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3 février 2022En ce mois de février marqué par l’ouverture de la Saison Portugal-France, il semblait essentiel de rappeler les correspondances culturelles entre ces deux pays qui se sont depuis bien longtemps inspirés l’un de l’autre. Pour cela, comment ne pas évoquer la plus grande ambassadrice de la culture lusophone -avec un grand C-, celle dont on aurait fêté les cent ans en 2022 : Agustina Bessa Luís, Prix Luis de Camoes en 2004. Son livre Vale Abraão, paru pour la première fois en 1991, est l’un des meilleurs exemples de l’intertextualité franco-portugaise.
Ema, pour s’évader de son mariage monotone, se réfugie dans la poésie et le romantisme. Ses amours successifs ne voilent pas sa désillusion progressive de la vie et la conduisent à la mort.
Ça vous rappelle quelque chose ? Vous avez vu juste ! Vale Abraão, de Agustina Bessa Luís, est l’une des nombreuses adaptations de l’œuvre phare de Gustave Flaubert, Madame Bovary. Enfin, pas directement…
Pour parler de cette histoire, je dois d’abord vous parler de SON histoire ! En effet, Manoel de Oliveira, réalisateur portugais récompensé plusieurs fois lors du festival de Cannes, entreprend à la fin des années 80 de mettre à l’écran le si fameux roman de Gustave Flaubert. Une requête qu’il se voit refuser par son producteur qui, encore marqué à vif par le film de Chabrol, craint que le film ne soit inhibé par celui-ci. Loin de se laisser abattre, De Oliveira fait alors appel à son amie Agustina Bessa-Luís et lui commande le livre Vale Abraão, dont il tirera son scénario : une Madame Bovary transposée dans un Portugal de la seconde moitié du XXe siècle, au centre de la région du Douro.
Si Emma Bovary y devient Ema Paiva, la « bovarinha » portugaise -incarnée merveilleusement bien par l’actrice Leonor Silveira dans la caméra de Manoel de Oliveira-, jamais ce personnage n’avait été montré avec tant d’ingénuité, d’insolence et de sensualité. C’est dans la touche féminine qu’apporte l’écrivaine portugaise que réside toute l’originalité de cette transposition.
Pensé pour être adapté au cinéma dès sa sortie, le texte d’Agustina Bessa Luís est bucolique, poétique et hypnotisant. Les paysages dignes d’un tableau de Monet et les dialogues, largement inspirés du cinéma de la Nouvelle Vague sont un hommage à la culture française. Une déclaration d’amour entre deux pays dont on fête toute cette année l’amitié.
« L’œuvre de Agustina Bessa-Luís traduit la création d’un univers romanesque d’une richesse incomparable qui est servi par la qualité exceptionnelle de sa prose, contribuant ainsi à l’enrichissement du patrimoine littéraire et culturel de la langue commune »
Marta Serra
Étudiante à l’Université Bordeaux Montaigne
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Article issu du CAPMag de Février, disponible au téléchargement
Publié le 03/02/2022