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12 mai 2025A l’occasion de l’inauguration de l’exposition Cesaria Evora, portraits d’une icône, Cap Magellan a pu s’entretenir avec Emilie Silva présidente de l’association Les Arts Voyagent. Avec la ville de Paris, ils mettent à l’honneur la célèbre chanteuse internationale capverdienne et retracent sa vie ainsi que sa carrière.
Cap Magellan : Bonjour Emilie, j’espère que vous allez bien. Vous êtes présidente de l’association Les Arts Voyagent que vous avez fondée en 2023. Quel est le but de cette association ?
Emilie Silva : Cette association a été créée en 2023, elle vise à promouvoir les arts dans toutes leurs formes, et notamment l’art musical avec sa première artiste, Césaria Evora, une artiste capverdienne, à l’occasion du cinquantième anniversaire
de l’indépendance du Cap-Vert. Avant tout, il s’agit d’une démarche éducative, de mémoire, d’envie de redécouvrir un artiste et permettre au public d’avoir une nouvelle connaissance de celui-ci et, ainsi, provoquer une nouvelle rencontre.
Elle vise aussi à tisser des liens avec d’autres cultures. Nous avons pour vocation de promouvoir des artistes notamment, mais pas exclusivement, du continent africain. Nous souhaitons avec l’Europe et avec la France, collaborer sur des expositions avec des institutions, des collectivités territoriales : en bref, promouvoir un artiste d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
CM : Depuis le 28 avril et jusqu’au 9 juin prochain a lieu une exposition en hommage à Césaria Evora sur les berges de la Seine. Pourquoi est-ce que c’est si important de consacrer cette exposition à Césaria Evora ?
Emilie Silva : Vous savez, je suis née en 1992 et quand j’étais plus jeune, Césaria était déjà très connue au Cap-Vert et commençait à être connue en France. Mes parents l’écoutaient beaucoup. Je suis née en France et elle représente un lien avec ma culture capverdienne, avec le lien tissé entre le Cap-Vert et la France.
Nous avons voulu faire une exposition autour de cette femme parce qu’elle a tant représenté, elle a tant donné pour le Cap-Vert et ce n’est pas illusoire de dire qu’elle en a été l’ambassadrice. Cesaria porte en elle une histoire singulière, une voix profonde, une âme généreuse. C’est elle qui a fait rayonner notre petit pays bien au-delà des frontières. Quand j’étais plus jeune, les gens me disaient : « Tu viens du Cap-Vert ? Je connais Césaria Evora ! ». Personne ne connaissait le nom du président, mais ils connaissaient Césaria Evora dans le monde, parce qu’elle était la figure du Cap-Vert. Combien y a-t-il d’artistes qui représentent un État ? Très peu.
Elle a pu, grâce à son aura, sa voix et sa simplicité, transporter le Cap-Vert ailleurs et permettre aux gens de la connaître. Il s’agit d’une des raisons pour lesquelles nous souhaitions faire cette exposition et nous avons eu la merveilleuse chance de le faire aujourd’hui avec la ville de Paris, qui est une fenêtre incroyable pour faire connaître de nouveau Césaria Evora. Sur les berges de Seine, nous ne pouvions pas rêver mieux. Avec les berges, il y a aussi cette connotation et cette signification très poétique de Césaria. Elle a beaucoup chanté la mer et le fait d’être sur les berges, près de la Seine, avec cette eau qui ruisselle autour de son exposition, a une dimension très poétique. Je suis vraiment très contente de ça.
CM : Combien de temps de travail vous a demandé cette exposition ?
Emilie Silva : Je dirais que quand nous avons contacté la ville de Paris, nous avions déjà beaucoup d’idées pour l’exposition, parce que nous avions envie de rendre un grand hommage à Césaria Evora, mais qui n’était pas seulement axé autour de la photographie. Quand la ville de Paris nous a proposé de faire une exposition photographique, nous avions déjà une idée du fil directeur. Évidemment, cela a représenté beaucoup de travail, de recherches curatoriales, des choix d’images, de photos, de contact des photographes. C’est un travail sur de longs mois mais qui a été fait avec beaucoup de plaisir. Je suis avocate au barreau de Paris et de Lisbonne et ce n’est pas ma profession de créer des expositions. Avec Césaria Evora, j’ai réussi à créer cette exposition et à développer ces compétences. Je l’ai fait parce qu’elle m’a portée. Sa personne, son aura, tout ce qu’elle représentait m’a porté. Grâce à cela, nous avons réussi à créer cette exposition.
CM : Pourquoi devrait-on venir voir cette exposition ?
Emilie Silva : Pour plein de raisons. D’abord, cette exposition comprend des photos absolument magnifiques des années 1990, du début des années 2000. C’est précieux, nous sommes en 2025, il s’agit d’un devoir de mémoire pour Césaria Evora, pour la culture musicale et pour le Cap-Vert.
Ensuite, il y a des liens indéfectibles avec la ville de Paris. Ce partenariat avec la ville de Paris fait sens puisque Césaria Evora a été connue internationalement à partir de Paris. Quand José da Silva l’a rencontrée en 1987 à Lisbonne, il l’a fait venir en France et lui a demandé de lui faire confiance. Il a tapé aux portes des grandes institutions, comme le Théâtre de la Ville. A ce moment-là, les musiques « du monde » étaient évidemment connues mais beaucoup d’hommes chantaient à cette époque. Césaria Evora était l’une des premières femmes africaines à chanter en étant elle-même, en étant profondément imprégnée de la culture et de l’histoire capverdienne.
C’est ce qu’il faut découvrir à l’exposition, outre les aspects historiques du Cap-Vert. Le déracinement lié à la chanson Sodade, avec l’exportation des milliers de Capverdiens à São Tomé-et-Principe et en Angola, des Capverdiens obligés de partir pour un aller sans retour. C’est tout ceci que Césaria chantait et c’est ce que vous pouvez découvrir lors de l’exposition.
CM : Quels sont les projets à venir pour l’association Les Arts Voyagent ?
Emilie Silva : Des projets avec Césaria Evora : il s’agira de faire voyager un peu plus la culture capverdienne, la culture musicale capverdienne. Nous avons pour ambition de réaliser une grande exposition sur les musiques du Cap-Vert, en partenariat avec l’ambassade du Cap-Vert en France, qui a accepté de porter le projet avec nous à l’UNESCO. Nous sommes heureux d’avoir une exposition de grandeur internationale à l’UNESCO parce qu’il ne faut pas oublier que la Morna a été inscrite en 2019 au patrimoine immatériel mondial de l’UNESCO. Les musiques et la culture capverdiennes sont à célébrer.
Notre projet à plus long terme est de célébrer encore les artistes d’hier, d’aujourd’hui et de demain que nous chérissons. J’ai déjà quelques noms que j’ai hâte de partager au public. Nous allons continuer à faire vivre les Arts Voyagent et à faire vivre les artistes intemporels.
CM : Pour finir, ma question signature : est-ce que vous auriez un message pour les jeunes lusodescendants ?
Emilie Silva : Je vais m’adresser aux lusodescendants de France, parce qu’ils ont une culture qui est riche d’une dichotomie entre la France et le Portugal, l’Angola, São Tomé-et-Principe, le Mozambique ou le Cap-Vert. Il ne faut jamais oublier d’où nous venons. Cette double culture est une richesse énorme de par ce que nous apprenons, par nos parents, l’école ou à l’âge adulte. J’ai été nourrie un peu de tout ça dans toutes les étapes de cette vie.
Je leur dirais de rester éveillés, curieux et proches de cette double culture comme une richesse, une quête, une envie d’apprendre et simplement de rester éveillé et fort de cette double appartenance des cultures, parce que c’est extrêmement important.
CM : Merci Emilie ! Nous invitons tout le monde à s’arrêter pour voir cette belle exposition sur Cesaria Evora.
L’exposition est disponible jusqu’au 9 juin 2025 alors rendez-vous sur le site de la Ville de Paris pour en savoir plus et connaître l’endroit exact de l’exposition.
Nous vous invitons également à suivre l’association Les Arts Voyagent sur leurs réseaux sociaux : site, Instagram, Facebook, LinkedIn.
Interview réalisée par Camille Vaz Folia,
et Julie Carvalho, de Os Cadernos da Julie.
Publié le 12/05/2025.