fils, les filles, les petits fils et les petites filles des Portugais de France. C’est avant tout pour eux que j’ai réalisé ce film.
Je vise bien sûr les Français, parce c’est une façon de partager l’histoire de notre pays et de sortir des clichés que l’on met sur notre communauté, mais aussi les franco-portugais, les lusodescendants, pour qu’ils en sachent plus sur leur pays. Le Portugal n’est pas seulement le pays des vacances.
Cap Magellan : Pourquoi l’avoir réalisé en duo avec Paul Le Grouyer ?
Bruno Lorvão : Pour être honnête, c’est lui qui apporte la crédibilité auprès des programmateurs des chaînes de télé, il permet de les rassurer au moment de présenter le projet. Paul a eu envie de réaliser ce film en grande partie parce qu’il venait d’en réaliser un sur le coup d’État de Pinochet qui a eu lieu moins d’un an avant le 25 avril. C’était la personne qu’il fallait pour donner le dernier coup de pouce au projet et qu’il soit accepté auprès de la chaîne.
Cap Magellan : Quel a été ton rôle au sein de ce duo ?
Bruno Lorvão : Mon travail a consisté à enraciner le projet dans sa réalité portugaise. Avec Margarida Ramalho, historienne, nous sommes allés chercher des témoignages portugais, de familles, de soldats, de personnes présentes le 25 avril, pour ancrer le projet dans la réalité des Portugais de 1974. Un film d’histoire peut évoquer seulement les faits sans forcément s’attarder sur la réalité des populations au moment des faits. Nous avons voulu enrichir l’Histoire de toutes ses histoires de Portugais, en mettant au même niveau les témoignages de personnages comme Salgueiro Maia, que ceux de familles, d’anonymes.
Cap Magellan : Pourquoi avoir demandé l’aide d’Yves Léonard ?
Bruno Lorvão : Son rôle a été de vérifier la réalité scientifique et historique du film. Cela permet de donner une crédibilité au film. Un film de 52 minutes est une synthèse permettant d’ouvrir le sujet. Ceux qui voudront en savoir plus pourront, à partir du film, dénouer le fil de l’histoire du 25 avril et du Portugal. Mon souhait est également de, peut-être, ouvrir les conversations et les témoignages au sein des familles franco-portugaises.
Cap Magellan : Combien de temps avez-vous travaillé sur ce projet ?
Bruno Lorvão : Le film a été commandé entre septembre et octobre 2023. Nous n’avons pas eu beaucoup de temps, nous n’avons pas eu le droit à l’erreur. Jusqu’à décembre, nous avons fait un important travail de recherches d’archives, pour savoir où nous souhaitions amener le film, puis il y a eu un travail de montage pendant trois mois, jusqu’à fin mars. C’est Paul, comme monteur, qui a tracé la route pour que le film soit monté à temps. Effectivement les délais ont été très courts.
Cap Magellan : Comment avez-vous procédé pour trouver toutes les archives du film ?
Bruno Lorvão : Nous nous reposons sur le savoir-faire des documentalistes. Au Portugal, c’est un travail mené par des historiens. Notre documentaliste française était Anahi Ubal Retamozo, qui a fait des recherches sur la France et l’international, et l’historienne portugaise Margarida Ramalho a également cherché sur des fonds personnels pour avoir également des témoignages.
Cap Magellan : Que ressentais-tu au fur et à mesure de la découverte des archives ?
Bruno Lorvão : Il y en a une qui me touche plus particulièrement, c’est celle de l’équipe belge qui suit les soldats au combat en Angola. Il y a deux morts : l’un meurt sur le coup lors d’une embuscade et l’autre meurt avant que n’arrive l’hélicoptère. Cette séquence représente entre 4 et 6 min d’un reportage de 30-40 min. Dans la séquence du combat, on entend le soldat agoniser, aller de moins en moins bien. On sait qu’il va mourir. Pendant le montage, nous sommes obligés de reprendre plusieurs fois les images, pour monter, retoucher, etc. C’était très douloureux pour Paul et moi de remonter le temps et de vivre l’agonie de cette personne.
Sinon, ce qui m’a le plus plu a été de découvrir les lettres des familles. C’est fort de rentrer dans l’intimité des gens.
Cap Magellan : Le film sera diffusé sur France 5 ce dimanche 28 avril à 23h. Il sera disponible en replay ?
Bruno Lorvão : Il va rester en replay sur Francetv un petit moment. Il a été diffusé en Belgique il y a dix jours, le 24 avril au Canada, le 25 avril sur Canal Historia au Portugal et en Espagne, il passe également en Finlande et au Moyen-Orient.
Cap Magellan : Quels sont tes projets futurs ?
Bruno Lorvão : Je suis dans la niche des documentaires sur l’histoire du Portugal, mais la question est de savoir si j’y reste ou non. J’ai trois pistes. L’une sur la guerre coloniale, mais sur sa partie cachée, à savoir comment les pays européens ont soutenu cette guerre durant la guerre froide. Dans la même idée, j’aimerais faire un focus sur la figure d’Amilcar Cabral. Il aurait été tué par les services de Spínola en Guinée-Bissau. Ma dernière idée est de faire un film sur les personnes venues vivre dans les bidonvilles de Champigny-sur-Marne pour qu’ils puissent s’adresser à leurs enfants.
Cap Magellan : Pour finir, ma question signature : est-ce que tu aurais un message pour les jeunes lusodescendants ?
Bruno Lorvão : Soyez Français et Portugais à la fois. Soyez ce que vous avez envie d’être. Allez au Portugal si vous en avez envie, sans vous laisser abattre par les préjugés des Portugais sur les Lusodescendants. Nous avons nos qualités et nos forces. Montrez également au Français que nous sommes plus que ce qu’ils pensent. Nous sommes plus que l’houloucouptère et les pasteis de nata. Les lusodescendants sont Français, donc assumez-vous comme tel. N’ayez pas peur de l’être et de le dire. Cela ne vous empêche pas pour autant d’être Portugais. Vous êtes nés ici, vous participez à la société, vous en êtes acteurs. Il faut que les gens vous acceptent dans cette différence qui fait votre force.
Cap Magellan : Merci Bruno ! J’espère que tout le monde sera devant France 5 le 28 avril à 23h.
Rendez-vous sur France 5 ce dimanche pour visualiser le film ou en replay sur Francetv.
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Interview réalisée par Julie Carvalho,
de Os Cadernos da Julie.
25/04/2024