À conversa : Pedro Alves et le projet Carte Postale du Portugal
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27 août 2019Le 30 août 1999, il y a déjà 20 ans, a eu lieu un référendum historique pour Timor Leste / Oriental : le référendum d’autodétermination. Ce référendum a été organisé sous l’impulsion de … l’Indonésie et non du Portugal! Retour sur l’histoire mouvementée de ce pays d’Asie du Sud-Est de ces dernières années.
Tout a commencé dans les années 60 lorsque l’ONU demande au Portugal d’organiser un scrutin d’autodétermination pour sa colonie de Timor Leste. Sauf que c’est le régime salazariste qui est en place à cette époque, pour eux les colonies sont une partie intégrante du territoire et il est inimaginable de s’en séparer. Le Portugal refuse donc catégoriquement cette demande de l’ONU. Cependant après la Révolution du 25 avril 1974 et donc la fin du régime salazariste, les nouveaux politiques lancent le processus de décolonisation pour toutes les colonies. Timor Leste n’attend pas la fin des négociations puisque dès le 28 novembre 1975, la colonie proclame unilatéralement son indépendance et accède ainsi à son autonomie.
C’est après cet événement que l’Indonésie s’introduit dans les affaires du Timor Leste. Sous prétexte de représenter une menace, l’Indonésie dirigée par Suharto, envahit le Timor et la proclame comme sa 27ème province. Le Timor ne se laisse pas faire et organise sa résistance. S’ensuit une guerre entre ces deux pays qui provoquera la disparition de 200 à 250 000 Timorais, soit presque un tiers de la population totale. Ces importants chiffres sont également dues aux nombreux massacres de masses, parfois de villages entiers, commis par l’armée indonésienne.
Sous la gérance de l’Indonésie, tous les portugais et par extension les personnes blanches vivant au Timor ont été invités à partir sous peine de représailles. Seul les métisses se proclamant anti-portugais, en plus des locaux, avait l’autorisation de rester, à condition de ne pas être opposé à l’Indonésie. Cette situation de guerre dura presque 15 ans jusqu’à ce que Suharto quitte le pouvoir en 1998. Son successeur, Habibie, permit alors l’organisation d’un scrutin d’autodétermination. Il a eu lieu le 30 août 1999 et a amené 90% de la population aux urnes. Les Timorais devaient voter soit pour l’intégration définitive à l’Indonésie avec une certaine autonomie politique soit accéder à l’indépendance. Sans surprise, les Timorais ont voté à 78,5% en faveur de l’indépendance.
De quoi apporter du calme au Timor Leste? Pas du tout. Suite à ce résultat, les milices pro-indonésiennes ont fait exiler ou assassiner les hauts-placés pour exprimer leur mécontentement lié au résultat du vote. Avec l’émergence des médias de masse, cette crise est rapidement parvenue aux oreilles du monde entier et de nombreuses manifestations se sont déroulées au Portugal, aux ambassades et même au siège de l’ONU. Cela a amené l’intervention des casques bleus à partir du 18 septembre 1999. D’abord 2 500, ils sont rapidement passés à 8 000 afin de sécuriser le territoire et désarmer les milices. L’opération a permis de placer le Timor sous l’égide des Nations-Unies avant qu’il ne reprenne sa souveraineté. C’est ainsi que le 20 mai 2002 est entré en vigueur la Constitution et officialise – enfin – l’indépendance de Timor Leste, 27 ans après que le Portugal se soit retiré des affaires du pays. Un long parcours pour une indépendance bien méritée !
Aujourd’hui les relations entre les deux pays se sont considérablement améliorées ce qui permet au Timor de pouvoir se développer et s’installer dans le paysage politique. Et pourquoi ne pas rêver d’un avenir radieux pour ce jeune pays membre de la CPLP (Communauté des Pays de Langues Portugaises) ?
Victor Soares
capmag@capmagellan.org