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12 mai 2021Musicien hors pair, flûtiste (bambou) et saxophoniste, Rão Kyao est une figure emblématique de la scène musicale portugaise, ayant joué partout dans le monde. À l’occasion de la sortie de son nouvel album en hommage à Gandhi, Cap Magellan s’est entretenue avec le célèbre musicien.
CP: Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Rão Kyao: Je suis connu sous le nom de Rão Kyao. Je suis musicien portugais et je joue notamment du saxophone et de la flûte de bambou. Le 14 mai sort mon album Gandhi qui découle d’un défi lancé par l’Inde pour commémorer les 150 ans de cette figure historique qu’est Gandhi.
CP: Quelle est la signification de votre nom de scène Rão Kyao ?
RK: C’est très simple :rires:, mon prénom est João. Mon frère, qui est trois ans plus âgé que moi, avait du mal à prononcer mon prénom quand nous étions petits et m’appelait “Rão”. J’ai donc très rapidement adopté ce petit surnom. En ce qui concerne Kyao, cela remonte aux années 70 lorsque j’étais à Paris. J’ai rencontré beaucoup de monde dont une chanteuse qui m’a surnommé “Kyao”. La combinaison des deux sonnait tellement bien que j’en ai fait mon nom d’artiste.
CP: D’où vous vient cette passion pour la musique et surtout pour la flûte de bambou, instrument peu commun en Europe ?
RK: Tout a commencé suite au visionnage d’un vieux film portugais des années 30 ou 40. Dans une des scènes, les deux acteurs principaux s’en vont faire une balade et aperçoivent un berger, assis sur un rocher, qui joue de la flûte de bambou. À ce moment-là, je me suis tout de suite fasciné pour cet instrument. C’est un simple morceau de bambou dans lequel on y fait des trous et avec lequel, on peut créer de la musique. Finalement, on personnifie la nature à travers la musique qui en ressort et on ne fait plus qu’un avec celle-ci. C’est cette connexion qui m’a le plus fascinée.
CP: Ce projet est-il, en quelque sorte, un retour à vos racines musicales ?
RK: Il y a deux choses qui ressortent de ce projet. D’une part, j’ai depuis toujours envisagé ma musique comme celle d’un portugais en Inde et ai voulu montrer qu’il y a une connexion entre l’Inde et le Portugal, notamment dans la musique Goesa. Ce lien à quelque chose de fascinant.
D’autre part, ce projet met en avant une figure de l’histoire importante pour moi. C’est pourquoi l’album se nomme “Gandhi” et que le sous-titre est “un portugais rend hommage à Gandhi”. Il y a cette influence d’un portugais avec l’Inde, mais aussi cette volonté de montrer l’universalité de cet homme, comme figure unique dans l’histoire du monde. Sa philosophie et sa spiritualité sont également des choses qui me fascinent et c’est d’ailleurs, ces deux choses qui m’ont donné envie d’enregistrer le disque.
CP: A l’origine cet album répond à une demande de la part de l’Inde à 120 pays pour rendre hommage à Gandhi. Si ce projet n’avait pas eu lieu est-ce que cet album aurait vu le jour ?
RK: :rires: Alors c’est une question difficile parce que ma fascination pour Gandhi est réelle, et ce, depuis toujours. Je recommande d’ailleurs à tous les amateurs de film de regarder celui avec Ben Kingsley qui raconte la vie de Gandhi, c’est un film extraordinaire. Pour commémorer les 150 ans de la naissance de Gandhi, l’Inde a fait une proposition à un peu plus de 120 pays, afin de trouver un musicien qui serait capable de faire un arrangement d’une musique que Gandhi écoutait beaucoup «Vaishnav Jan To Tene Kahiye Je». Cette musique qu’il affectionnait beaucoup est un message spirituel d’un poète musicien du 15e siècle. Quand j’ai appris ça, j’ai tout de suite décidé d’adopter le point de vue d’un portugais, comme je le fais dans ma musique en général. Pour cela j’ai gardé les caractéristiques principales de la musique originale et j’ai agrémenté le tout d’une touche de sonorité portugaise. Ça a beaucoup plu et c’est pour ça, je pense, que le premier ministre indien a mentionné mon arrangement sur les réseaux sociaux. Suite à tout cet engouement, je me suis dit pourquoi pas continuer sur cette lancée en rendant hommage à la philosophie et à la figure qu’est Gandhi à travers un album entier. J’ai revu le film, j’ai écouté plein de documentaires, j’ai beaucoup lu et une fois imprégné de tout ça l’hommage à Gandhi est né.
CP: En ce moment, il y a un sujet qui fait débat, celui de l’appropriation culturelle. Est-ce qu’on vous a déjà critiqué par rapport à cela ? Ou au contraire est-ce que le fait que vous vous intéressiez à une autre culture a toujours été très bien reçu ?
RK: Il n’y a aucun doute qu’un musicien se forme d’après tout ce qu’il écoute dans le monde. Pour créer il se base sur ses voyages, ses expériences et tout ce qui le touche au plus profond de son être. La musique, c’est une manière de faire passer un message, mais c’est surtout un moyen de montrer sa propre interprétation du monde. C’est quelque chose qui se passe depuis toujours, c’est une des merveilles du monde. Mais attention, être influencé c’est une chose, l’imitation en est une autre. Je n’ai jamais cherché à imiter, j’essaie de jouer avec les influences que j’aime et que je possède en moi. Quand je suis parti étudier en Inde avec un maître pendant quelques années, il était fasciné et très ouvert à l’idée qu’un portugais s’intéresse à sa musique. Je pense que la réaction serait la même de notre côté.
CP: Avez-vous déjà composé ou pensé à composer des musiques pour des films?
RK: On m’a déjà contacté pour faire des musiques de film, mais pas souvent car les réalisateurs se tournent plus vers des orchestres qui sont spécialisés dans ce domaine ou du moins qui font ça régulièrement. Ce serait un grand défi que j’aimerais bien relever. Peut-être un jour qui sait…
Nous tenions à remercier Rão Kyao pour sa disponibilité et sa gentillesse. Un grand merci à Marie Jo sans qui cette interview n’aurait pas eu lieu.
Vous pouvez précommander l’album dès à présent ici : https://www.fnac.com/a15912332/Rao-Kyao-Gandhi-CD-album
Claire Pimenta