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Une nouvelle association a récemment vu le jour à Paris : il s’agit de l’Union européenne des écrivains d’expression et de langue portugaise (l’UEELP). Créée par un groupe d’écrivains lusophones vivant hors de leur pays et visant à promouvoir la littérature lusophone en Europe.
L’UEELP veut aujourd’hui faire face aux difficultés d’affirmation de notre littérature sur les marchés du livre européens, traditionnellement plus sensibles aux langues anglaise et espagnole. L’objectif principal de l’UEELP est ainsi de donner une visibilité maximale aux œuvres littéraires lusophones. À l’occasion de la création de ce grand projet, l’association Cap Magellan est partie à la rencontre de la présidente de l’association, l’écrivaine et journaliste brésilienne publiée entre autres chez Le poisson volant, Mazé Torquato Chotil.
Auteur et journaliste née à Glória, Mazé Torquato Chotil a vécu à São Paulo et vit à Paris depuis 1985. Elle a publié des livres au Brésil dont “Nascentes vivas para os povos Guaran” ; “Kaowá e Terena” ; “No Crepúsculo da vida” ; “Maria d’Apparecida : negroluminosa voz” ; “Na rota de traficantes de obras de arte” ou encore “José Ibrahim: O líder da grande greve de 1968”. Elle a également publié des livres en France, des traductions, dont “Sources vivantes” et “Mon enfance dans le Mato Grosso”. Marta Serra, rédactrice pour l’association Cap Magellan, lui pose quelques questions :
Cap Magellan : Bonjour Mazé, vous êtes la Présidente de l’Union européenne des écrivains d’expression et de langue portugaise. Comment est née l’idée de cette association et quel est l’objectif de celle-ci ?
Mazé Torquato Chotil : Aujourd’hui, le portugais est la neuvième langue la plus parlée au monde. Alors, avec un groupe de quelques auteurs, ici à Paris, étant loin de notre pays, nous voulions pouvoir partager des moments, des rencontres dans notre langue. Que ce soit en France ou plus généralement en Europe, il faut que l’on puisse montrer ce que nous produisons au public du pays qui nous accueille. L’objectif, c’est finalement de porter la langue portugaise en présentant un livre ou un auteur lusophone aux lecteurs. Or, pour cela, c’est plus simple d’être une association, notamment pour pouvoir ouvrir les portes des ambassades et d’autres institutions susceptibles de nous soutenir.
Cap Magellan : Pouvez-vous nous citer quelques noms faisant d’ores et déjà parti de l’Union européenne des écrivains de langue portugaise ?
Mazé Torquato Chotil : Avant tout, pour faire partie de l’association, hormis le fait d’être issu d’un pays lusophone, il faut avoir écrit un livre, l’avoir publié et vivre en Europe. Nous sommes, actuellement, en train de recueillir des adhésions. Nous avons déjà invité de nombreux auteurs et autrices à nous rejoindre, mais nous travaillons avec un large panel de personnes de la chaîne du livre (traducteurs, auteurs, libraires, bibliothécaires, etc.). Parmi ceux qui ont déjà accepté notre invitation, il y a bien sûr Marco Guimarães, Dominique Stoenesco et Marcia Camargos qui composent le conseil d’administration. Mais on retrouve aussi Carla Bessa, une autrice brésilienne qui réside en Allemagne, Gabriela Ruivo Trindade, une autrice qui réside à Londres, Nuno Gomes Garcia. Il y a également un poète angolais que je voulais citer, puisque nous représentons la lusophonie et que, pour cela, tous les membres de cette communauté sont nécessaires : il s’agit de Carlos Monteiro Ferreira qui est de Luanda. Puis il y a encore d’autres personnes que vous allez découvrir.
Cap Magellan :: Il va y avoir un premier événement de l’association le 10 décembre, et par la suite, autour de quelles manifestations littéraires avez-vous prévu de faire connaître l’association ?
Mazé Torquato Chotil : Tout à fait oui, notre première rencontre avec le public se déroulera le 10 décembre, nous dévoilerons tous les détails prochainement. Concernant ce que nous avons prévu de faire ensuite, nous sommes encore en phase de préparation. Au mois de mars 2023, nous prévoyons éventuellement de nous déplacer à Lille dans le cadre d’une manifestation littéraire, par exemple. Nous avons beaucoup de projets, que ce soient des lectures au public, des rencontres avec les auteurs et/ou les traducteurs et pourquoi pas la production d’ouvrages. Nous pourrions peut-être un jour éditer une anthologie avec les auteurs faisant partie de l’association, qui sait ? Ce qui est vrai, c’est que nous avons l’envie de réaliser plein de choses, de faire des connexions entre les différents acteurs du livre. À termes, le but est de briser les frontières européennes pour porter la lusophonie dans tous les pays de l’Europe. Mais il faut beaucoup de temps et d’énergie pour faire tout cela. Heureusement, je suis maintenant à la retraite, mais j’ai quand même des livres qui sortent au Brésil et dont il faut que j’assure la promotion. J’ai également un autre ouvrage qui vient d’être traduit en France, chez les éditions Le Poisson volant, “Mon enfance dans le Mato Grosso”.
Cap Magellan : D’après vous, y a-t-il aujourd’hui en France une méconnaissance des auteurs lusophones classiques et/ou contemporains ?
Mazé Torquato Chotil : Je pense que dans les années soixante et soixante-dix avec la vague d’immigration de lusophones dans toutes l’Europe, et notamment en France, dû à la dictature (au Portugal et au Brésil), il y a eu un grand intérêt pour la littérature lusophone. En France, l’éditrice Anne-Marie Métailié, par exemple, a énormément contribué au développement de cette littérature. Maintenant, depuis le début des années deux mille, l’intérêt littéraire du public est parti ailleurs, vers d’autres horizons. On édite très peu de traductions de littérature de langue portugaise aujourd’hui en France. Pour vous donner une idée, je crois que ça représente cinq ou six pourcent des traductions. Par rapport à ce que représente l’anglais ou l’espagnol, c’est vraiment très peu. Certes, l’anglais est la première langue parlée au monde, mais il faut quand même de la diversité dans la littérature : il faut prendre du turc, du polonais, de l’arabe, etc.
Cap Magellan : Selon vous, la Saison France-Portugal qui a eu lieu cette année a-t-elle contribué à démocratiser un peu plus la littérature lusophone? A-t-elle influencé d’une quelconque manière la création de l’association ?
Mazé Torquato Chotil : Je ne dirais pas que cela nous a influencé mais évidemment que c’était une belle initiative de cette Saison France-Portugal. Cela a permis notamment, dans le domaine de la littérature, que des pays comme le Brésil ou le Portugal soient invités et mis à l’honneur dans les Salons du livre. La réalisation de temps forts comme celui-là sont absolument nécessaires pour que le public puisse aller à la rencontre de nos ouvrages, de notre littérature et qu’il en parle. Par exemple, l’UNESCO a aussi mis en place la Journée de la langue portugaise, ce qui est très important pour faire parler de nous. Dans la lusophonie, il y a beaucoup d’auteurs avec énormément de talent qui ne demandent qu’à gagner en visibilité et à donner de la visibilité à notre langue. Nous avons tout intérêt à nous unir et travailler tous ensemble pour ce même objectif. Dans cette aventure, nous espérons que les institutions vont nous suivre aussi !
Cap Magellan : En réunissant les acteurs de la littérature pour diffuser l’expression lusophone, quel public souhaitez-vous toucher aujourd’hui ?
Mazé Torquato Chotil : Je pense que nous avons envie d’aller toucher tous les publics avec nos projets. Que ce soit un public de lecteurs français, allemand ou anglais. Nous avons énormément de matière dans tous les genres littéraires pour pouvoir gagner des lecteurs très divers. Dans le projet, nous sommes en contact avec des écrivains de littérature jeunesse, des romanciers, des poètes, des auteurs qui viennent du Portugal, du Brésil, du Mozambique, de l’Angola, etc. Il s’agit, avant tout, de parvenir à faire des connexions et de travailler tous ensemble pour le développement et la diffusion de notre langue.
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Marta Serra
Assistante éditoriale aux éditions Passiflore
capmag@capmagellan.org